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Heidegger a élaboré une notion de menace au nom de laquelle il pensait discréditer, en visant le cartésianisme et la phénoménologie husserlienne en tant qu’elle est d’inspiration cartésienne, ce qu’il appelle le « souci de certitude ».
Il se joue ici, dans le cours de 1924 intitulé Introduction à la recherche phénoménologique, une partie décisive.
De quoi s’agit-il ?
Heidegger ne reconnaît pas la « valeur de certitude ». A ses yeux Descartes, et le Descartes qui se prolonge chez Husserl, aurait raté le sens véritable du Dasein en faisant de la recherche de la certitude – du « souci de certitude » – une marque essentielle et positive de la finitude humaine.
Il s’agit d’une sorte de putsch; Heidegger pulvérise l’attachement « humaniste » à la valeur de certitude et à la recherche du certain.
« Si nous considérons de plus près le phénomène de la fuite du Dasein devant lui-même dans la guise du recouvrement, si nous considérons comment le sens du Dasein s’explicite dans cette fuite de l’être devant lui-même, il apparaît alors que le Dasein se défend contre lui-même ». (Heidegger, Introduction à la recherche phénoménologique, Gallimard 2013 page 310).
Le Dasein, « c’est un être dans un monde ». A ce titre il est « dans le caractère de l’être-à-découvert ». Mais ce découvrement se vit d’abord précisément comme une menace. Le Dasein est en ce sens tenté par le recouvrement en l’espèce d’une fuite devant lui-même, ce « lui-même » étant sollicité par « l’être-à-découvert ».
Le souci de certitude, et plus généralement de la scientificité, relève du recouvrement de ce qui est exposé à découvert. Le Dasein cherche, dans le souci de certitude, à fuir dans le recouvrement.
Heidegger donne une importance centrale à ce phénomène. Il s’agit rien de moins que de discréditer comme une fois pour toutes la valeur de certitude et l’esprit de recherche du certain.
« Se défendre ainsi contre soi-même n’est pas une détermination contingente du Dasein mais est constitutive de son être ». Autrement dit il est également constitutif, par voie de conséquence, que le souci de certitude ne soit qu’une fuite. « Ce contre quoi il se défend, la menace, réside dans le Dasein lui-même. La menace contre laquelle le Dasein se défend est le fait qu’il est. Le fait qu’il soit est la menace du Dasein lui-même ». (Op. cité, page 311).
Autrement dit le « souci de certitude », central dans l’approche humaniste classique, agit comme une esquive de ce que le Dasein est un être pour lequel il y va de son être.
Certaines conduites, dont on attend de la rationalité, ne deviennent-elles pas ainsi absurdes ? Un navigateur, par exemple, et pour autant qu’il cherche des certitudes quant à la route qu’il emprunte pour parvenir à bon port fuit-il devant « le fait qu’il soit » ? Il faudrait admettre que le fait d’être consiste à être pleinement à découvert, par exemple en étant exposé, sans aucune protection, aux hasards de la navigation et du temps qu’il fait.
Et comme il s’agit, pour Heidegger, de justifier que Husserl a défiguré la phénoménologie en étant cartésien, nous devons admettre que la fuite du Dasein, dans le souci même de certitude, a une signification négative.
Dès lors qu’on admet le nazisme heideggérien, et la signification nazie des catégories heideggériennes centrales – Dasein, être-jeté, vérité de l’être etc. – on est fondé à interpréter la menace comme ce à quoi doit répondre le Dasein, au lieu de fuir. Il doit y répondre en termes d’entente de la « vérité de l’être ». Nous dirions, de manière familière, que le Dasein qui ne fuit pas est le Dasein « identitaire ». Nous devrions alors opposer le mauvais « souci de certitude » à la bonne ouverture à la « vérité de l’être ». Mais cela relève d’une ontologie phénoménologique et non d’une phénoménologie cartésienne.
Pour le dire en termes pratiques le Dasein – « notre Dasein »… le pur Dasein allemand – ne doit jamais quitter des yeux l’horizon de la vérité de l’être. Et cette vérité l’assigne à un rang dans une hiérarchie où, d’un côté, on trouve des peuples parlant la langue de l’être – les grecs et les allemands – et, de l’autre, des peuples voués au néant, des peuples du « nihilisme ». Les africains sont ainsi sans histoire et les juifs privés de l’entente de l’être.
Qui plus est c’est parce que Husserl est juif, pour Heidegger, qu’il a cultivé le souci cartésien de la certitude. Il aurait par-là reconnu qu’il était incapable de faire face à la menace en tant qu’elle est le fait même d’être.
Contre le souci de certitude Heidegger oppose la « vérité de l’être », sorte d’axiome mystique commandant le processus d’appropriation, l’Ereignis. Le nazisme effectif, dans sa part la plus radicale, relève de ce processus.
L’hitlérisme, pour Heidegger, a su faire face à la menace.
Remarque – La « fuite du Dasein devant lui-même dans la familiarité et le rassurement » (par exemple dans le « souci de certitude ») est l’expression même de l’étrangeté.
L’étrange, pour Heidegger, est que le Dasein fuit devant lui-même.
L’étrange aurait ainsi été que les allemands se soient efforcés d’ignorer qu’ils parlaient la seconde langue de l’être après le grec.
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