A la maison Heinrich Heine s’est tenue le 27 mai 2014 une table ronde sur le thème Heidegger, la race et la communauté.
> Un enregistrement de cette table ronde est accessible sur Youtube : https://www.youtube.com/watch?v=j81LJdW3eJ4
Dans cet extrait François Rastier, directeur de recherche au CNRS, met en perspective la « différence ontologique ».
On a vu que la langue allemande était victime, on a vu que les victimes de l’extermination étaient victimes aussi, mais il y a aussi la victime qu’est la philosophie dans cette affaire. Il faudrait voir en détail ce qu’il advient de l’ontologie précisément.
Il [Heidegger] part de la division entre l’être et les étants, qui est classique depuis Platon ; qui est banale en scholastique… Suarez et autres… tout le monde travaille là-dessus… sur l’opposition être/étant. Ce n’est pas du tout entre les êtres et les étants. Pour lui les étants n’existent pas sans rapport à l’être. C’est déjà un problème. Il y a des étants qui n’ont jamais rapport à l’être; qui empêchent d’autres étants d’avoir un rapport à l’être. Et donc, ces étants là, n’ont d’avenir ni même d’existence, que si ils éliminent ces parasites… Si on regarde la structure narrative de Sein und Zeit, on trouve ce qui rappelle fort « l’épopée indo-européenne ».
Trois phases… Une phase d’aliénation.. les étants sont menacés par d’autres… Le menaçant, dit-il, dans Sein und Zeit, on ne sait pas très bien qui c’est dit-il, « on », das Man, et « on », dans une langue germanique, c’est quelqu’un qu’on connait, mais qu’on ne dit pas, ce n’est pas comme en français « on »… un indéfini.
De la même façon que des racines sont infestées par des parasites. C’est ça la concrétisation. Une phase de libération. Les étants se libèrent de ce qui les menacent par le combat incarné pour le besoin par le Führer, opérateur suprême. Il a une fonction ontologique de relier la diverstié des étants à l’unité de l’être. Et puis ils sont glorifiés en retrouvant leur essence authentique collective au sein de l’être. Il emploie à ce moment là Stamm. Stamm c’est en même temps la tribu. Ce n’est pas simplement la souche. C’est la tribu. Et les bien heureux vont au Walhalla … Ils sont devant la Stammtisch C’est le paradis !
C’est comme ça que ça se passe.
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Après avoir enlevé des objets de la philosophie : les sciences, les cultures, les langues… puisqu’on ne parle que de l’allemand. Après avoir enlevé du corpus les juifs, les matérialistes, les italiens, les arabes, les français… Il dit des français, dans son interview au Spiegel, « Quand ils commencent à penser ils parlent allemand. Ils assurent qu’ils n’y arriveraient pas dans leur langue. » « Ils assurent »… « leur langue »… Ca doit être Fédier … je ne sais pas qui…
Si on prend Heidegger au sérieux sur ce point ça voudrait dire que les français ont besoin d’un allemand pour penser.
Mais je pense que pour revenir à la question de la controverse de Davos qui a été une journée des dupes… en fait un montage… les français ont choisi Heidegger. Ils se sont peut-être trompés. Il aurait mieux valu choisir Cassirer.
Et l’histoire de la French théorie et l’état de la pensée universitaire aurait été bien changés.
Mais enfin tout reste possible.
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