Dans La logique question en quête de la pleine essence du langage (1934) Heidegger légitime l’emploi du terme Rasse (race) :
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Ce que nous appelons « race » (Rasse) entretient une relation avec ce qui lie entre eux les membres du peuple – conformément à leur origine – par le corps et par le sang.
(Was wir « Rassen » nennen, hat einen Bezug auf den leiblichen, blutmässigen Zusammenhang der Volksglieder, ihrer Geschlechter. (GA 38 page 65).
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Le point de problématisation, en GA 38, ne consiste qu’à montrer la polysémie du terme Rasse. Mais, précisément, c’est ce qui rapproche Rasse de Volk, de peuple. « Souvent, dit Heidegger, nous utilisons le mot « peuple » aussi au sens de « race » (par exemple dans l’expression « mouvement völkisch) ». Notons que, ici, le « nous » de Heidegger signifie son identification à la communauté précisément völkisch allemande.
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Dans Heidegger, l’introduction du nazisme dans la philosophie, Emmanuel Faye note par ailleurs que Heidegger utilise souvent des termes équivalents à Rasse comme Geschlecht (espèce…), Stamm (souche…), Sippe (clan…).
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Heidegger évitait surtout d’utiliser précisément le terme de Rasse, le terme lui-même n’étant pas « völkisch » et renvoyant à la « biologie libérale » et non « allemande ».
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Heidegger a validé également l’expression de Blut und Boden : « Blut und Boden sind zwar mächtig und notwendig », « sang » et « sol » sont des termes puissants et nécessaires.
* Dans l’article Racisme du Dictionnaire Heidegger Hadrien France-Lanord fait de Heidegger un champ de l’opposition au racisme. Dans la deuxième édition du Dictionnaire il a ajouté un article « antisémitisme » où il dénonce l’absence de pensée de Heidegger à propos de sa reprise de clichés antisémites. Dans un prochain article « racisme » nous tacherons de voir un peu plus clair dans l’eau trouble heideggérienne.
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Photographie d’une réunion nazie placée sous le signe du « Blubo », Blut und Boden>
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