Petit contre-dictionnaire Heidegger : HOMME A VENIR (künftige Mensch) – Homme nouveau

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Il ne manque même pas à l’heideggerianisme – à l’heideggero-hitlérisme – au moins l’esquisse d’une théorie d’un « homme nouveau ». Telle est l’Ereignis comme événement (comme avénement) ; comme « avenance » (François Fédier).

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Soyons plus exact : il ne s’agit aucunement, en réalité, d’un homme « nouveau » au sens d’une dramatisation révolutionnaire d’une modernité ou d’une nouveauté anthropologique. Mais s’il ne s’agit pas d’un homme « nouveau » il s’agit bien, cependant, d’un « homme à venir ». Cet homme à venir serait précisément censé être exempt d’une fascination pour le « nouveau ». Pour le moins cette notion règle la « méditation » de Heidegger dans les Contributions à la philosophie. Cet homme à venir serait un homme absolument post-démocratique. Il serait allemand car seuls les allemands parlent la langue de l’être. C’est ce qui est supposé conférer leur légitimité aux violences spécifiques exercées par l’Etat hitlérien. Ces violences sont celles d’un nouvel esclavagisme et d’une politique raciste et génocidaire.

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Satisfaisons-nous pour le moment de cette occurrence de l’expression. Elle se trouve page 340 des Contributions : « Etre le là dans l’acception de l’autre commencement, voilà qui reste encore pour nous tout à fait dépaysant, sur quoi nous ne pouvons jamais tomber à l’improviste, que nous n’atteignons jamais qu’en nous y lançant d’un saut – celui qui a pour dessein de fondamenter l’ouverteté de ce qui se met à couvert, autrement dit l’allégie de l’être, où l’homme à venir doit s’établir pour la tenir et maintenir ouverte ».

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Grâce aux premiers succès du IIIe Reich et notamment ceux remportés en Espagne contre la République espagnole l’époque est de transition. C’est l’époque d’un « nouveau commencement ». Une ouverture a lieu dans laquelle « l’homme à venir doit s’établir pour la tenir et maintenir ouverte ». Cela ira jusqu’à la construction d’Auschwitz et la mise en œuvre de la solution finale à l’égard des juifs d’Europe. Et cela prend son essor, semble-t-il, à l’époque des Contributions et de Guernica.

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Voici le texte correspond de la Gesamtausgabe : « Das Dasein im Sinne des anderen Anfangs ist das uns noch ganz Befremdliche, das wir nie vorfinden, das wir allein erspringen im Einsprung in die Gründung der Offenheit des Sichverbergenden, jener Lichtung des Seyns, in die der künftige Mensch sich stellen muß, um sie offen zu halten ». (GA 65 § 173).

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C’est l’expression « künftige Mensch » qui est traduite par « homme à venir ». La distance est bien mince avec «l’homme futur » voire avec « l’homme nouveau ». Mais il faut précisément que l’homme à venir heideggero-hitlérien barre la route à l’homme nouveau des expériences révolutionnaires issues, souvent pour le corrompre ou le trahir, du projet démocratique.

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L’homme à venir heideggerien, hitléro-heideggerien, est l’homme libéré – se libérant –  par la violence exterminatrice de la « machination juive ».

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