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Le mythe prévaut encore que Heidegger, qui a été élu en 1933 recteur de l’Université de Fribourg, élection pour laquelle il rédigea un fameux discours – discours pour le moins conforme aux directives hitlériennes de « mise au pas » – serait passé à une forme de «résistance spirituelle » en démissionnant de cette charge en 1934. Personne, au reste, n’ose franchement utiliser le terme d’antinazisme pour caractériser la « conversion » qui aurait alors accompagné, sans tapage et avec discrétion, une démission motivée paraît-il par une amère déception politique. Mais on parle tout de même de critique du nazisme ou d’opposition. On plaint également Heidegger d’avoir été alors placé sous surveillance et d’avoir fait l’objet de quelques manœuvres mal intentionnées. Cela ne pouvait en réalité que faire partie de l’ordinaire nazi. On ne s’étonne pas assez, et alors qu’il fréquente d’autres grandes intelligences nazies – par exemple Carl Schmitt – que l’administration hitlérienne l’ait toutefois laissé enseigner.
Le mystère se dissipe si on admet que son propre parti, la NSDAP – parti nazi – avait de bonnes raisons d’estimer que, sur le fond, Heidegger était absolument fiable. N’avait-il pas appelé, n’appelait-il pas à «l’extermination totale » de l’ennemi intérieur ? De ce point de vue, parmi les administrateurs de l’Université, il était un des plus radicaux et par ailleurs un des plus étroitement liés à des associations hitlériennes d’étudiants. Le recteur Heidegger prit même l’initiative d’instituer des « camps scientifiques » destinés à sélectionnés les étudiants les plus aptes et selon des critères nazis. On eût aimé, si on admire les innovations pédagogiques de Heidegger, que le Dictionnaire Heidegger (DH) possédât ainsi une entrée « camp » (à charge naturellement pour les auteurs d’ouvrir en grand le champ sémantique du terme).
Mais il y a plus décisif encore. E. Faye, dans Heidegger, l’introduction du nazisme dans la philosophie, fait voler ainsi en éclat le mythe de la démission-conversion : « De fait, à peine a-t-il démissionné du rectorat de Fribourg, écrit E. Faye, [(…) que Heidegger] participe à la création du droit de l’Académie pour le droit allemand. (…) Le créateur de l’Académie pour le droit allemand, Hans Franck, fut l’un des tout premiers nationaux-socialistes. En 1919, il avait fait partie, avec Dietrich Eckart, Adolf Hitler, Arthur Rosenberg, Rudolf Hess et Karl Haushofer, de la Thule Gesellschaft, société secrète qui fut la matrice du mouvement hitlérien ». (Page 336 de la première édition).
C’est Franck qui choisit les membres de la commission sur le droit allemand. Il nomma trois philosophes : Martin Heidegger, Erich Rothacker, Hans Heyer ; un juriste : Carl Schmitt ; un dignitaire : Alfred Rosenberg et, enfin, un agitateur : Julius Streicher, rédacteur en chef du journal antisémite Der Stürmer.
Bref, une belle équipe de tueurs.
La mythologie insiste sur la démission et la supposée entrée discrète de Heidegger en dissidence. Mais passer d’un simple rectorat de province à une commission nationale sur un droit comprenant des dispositions antisémites… on fait à l’évidence mieux en termes de changement intérieur de cap.
Il est vrai que la commission de dénazification, par son rapport de septembre 1945, aura préparé le terrain du mythe d’un Heidegger en quasi-repentance : « C’est ainsi que son rectorat se termina, dès la fin du semestre d’hiver 1933-1934, par un grave accrochage avec le ministre de l’Education Wacker, motivé par des raisons en partie politiques, en partie administratives. Dès lors Heidegger se retrancha totalement dans ses études philosophiques, s’éloignant de plus en plus du parti pour finalement, adopter une attitude de vive opposition, sans toutefois la laisser transparaître de quelque façon ».
L’invention est d’autant plus magnifique qu’on avoue implicitement ne pas avoir regardé de près ce qu’il en était au juste des « études philosophiques » de l’ancien recteur, en fait de véritables traités de nazisme d’expression philosophique.
L’extrait du rapport cité ici se trouve dans l’article dénazification du Dictionnaire Heidegger (DH). L’auteur de l’article, Hadrien France-Lanord, a également signé l’article démocratie. C’est l’occasion pour l’auteur non seulement d’abonder dans le sens du mythe mais aussi d’en tirer profit pour discréditer le politique. « L’échec du rectorat est en effet le moment où Heidegger a compris, brutalement, mais une bonne fois pour toutes, que les problèmes dont il pensait en 1933 qu’ils relevaient du politique ont trait en réalité à un tout autre ordre ».
Il se produit ici un brouillage qui est sans doute une des marques du DH. On espère que le « une bonne fois pour toutes » a pour sens le caractère net et définitif d’une rupture, même seulement intérieure, avec le nazisme. Mais en plaçant la démission sous le signe du discrédit du politique on ne fait que renforcer le soupçon d’une fidélité sans faille de Heidegger à l’hitlérisme. Mépriser la politique, c’est haïr la démocratie. Au reste la conclusion d’H France-Lanord ne peut que laisser perplexe : « Il se pourrait que continuer à employer un mot vidé de son sens grec sans s’interroger sur cette vacance dissimule une certaine paresse, sinon un malaise, devant une des grandes tâches historiales aujourd’hui en attente : se préparer à l’institution d’une « politique » (faute, pour le moment, d’autre mot) à la mesure de l’ « aître encore abrité en retrait des peuples du Pays du soir » (Heidegger, Die Armut). Tâche moderne par excellence que celle d’être un peuple du Pays du soir, si Abend-land(chez Hölderlin : l’Hespérie) est bien l’autre en regard du matin grec. »
J’avoue être saisi d’effroi. Je ne sache pas que cette conclusion très heideggérienne puisse valider quoique ce soit d’un Heidegger passé à la dissidence « antihitlérienne ».
Que se passerait si l’ « aître » des peuples du Pays du soir sortait de sa réserve et de son abri ?
De mille bêtes immondes, dirait un brechtien, le ventre est encore fécond.
Heidegger est un redoutable nazi. Il a avec un certain génie habillé, « designé » les fondamentaux du nazisme – notamment le principe de l’ennemi intérieur à exterminer – de magnifiques développements métaphoriques. C’est trompeur et séducteur. Il est aidé dans cette tâche par des disciples prompts à jouer le jeu de ses dissimulations et mensonges.
Mais c’est surtout un tueur, comme Carl Schmitt, comme Adolf Eichmann, comme Rudolf Hess.
Sylviane Agacinski, qui se dit par ailleurs non heideggérienne, a dernièrement salué la liberté de Heidegger. Mais c’est la liberté d’un tueur et d’un menteur. C’est la guerre d’extermination et d’asservissement de millions de femmes, d’enfants, d’hommes, de vieillards. Bref, le grand héroïsme, même supérieur, paraît-il, au « polémolos » grec !
Heidegger a fait poser sur sa tombe une petite étoile à 8 branches. Son étoile !
Non seulement cela ressemble à une croix militaire nazie mais les 8 branches étoilées ne sont qu’une métaphore des 8 sections de la croix gammée.
C’est la médaille du mérite ontologique pour le combat pour l’Etre!
Cessons d’être sots ou naïfs. Tout Heidegger est là ! On croit voir une étoile à huit branches et c’est en réalité une croix gammée !
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