Petit contre-dictionnaire Heidegger : ETRANGETE

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Le terme allemand utilisé par Heidegger est celui de Unheimlichkeit ; die Unheimlichkeit.

La notion allemande est dans ce contexte plus suggestive que celle d’étrangeté, mot construit à partir d’étranger.

En effet, littéralement, Un-heimlich-keit veut dire sentiment de quelque chose qui ne relève pas de ce qui est familier, de ce qui appartient au « Heim », à la maison et qui, de ce fait, se trouve au secret, en retrait, à l’abri.

L’étrangeté heideggérienne est ce sentiment selon lequel, le Dasein se fuyant lui-même, se dérobant à la menace du fait qu’il est et se rassurant alors dans le familier – le « Heimlich » – et la quotidienneté, la question de l’être du Dasein parvient à être quelque peu entendue mais, précisément, en tant que phénomène d’étrangeté. (Phänomen der Unheimlichkeit).

Selon nous la signification de la conception heideggérienne de l’étrangeté est la suivante : l’homme ordinaire, quotidien, se dérobe à la « vérité de l’être » cette expression pouvant être entendue au sens de « identité », « race »… Fuyant ce qu’il est (en vérité) cette identité reste cependant quelque peu perceptible mais en tant que faisant l’objet d’une extranéation, d’un processus « d’étrangéification ».

Ce à quoi le Petit contre-dictionnaire Heidegger se refuse c’est précisément d’accorder quelque crédit que ce soit à l’opération heideggérienne d’essentialisation de l’identité.

Suivre Heidegger sur ce chemin c’est admettre que ce qui s’aliène dans le quotidien, et par extranéation, ce n’est pas éventuellement l’humanité de tout homme, mais seulement ce en quoi cet homme est l’héritier d’une identité qui le place en situation d’exception pouvant justifier les pires violences. Car, pour Heidegger, ce qui n’est pas métaphysique, et qui légitime la « destruktion » de la métaphysique, c’est précisément l’inégalité des cultures, des peuples, des « races ».

Cet aspect du texte heideggérien est un grand intérêt pour la philosophie politique. Il donne une formulation très sophistiquée au mécanisme de manipulation mobilisatrice auquel un peuple peut être soumis et cela en vertu d’une flatterie précisément « populiste ». Allemand, ton étrangeté, c’est de parler la langue de l’être !

Grâce au Führer, et à sa parole, la gangue du quotidien et du  « heimlich trop heimlich » peut délivrer l’apparent étranger que tu es !

Sors de chez toi surhomme ! Tu ne rêves qu’à ça !

(Tu trouveras toujours des « sous-hommes », même âgés seulement de quelques mois, sur lesquels tu pourras entretenir et renforcer tes illusions… on te les procurera.)

Heidegger, probablement en pervertissant la théorie pascalienne du divertissement, va jusqu’à incriminer la connaissance et le « souci de curiosité ». Il faut substituer à ce souci de curiosité, qui détourne et divertit, un « souci de race ». C’est ce qu’aurait compris le docteur nazi Eugen Fischer, maître de Mengele et ami de Heidegger, en s’exerçant sur des Hereros pendus et suppliciés au lieu de perdre son temps à les connaître ! Mengele et non pas Lévi Strauss !

« Pour la connaissance, dit Heidegger, il s’agit avant tout de se familiariser avec l’étant, d’être chez soi au milieu de l’étant lui-même afin que le Dasein y soit assuré. » (Heidegger, Introduction à la recherche phénoménologique, Gallimard 2013, page 311).

Et, certes, nous pourrions entendre ces propos comme relevant d’une sorte de « foi en l’Etre ». Mais l’être, chez Heidegger, c’est la vérité de l’être et la vérité de l’être c’est l’inégalité des peuples, des races, des identités. Les allemands sont les grecs d’aujourd’hui et parlent la langue de l’être. Les français, et quelques autres, sont entrés dans l’aire/l’ère de la dégénérescence de la latinité. Les Cafres d’Afrique n’ont pas d’histoire. Les Juifs sont sans monde. (Les animaux sont seulement « pauvres en monde »).

L’être-au-monde heideggérien ce n’est pas n’importe quoi !

« Mais dans la mesure où ce vers quoi s’enfuit la fuite est un monde familier, cela ne peut signifier que ceci : ce devant quoi fuit le Dasein, dans la guise du souci de certitude, c’est l’étrangeté. L’étrangeté est la menace proprement dite qui pèse sur le Dasein. L’étrangeté est la menace qui dans le Dasein fait corps avec le Dasein lui-même ». (Idem).

Traduisons : dans le monde familier « l’être allemand » devient étranger à lui-même. C’est, pour le dire en ces termes, le meilleur de la race qui se trouve ainsi aliéné. Heidegger, ou la théorie identitaire et raciste de l’aliénation !

Sur la photographie suivante, de petite taille, on voit le recteur Heidegger, moustaché comme il se doit, participer à une manifestation « désaliénante ». L’être heideggerien était effectivement si peu aliéné qu’il est apparemment le seul, au premier rang des notables du savoir, à porter l’emblème pileux du Führer.

 Heid1

On sort de chez soi pour défiler derrière le drapeau de la vérité de l’être.

« L’étrangeté se montre dans la quotidienneté du Dasein. Ce phénomène d’étrangeté n’a rien à voir avec la solitude, avec le fait de ne pas pouvoir participer à quelque chose et d’être empêché de faire ceci ou cela ». (Idem).

Heidegger ne laisse personne tranquille. On ne se sent pas étranger par solitude ou par exclusion mais par le fait que l’identité communautaire est comme cachée dans le familier et le quotidien. Ce qui est étranger, extranéé, c’est le communautaire. Voilà qui promet les grands spectacles nazis. La pompe nazie de Nüremberg comme cas d’Ereignis ; d’événement appropriant de ce qui n’était plus perceptible que comme étrangeté.

« Il n’est plus visible lorsque le Dasein se perd dans la réflexion sur lui-même » (Idem).

Ne gâchons pas notre fibre identitaire par l’introspection !

« On le dissimule en interprétant le Dasein au sens de personnalité ». (Idem).

Ne cultivons pas notre personnalité, qui pourrait briser le charme de l’étrangeté du racial. Et si on est artiste n’oublions pas : l’art est la mise en œuvre de la vérité !

« Si on demande ce qu’est l’étrangeté, elle n’est rien, si on demande où elle est, elle n’est nulle part. Elle s’exprime dans la fuite du Dasein devant lui-même en tant que fuite dans la familiarité et le rassurement ». (Idem).

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