Petit contre-dictionnaire Heidegger : HOMME

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Il y aurait lieu d’analyser les contextes immédiats de toutes les occurrences du mot « homme » dans le texte heideggérien.

Alors que, dans Etre et temps, il a jeté les bases d’une analytique du Dasein – le terme de Dasein (être-là ; être-le-là) se substituant précisément à celui d’homme ou d’être humain – Heidegger utilise encore relativement souvent le terme d’ « homme ». Par exemple, dans La lettre sur l’humanisme, il l’utilise – der Mensch – pour forger une formule devenue célèbre : « L’homme est le berger de l’être » [En allemand : Der Mensch ist der Hirt des Seins (pages 76 et 108, Editions Montaigne 1970)].

Il est vrai que, formellement, cela est plus agréable à entendre, plus communicatif que « Le Dasein est le berger de l’être ».

N’y-a-t’ il cependant que des raisons littéraires à cette persistance ?

C’est en effet notamment sur ce point que se manifeste toute la ruse heideggérienne.

Tout d’abord le mot « homme » a toutes les apparences d’un universel. L’homme est ce mammifère bipédique, habile de ses mains et doué de raison et de parole.

Heidegger, disons-le en ces termes, est profondément raciste et il n’a qu’un mépris profond pour cet « humanisme » de définition.

Voici comment il s’exprime à ce propos dans les Séminaires de Zürich :

«… Pourquoi est-il question dans Etre et temps du Dasein et non pas simplement de l’être de l’humain. La raison en est que, dans Etre et temps, la question de l’être détermine tout… »

Or, si la question de l’être détermine tout, c’est aussi parce que certains groupes humains sont mieux dotés que d’autres pour entendre cette question. C’est la double expérience de l’enracinement dans un sol et de la langue – mais de la langue de l’être – qui privilégie comme ontologiquement certains peuples. Le peuple allemand dispose ainsi de la « seconde langue de l’être » après le grec (chronologiquement). A ce titre il jouit d’une autorité correspondant à cette capacité d’entendre la question de l’être.

« … L’être humain ne peut être humain qu’en ceci qu’il entend l’être, ce qui veut dire qu’il se tient dans l’ouverture de l’être, l’être humain en tant que tel est caractérisé par le fait d’être à sa manière cette ouverture elle-même ». (Séminaires de Zürich, Gallimard 2010, page 183).

Ces déclarations datent de novembre 1965. Elles sont, quand on les rapporte au contexte proprement heideggérien, profondément nazies. A Zürich, en 1965, Heidegger n’a absolument rien cédé sur ses engagements hitlériens.

La phrase qu’on vient de lire ne signifie en effet rien d’autre qu’on est humain si et seulement si on « entend l’être ». Mais, précisément, il faut pour cela être à la fois doté de racines et d’une « langue de l’être ». Dans les Cahiers noirs Heidegger explique ainsi comment Husserl lui-même, parce que juif, a raté la signification ontologique de la phénoménologie !

La grande philosophie heideggérienne se révèle ici n’être qu’un bricolage nauséabond destiné à réserver l’humanité à quelques excités de la domination absolue.

On pourrait se représenter ainsi la « fonction » sélective de la notion de Dasein :

Au coeur de la notion générique de l’humain « Dasein » vient opérer une discrimination – une sélection –  telle que seuls ceux qui sont en mesure d’une « entente de l’être » sont des hommes, des êtres authentiquement humains. Les autres ne sont bons qu’à être mis en esclavage ou à être exterminés.

(Les Cafres d’Afrique sont par exemple sans histoire et les Juifs sans monde. Même Husserl aura raté, à cause de sa judéité et bien que protestant, la vocation ontologique de la phénoménologie. Sur le quai de triage de la philosophie heideggerienne peu sont appelés à pénétrer dans le temple).