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On peut cliquer sur les images pour les agrandir puis revenir en arrière.
Après le prologue consacré au récit de l’accueil fait par les pré-humains, sortes de grands singes à la peau noire, au monolithe le premier être humain « moderne » que Kubrick nous présente est en grande partie caché par le dos d’un fauteuil d’une navette spatiale. Nous ne voyons de l’homme – on reconnaît au costume qu’il s’agit d’un homme – tout d’abord qu’un bras et qu’une main :
Nous attention est cependant attirée par un stylo qui flotte dans l’espace. Nous sommes en apesanteur et l’homme s’est endormi, laissant son stylo voyager dans l’espace de la navette au gré des courants d’air. Il nous semble cependant important de remarquer que l’extrémité du stylo correspondant à la plume est de couleur rouge. L’encre du stylo est rouge. Nous verrons que cela n’est peut-être pas insignifiant.
Le second être humain moderne que nous voyons est une hôtesse de l’air habillée en blanc. Il faut accorder toute son importance à ce que montre, par ses choix de metteur en scène, Kubrick. Le stylo indique que l’homme exerce une profession à « responsabilité » tandis que la femme exerce le métier typique d’hôtesse de l’air. Dans cette atmosphère futuriste règne un partage conventionnel et conservateur des rôles. Bien entendu, de la part de Kubrick, c’est une vision critique.
L’hôtesse est dévouée à sa tâche. Elle se saisit du stylo pour le remettre dans la poche du « responsable ». Elle est au service de l’ordre, du « bon ordre » des choses.
Souvent, dans le film, les spationautes ont des attitudes d’enfants et les hôtesses les maternent.
Mais que diable ce stylo vient-il faire dans cette navette ?
Il indique d’abord, après la grande séquence des pré-humains, que nous sommes désormais dans une civilisation qui se rattache à la période inaugurée par l’invention de l’écriture.
Pourtant il est impossible de ne pas rattacher le stylo à la série des objets longs, sans base fixe, et isolés dans l’espace. Le premier de ces objets est l’os que le pré-humain, ivre du sentiment de sa puissance, projette dans l’espace encore gravitationnel :
On se souvient de la célèbre ellipse qui fait se succéder à cette arme primitive l’astronef le plus sophistiqué :
Le saut est d’autant plus gigantesque que nous passons sans transition de la dépendance animale à la gravitation à ce que Paul Virilio a appelé la « vitesse de libération », entendant par-là cette maîtrise de l’énergie qui a permis de s’évader, grâce à une vitesse suffisante, du champ gravitationnel terrestre et de vivre ainsi en apesanteur.
L’os tournoie et tandis qu’on sait qu’il va retomber sur le sol l’astronef suit avec aisance une route précise dans un espace que ne courbe à proximité, de manière significative, aucun champ gravitationnel. Dans cet astronef flotte un stylo :
Pour le meilleur le stylo évoque le travail d’écriture, la littérature mais aussi la recherche mathématique, les calculs, ces calculs qui ont permis précisément de sortir du champ gravitationnel terrestre.
Mais le stylo signifie aussi autre chose.
L’homme au stylo est le docteur Floyd Heywood R. Il est membre du CNA : Conseil National d’Astronautique.
Il est venu exiger, de la part des responsables de la « vie en apesanteur » – système des stations orbitales terrestres – de garder le secret absolu quant aux caractéristiques d’une épidémie qui se serait déclarée dans ce système. Son discours est un numéro de ce qu’on appelle la « langue de bois ».
Par exemple, après avoir parlé de l’épidémie Floyd dit : « Mais j’accepte la nécessité du secret absolu ». Traduisons : « J’exige – au nom du CNA – le secret absolu ».
Autrement dit Floyd est venu faire la police (avec son stylo).
Et pour que les choses soient bien claires :
Il exige aussi que le « secret soit garanti par écrit ».
Cette clause n’a de sens que si elle est accompagnée d’une menace implicite. Quiconque se trouvera en contradiction avec son propre engagement écrit sera réprimé.
Tel est aussi ce que signifie le sceptre-stylo : le « pouvoir du rapport ». Floyd a le pouvoir de rédiger des rapports justifiant éventuellement des mesures répressives. Ces mesures peuvent aller, à mon avis, jusqu’à l’exécution.
Floyd est le rouage d’un puissant pouvoir bureaucratique. La couleur rouge du stylo indiquerait ainsi qu’on est dans le registre de la violence. Violence de l’os en tant qu’arme ; violence de l’astronef en tant que dispositif paramilitaire de surveillance de l’espace ; violence du stylo bureaucratique pouvant décider, par des « rapports », du destin des individus. La plume ou la pointe du stylo est symboliquement la plume rouge et sanglante du pouvoir répressif.
Cela entre en résonance avec la décision que prend le tribunal militaire, dans Les sentiers de la gloire, de condamner à mort et pour l’exemple 4 soldats, par ailleurs reconnus pour leur bravoure, mais refusant d’obéir à un ordre jugé par eux absurde.
Or on appelle précisément cela des « crimes de bureau ».
Mais faisons encore un pas.
Il s’agit, même si le nombre des participants est réduit, d’une sorte de réunion au sommet. Drapeau américain et drapeau « russo-soviétique » (bleu !) encadrent Floyd.
Nous l’avons vu : il n’y a aucun homme, ou femme, de couleur. Ce qu’on peut dire c’est qu’il faut précisément un puissant appareil répressif pour en arriver là !
Où sont les américains d’origine chinoise et d’origine africaine par exemple ? Où sont les «soviétiques bleus» d’origine caucasienne ou sibérienne ?
Dans ce petit bureau du sommet de l’existence orbitale règne le plus strict « white power ».
Cela implique nécessairement que des stylos ont dû signer de nombreux « crimes de bureau ».
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