Petit contre-dictionnaire Heidegger – LA QUESTION DE L’ETRE = ESTAMPILLE DE LA « RACE ALLEMANDE »

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Il faudra un jour que la réception académique de Heidegger, et quand bien même elle s’est faite au nom d’un anti-académisme intellectuel, s’explique sur l’art avec lequel elle a si brillamment et si soigneusement construit une figure négationniste de Heidegger.
Aujourd’hui encore, et la situation est appelée à perdurer, le lecteur non averti est incité à poser pour son compte la « question de l’être ». C’est la marque de fabrique du grand penseur, son innovation bouleversante et « intempestive ». L’académie se fait l’écho de ce que cette question est, chez Heidegger, directrice de la philosophie.

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Il n’est pourtant pas si difficile de montrer que cette question, si on sait l’entendre dans le contexte heideggerien, fonctionne comme l’estampille de la « race allemande » en tant que race supérieure et fondée à exercer une domination incluant esclavagisme et extermination.

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Le soupçon qu’il en est bien ainsi affleure néanmoins. D’un côté on fait état de la « question de l’être », de sa gravité, de son originalité ; de l’autre on reproche à Heidegger un certain nationalisme et une certaine xénophobie. Les allemands, par exemple, parlent la seule langue vivante de l’être (après le grec des penseurs). Les français ont besoin de l’allemand pour penser !

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La virtuosité de Heidegger a précisément consisté à produire, en vue de la refondation de l’Université allemande, une marque spirituellement équivalente aux « arguments » avancés par les nazis en faveur de la supériorité de la race allemande, de son « aryanité ». Le « sang bleu » des allemands, pour Heidegger, est qu’ils sont les plus aptes, notamment par leur langue, à comprendre la « question de l’être » et à y répondre. Dans Etre et Temps il s’était engagé à donner une réponse. Elle ne vint pas dit-on parfois. Et l’on parle ainsi d’une sorte d’échec d’Etre et Temps et cela quand bien même l’ouvrage ouvrirait des perspectives neuves. Mais ce n’est qu’un échec dans l’espace « mou » de l’académie. Heidegger a au contraire élaboré un système effectif de réponses. Même la défaite de 1945, qui a porté un rude coup à l’utopie d’un Reich millénaire, n’a pu détruire totalement les « réponses » heideggeriennes. Et pour cause : elles comprennent l’extermination de « l’ennemi intérieur enté sur les racines du peuple » (Heidegger en 1934). Les réponses heideggériennes, il faudrait au reste dire « heideggéro-hitlériennes », brillent encore au firmament de l’univers nazi. Auschwitz est une de ces réponses.

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De façon encore plus serrée l’ « être comme question », et comme question directrice de la pensée et de la philosophie, a pour antonyme cette sorte de « réponse du néant » qu’est la machination juive. Selon la vision du monde heideggérienne si l’Allemagne est menacée dans son existence la plus haute, et Heidegger a repris à son compte la description que fait Hitler dans Mein Kampf du complot juif contre l’Allemagne, c’est que le monde est sous l’emprise du nihilisme juif. La « question de l’être » est ainsi inséparablement la « question juive ». Heidegger a toujours cru, en hitlérien, qu’une des meilleures réponses à la « question de l’être » était l’extermination du « peuple du néant ».

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La signification de l’Introduction à la métaphysique serait donc celle-ci : « Il y a de l’être et non pas plutôt rien » parce que le peuple allemand, sous la direction du Führer, a su détruire presque la totalité des juifs d’Europe.

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Il y a aussi des réponses chez Heidegger !

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Emmanuel Faye : « … La question de l’être et la question politique du destin du peuple allemand ne font qu’un. De quoi s’agit-il en effet ? De « prendre connaissance de la situation politique actuelle du peuple allemand », en affirmant que si « la philosophie est le combat questionnant et incessant pour l’essence et l’être de l’étant », « ce questionnement est en soi historique, c’est-à-dire qu’il est ce qu’un peuple – au nom de la dureté et de la clarté de son destin – exige, ce pourquoi il se dispute et ce qu’il vénère ». (GA 36/37, page 12). (Emmanuel Faye, L’introduction du nazisme dans la philosophie, Albin Michel, 2005, page 149).

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Texte allemand de la GA :
1. Philosophie ist der unausgesetzte fragende Kampf um das Wesen und Sein des Seienden.
2. Dieses Fragen ist in sich geschichtlich, d.h. es ist das Fordern, Hadern und Verehren eines Volkes um der Härte und Klarheit seines Schicksals willen.

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