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Au cours de la rencontre de Heidelberg du 6 février 1988 entre Jacques Derrida, Hans-Georg Gadamer et Philippe Lacoue-Labarthe un intervenant, Milan Chlumsky, interroge les conférenciers sur la notion de responsabilité : « … Je veux dire qu’en français et en allemand la responsabilité est forcément une chose différente ».
Dans sa réponse – être responsable c’est se savoir devoir répondre de quelque chose… – Derrida reconnaît l’insuffisance de l’approche kantienne et sait gré à Heidegger d’avoir ouvert un nouvel horizon : « Heidegger a tout le temps parlé de responsabilité, de répondre à l’appel de l’être : il n’y aurait pas de responsabilité s’il n’y avait pas, déjà, l’appel de l’être qui n’est pas l’appel de quelqu’un, d’un dieu… Je suis avant même de répondre en termes de conscience morale, je suis comptable, responsable d’un appel qui m’arrive, je ne sais d’où. Ce n’est pas Dieu ; ce n’est pas une autre conscience. Je suis imputable. Le Dasein est un étant responsable (…). »
Ce que je trouve incompréhensible c’est que le grand homme de la déconstruction française se soit abstenu de regarder d’un peu plus près cette notion heideggerienne d’être.
Et si « l’appel de l’être » était le nom heideggerien pour dire quelque chose d’apparenté à « l’appel de la race ? » Si c’était le cas faire preuve d’antisémitisme reviendrait à témoigner d’un grand sens des responsabilités à l’égard de la « vérité de l’être » !
Absolument nazi Heidegger pouvait se permettre de critiquer certaines modalités du racisme. Mais alors que Derrida a un jour défini la déconstruction comme étant le « plusieurs langues » il ne semble pas avoir admis que déconstruire Heidegger c’était précisément déconstruire son « plusieurs langues ».
Il y aurait donc une première langue et dont le vocabulaire est celui de l’ontologie. On a ainsi, par exemple, « appel de l’être ». Heidegger était en situation de justifier cette langue par la construction d’un écart avec le discours nazi standard. Mais, précisément, cette seconde langue était par ailleurs indispensable pour effectuer le « sale travail ». Naturellement cette seconde langue Heidegger ne l’a parlée que rarement. Peu importe au reste le mépris qu’il pouvait avoir pour elle. C’est le « dispositif » qui comptait. Il a eu de celui-ci une grande intelligence.
Pour moi le « silence » de Heidegger est la manifestation d’un principe de solidarité entre ces langues, langue « transcendantale » de l’université ; langue « empirique » de la rue.
La langue « transcendantale » fut chargée de légitimer le crime d’état tout en lui enlevant précisément le caractère de crime.
L’appel à l’extermination, à l’anéantissement – clairement formulé en 1934 dans Etre et vérité – devient ainsi « appel de l’être ». Et interpellation non d’un sujet à vocation universelle, mais d’une identité particulière responsable devant la « vérité de l’être ».
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