v:* {behavior:url(#default#VML);}
o:* {behavior:url(#default#VML);}
w:* {behavior:url(#default#VML);}
.shape {behavior:url(#default#VML);}
Normal
0
false
21
false
false
false
FR
X-NONE
X-NONE
/* Style Definitions */
table.MsoNormalTable
{mso-style-name: »Tableau Normal »;
mso-tstyle-rowband-size:0;
mso-tstyle-colband-size:0;
mso-style-noshow:yes;
mso-style-priority:99;
mso-style-parent: » »;
mso-padding-alt:0cm 5.4pt 0cm 5.4pt;
mso-para-margin-top:0cm;
mso-para-margin-right:0cm;
mso-para-margin-bottom:8.0pt;
mso-para-margin-left:0cm;
line-height:107%;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:11.0pt;
font-family: »Calibri », »sans-serif »;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-language:EN-US;}
De nombreux critiques estiment que 2001 Odyssée de l’espace, de Stanley Kubrick, témoigne d’une approche de la question de la technique qui ferait du réalisateur une sorte de disciple de Heidegger. La séquence finale où l’on voit, dans une sorte d’album de souvenirs de la civilisation, quelques œuvres d’art absurdement exposées à personne, renforce l’idée que Kubrick associe ce que Heidegger a appelé « arraisonnement » – ou « dispositif » / Gestell – à la destruction « spirituelle » de l’art, cet art qui, selon Heidegger, serait pourtant propre à opposer au dévoilement occultant de la technique moderne, un « dévoilement qui serait accordé de plus près des origines… » et, par-là, saurait « faire apparaître ce qui sauve, au milieu de ce danger qui se cache dans l’âge technique plutôt qu’il ne s’y montre. » (La question de la technique, Martin Heidegger, Tel Gallimard 1954, page 46).
Le film de Kubrick serait heideggériennement un poème visuel destiné à « faire apparaître ce qui sauve ». Mais, précisément, la mise en image de Kubrick est inséparable de la mise en évidence de l’étroite association entre l’agressivité et la technique. Est-ce une vérité anthropologique ? Avant même l’invention de la taille et du polissage, par exemple du silex, on peut admettre avec Kubrick la possibilité que des pré-humains aient inventé la massue simplement en « recyclant » certains os prélevés sur des carcasses de grands animaux morts.
En ce sens la massue serait une sorte « d’outil primal », arme létale, et prolongement d’un corps ayant par ailleurs déjà développé et transmis des techniques précisément corporelles de combat.
On connaît la déclinaison kubrickienne qui associe ces trois images : celle de l’os-massue ; celle de l’astronef ; celle du stylo de Floyd Heywood. Ce dernier est un bureaucrate de l’espace capable de commettre effectivement des « crimes de bureau ». C’est menaçant, bien que restant dans la forme de la cordialité, qu’il s’adresse par exemple à son auditoire en vue de lui imposer le silence absolu quant à l’existence d’une épidémie dans le système.
Dans La lettre sur l’humanisme Heidegger écrit : « Le corps de l’homme est quelque chose d’essentiellement autre qu’un organisme animal ». Quand bien même Heidegger n’aime pas les « propositions » – en tant que susceptibles d’être vraies ou fausses – il s’agit ici d’une proposition, et d’une proposition particulièrement étrange. Plus loin il réaffirme « que l’essence de l’homme ne consiste à être un organisme animal… ». Mais ce n’est pas du tout la même idée. Dans le premier cas il s’agit du corps – Der Leib des Menschen ; dans le deuxième de l’essence – das Wesen des Menschen.
« Corps » traduit-il ainsi incorrectement Leib?
Dans la mesure où Heidegger a prétendu commencer à savoir ce que penser voulait dire nous pouvons lui faire crédit d’avoir ainsi « cultiver » son corps qu’il n’avait plus rien, essentiellement, d’un organisme animal. Qu’était-ce alors le corps, ce corps qui pensait au plus près de l’être et de sa vérité, de Heidegger ?
Heidegger visait l’humanisme classique jugé par lui métaphysique et sourde à la question de l’être. L’homme n’est pas une âme associée à un organisme animal. Ce n’est pas par cette adjonction ou ajout qu’on explique le phénomène humain. Soit et gardons la porte entre’ouverte sur cette question.
Mais quel étrange dépassement de l’humanisme métaphysique classique nous proposait Heidegger quand, en 1934, il exposait le « concept » de l’anéantissement total de l’ennemi intérieur (et « enté sur les racines du peuple » ?)
Aujourd’hui que sont connues les phrases antisémites des Cahiers Noirs de Heidegger certains heideggériens manifestent quelque ébranlement. Comme d’habitude beaucoup conjuguent condamnation outrée et dédouanement de Heidegger. Gérard Guest, dans son séminaire, présente comme une vérité historique absolue que Heidegger n’était pas informé du génocide.
Cela va constituer la prochaine grande bataille contre la mythologie heideggérienne : montrer que Heidegger, pour le moins, était informé de la mise en œuvre de la « solution finale » et qu’il en approuvait le principe. C’est déjà ce qu’il avait victorieusement et symboliquement fait en ontologisant la phénomènologie du juif Husserl, ontologisation qui constituait en réalité un glissement völkisch, raciste, d’une phénoménologie désormais « existentielle ».
Mais revenons à Kubrick.
En réalité Kubrick serait davantage freudien qu’heideggérien. Regardons ce gros plan sur le corps de « l’inventeur » de l’os-massue :
En quoi ce corps, de férocité et de morsure, diffère du corps de Floyd Heywood ?
A l’évidence le corps de Floyd porte les traces de l’adoucissement des mœurs caractéristique de l’expérience humaine de la civilisation. Mais, ici, il menace très clairement bien qu’insidieusement l’auditoire de représailles au cas où quelqu’un s’aviserait de se mettre en contradiction avec son engagement écrit. La violence bureaucratique n’est pas toujours aussi précautionneuse. Kubrick a précisément cherché à montrer un maximum de « douceur » dans l’exercice de la violence. Mais, d’un trait de plume Floyd est susceptible, à l’instar de son ancêtre encore très simiesque d’allure, d’exterminer les « traîtres ». C’est avec un stylo, et non avec un os-massue, qu’il tue. Compte tenu de ses déclarations il en a le pouvoir.
Quel est cependant le singe le plus féroce ? Est-ce l’inventeur quelque peu affamé de l’os-massue ou, pour revenir à Heidegger, celui qui, avec sa plume, et dans la douce lumière de Todtnauberg, affirme que le combat héraclitéen doit aussi se comprendre comme exigeant l’anéantissement total de l’ennemi intérieur ?
Quel genre de singe était donc Martin ? Heidegger est un singe exterminateur, utilisant sa plume pour dire la « vérité de l’être » et, en son nom, condamner à mort des millions de « sous-singes ». La réputation de ce singe exterminateur est encore protégée par une aura de grand penseur. Grand penseur ? Est-il grand penseur celui qui ne simule un « parler universel » que pour exclure des millions d’hommes de l’humanité ? En quoi nous devrions lui devoir le respect ?
Qu’aurait donc pensé Kubrick du Heidegger dont on découvre depuis quelques temps la profondeur et la constance de l’engagement nazi ?
Au reste Kubrick a étroitement associé son approche de la technique à une critique serrée du darwinisme social. On imagine des séquences sur le thème : comment le grand penseur critique de la technique a soutenu jusqu’au-delà de la mort une conception du pouvoir reposant sur l’esclavagisme et l’extermination?
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.