Petit contre-dictionnaire Heidegger : DASEIN

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Dasein (da-sein) ou  être-là en français  signifie de manière générale existence, existence humaine. On situe l’émergence du terme au XVIII ° siècle. Hegel utilisera le terme pour désigner la synthèse de l’être et du néant : le devenir.

Heidegger, par analytique du Dasein, entend la mise à jour des « existentiaux » spécifiques à l’existence humaine.

« Cet étant – l’homme – nous lui donnons une place dans notre terminologie sous le nom de Dasein », dit Heidegger dans Etre et temps (Gallimard 1986, page 36). « Le Dasein, précise-t-il, est un étant qui n’apparaît pas seulement parmi d’autres étants. Ce qui le distingue ontiquement, c’est que, dans son être, il y va pour cet étant de cet être ».

Il a préconisé, pour la traduction française, l’expression être-le-là. C’est souvent celle d’être-là qui est utilisée pour traduire Dasein. Il s’agissait ainsi de spécifier une approche phénoménologique de l’existence humaine qui se sépare de la manière habituelle, métaphysique, avec laquelle on considère tout étant comme étant « là-devant ».

« Le Dasein est l’étant qui en son être se rapporte ententivement à cet être », écrit Heidegger dans Etre et temps.

Cet étant reste incompréhensible, par conséquent, tant qu’on le considère comme étant « là-devant » et qu’on ne tient pas compte qu’il se rapporte précisément ententivement à l’être qu’il est.

Certains auteurs français ont proposé de traduire Dasein par « réalité humaine ». Heidegger s’est insurgé contre cette interprétation anthropologique.

Surtout, et c’est notre propre thèse, il s’est agi pour Heidegger de fonder une approche non universaliste de « l’homme ». Pour le dire en termes plus crus les « humains » ne sont pas égaux en dignité ontologique. L’approche heideggérienne rencontre ici inévitablement les racismes de diverses expressions.

Le dictionnaire Heidegger (DH) qualifie ainsi Etre et temps : « C’est le premier ouvrage qui fait enfin vraiment droit à la question de l’existence de l’homme… ». L’analytique du Dasein est au cœur du projet.

Mais ce qu’occulte le DH c’est que « homme » ne s’entend pas du tout de manière universelle. L’analytique du Dasein, pour le dire autrement, n’a de sens chez Heidegger qu’à donner une (apparente) fondation au refus de tout « droits de l’homme ».

Etre-, voire être-le-, doit se comprendre chez Heidegger en un sens fort. « Là », en effet, laisse entendre ce qu’il en est du « sol » et des « racines ». C’est ainsi que Heidegger disqualifie tout ce qui lui semble précisément manquer de sol et d’enracinement. Heidegger précise toutefois que « là » ne doit pas s’entendre comme une simple proximité. « Là » c’est l’« Ouvert », l’« Eclaircie ». Ces nuances, malheureusement, ne se contredisent pas. L’enracinement, seul, est éclaircie. Les sans racines sont privés de la lumière de l’Etre.

« Le , dit Heidegger, ne vise pas dans Etre et temps une indication locale pour un étant, mais prétend nommer l’ouverture dans laquelle l’étant peut entrer en présence pour l’être humain, en particulier l’ouverture où l’être humain peut entrer pour lui-même en présence ». (Séminaires de Zürich, Gallimard 2010, page 182).

Les fragments antisémites des Cahiers noirs, par exemple, affirment que les juifs sont atteints de Bodenlosigkeit – ils sont sans sol – et de Weltlosigkeit – ils sont privés de monde. Rappelons que, pour Heidegger, les animaux sont seulement « pauvres en monde » !

Bref, en matière « d’entente de l’être », les groupes humains ne sont absolument pas égaux. Même Husserl, parce que juif, aura manqué la fondation de la phénoménologie comme ontologie. Husserl, même converti au protestantisme, même allemand, même assimilé, était incapable d’une entente décisive de l’être.

On dirait un rapport de la Gestapo rédigé en langue heideggérienne.

Dans Etre et temps Heidegger souligne cette affirmation : « L’ontologie n’est possible que comme phénoménologie ». (Page 63 de l’édition française de 1986/Gallimard).

Les Cahiers noirs permettent ainsi d’affirmer, pour autant qu’ils spécifient de manière décisive le contexte discursif heideggérien, que cette proposition est antisémite et nazie.

Elle signifie, de manière völkisch, que la phénoménologie n’est possible que comme ontologie, que soumise à l’entente « allemande » de l’être, que purifiée de cette judéité husserlienne qui la vouait à la Weltlosigkeit!

Emmanuel Faye, dans Heidegger, le sol, la communauté, la race, rappelle page 322 quelle fut, en 1946, la lucidité d’Alexandre Koyré. Voilà en effet comment celui-ci caractérise le concept heideggérien de Dasein :

« Le Da-sein – je l’ai dit plus haut – est l’essence, ou la structure essentielle, de l’homme, plus exactement d’un être tel que l’homme. Mais quel homme ? Est-ce l’homme en général, l’être biologique que nous appelons homme ? L’actualisation du Dasein se ferait alors dans le genre humain. Ou est-ce seulement l’homme « historique » ? L’actualisation de l’essence du Da-sein serait alors limitée à l’existence des porteurs de l’histoire. Si c’est cette dernière interprétation qui est la bonne on comprend bien comme M. Heidegger a pu, d’étapes en étapes, en réduisant la masse des « hommes historiques », en arriver à identifier « l’homme historique » et donc le Da-sein avec la race aryenne, le « peuple allemand », Hitler, et, sans tomber dans le biologisme, devenir nazi ».

Alexandre Koyré, paru en 1946 dans Critique, repris dans les Etudes d’histoire de la philosophie, Paris, Gallimard, 1971, p. 299.

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Supplément et mise au point du 18 avril 2015 :

Heidegger – La notion de Dasein est intrinsèquement antisémite – « Dasein » est l’antonyme de « juif »

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Lors du colloque organisé par La Règle du Jeu sur le thème Heidegger et les « juifs », Charles-Yves Zarka, très sévère par ailleurs envers  Heidegger, déclarait que sa philosophie ne contenait rien qui l’aurait obligé à rejoindre les nazis et à témoigner d’un antisémitisme autant stupide qu’abject.

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Cette thèse n’est pas défendable. Etre et Temps, par exemple, se soutient d’un semblant d’universalisme parce qu’il repose sur le rôle central accordé par Heidegger au Dasein. Mais la notion de Dasein est pour le moins extrêmement ambigüe. Si on la reçoit comme un homonyme de « homme » ou de « réalité humaine » alors, effectivement, on peut en même temps recevoir Etre et Temps comme un livre de philosophie « pour tous ».

Or, de l’aveu même de Heidegger, ce n’est pas le cas. Il a lui-même contesté cette traduction française en l’espèce de « réalité humaine ». Il a proposé en lieu et place  « être-le-là ». Apparemment il n’y aurait pas lieu d’être ému. Mais dés lors qu’on tient compte du contexte spécifiquement heideggerien il n’est pas possible de ne pas faire un lien entre la notion de Dasein et ce qu’il dit dans les Cahiers noirs sur les juifs : ils sont sans sol, ils sont sans monde, bodenlos et weltlos. Les « juifs » sont ceux qui, par « excellence », n’ont pas le « da » pour être « sein ». Ils n’ont pas le « là » de la musique heideggerienne. Ils ne sont pas Dasein, autrement dit ils n’ont qu’une pauvre apparence humaine.

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L’Académie devrait ouvrir un concours de commentaires sur le thème de l’appréciation de la manière dont un (supposé) grand philosophe a lui-même apporté son concours à la qualification criminelle d’une partie de la population du monde.

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Dans le contexte strictement heideggerien, ce qui exclut de nombreuses lectures d’Etre et Temps, Dasein est une notion intrinsèquement antisémite. « Dasein » est l’antonyme de « juif ».

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Comme dans Etre et Temps la vérité au sens originaire est rapportée au phénomène du Dasein l’affaire est pliée : les juifs n’y ont pas accès. Normal puisqu’ils complotent et que, complotant, ils sont dans la fourberie et les cachoteries.

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Si la thèse du phiblogZophe est fondée alors il faut faire son deuil d’ Etre et Temps : c’est un « grand » livre nazi, le pendant universitaire du Mein Kampf d’Hitler.

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