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Au cours d’un entretien avec Laure Adler – émission « hors champ » du 17 février 14 de France-Culture – le philosophe et philologue Heinz Wismann reconnaissait l’antisémitisme et le nazisme de Heidegger :
« … Tout antisémite qu’il était Heidegger n’était néanmoins pas du tout dans l’antisémitisme biologique par exemple. C’est très très net. Il ne pense pas que les juifs sont juifs parce qu’ils appartiennent à une race. Et le mot race, dans ce cas, est à prendre avec des pincettes. (…) Pétain parlait de la race française. C’est comme si on parlait de la race limousine… pour… les vaches. Le mot race est très très malléable. Or les nazis avaient chargé le mot race d’une sorte d’idéologie biologiste pourrait-on dire qui faisait que quand on naissait juif on était de toute façon condamné à être juif par naissance. Tandis qu’il y a un antisémitisme plus culturel en Allemagne qui fait des juifs l’incarnation de ce qui nous menace. Et c’est pour cela qu’on peut mettre à la place des juifs les américains. Parfois on peut y mettre les soviétiques. Il y a une sorte de place aménagée pour y mettre ce que l’on considère comme menaçant (…) C’est comme un déclin… une pente inévitable sur laquelle on glisse… l’on se cramponne pour rester ce qu’on est… pour ne pas être entraîné dans la chute. Et puis on désigne ceux qui savonnent la planche. C’est de cet ordre. Je le dis là très rapidement. Mais il faudrait consacrer un travail sérieux. Parce que ça ne sert à rien de simplement dénoncer la collusion entre Heidegger et le nazisme. Elle est réelle. Mais elle repose aussi sur des espèces de décalages intellectuels qui font qu’on ne peut pas dire que Heidegger ait été un nazi de la nature des nazis SS. Himmler, par exemple, il le détestait. Il détestait tous ces hommes gris, les Eichmann, les gens dans l’administration de la mort. Lui il était plutôt du côté des SA. C’est-à-dire les SA ce sont les gens en culottes courtes… qui vont dans la forêt… allument des feux. Ils veulent être près de la nature. Le juif, ou l’américain (…) l’ennemi c’est celui qui n’aime pas ce retour à la nature, à l’enracinement. C’est pour cela que j’ai dit que Heidegger était un homme rustique ».
Ces déclarations posent beaucoup de questions. La première est sans doute celle de savoir si le racisme culturel, non biologique, ne serait pas au moins aussi meurtrier, voire davantage, que le racisme biologique. Heidegger a ainsi élaboré toute une idéologie de «l’enjuivement » laquelle, parce que formulée en termes « spirituels », avait sans doute une plus grande force de pénétration dans les milieux intellectuels.
Cela ne fait pas au reste de Heidegger un auteur pratiquant l’abstinence de l’usage du terme de race. Dans un séminaire inédit de l’hiver 1933-1934 Heidegger écrivait : « … un mot comme la « santé du peuple », ce qui est ressenti n’est rien d’autre que « le lien avec l’unité du sang et de la souche, l’unité de la race ».
Le terme utilisé par Heidegger est celui de « Rasse ». (La référence se trouve page 115 de la première édition de Heidegger, l’introduction du nazisme dans la philosophie d’E. Faye).
Heinz Wismann oppose par ailleurs les « gris SS » aux folkloriques et romantiques SA. Ils ont des « culottes courtes… vont dans la forêt… allument des feux ». Sans autre indication on pourrait croire que les SA étaient de gentils et sympathiques nazis. Outre le fait que le « biologisme » devait être répandu parmi eux on pourrait reprocher à Heinz Wismann de n’avoir pas signalé que les SA furent les premiers à organiser systématiquement la persécution des juifs.
La photographie ci-dessus montre des SA persécutant un couple mixte. La femme déclare être une truie (pour vivre avec un juif) et l’homme (qui n’est pas « allemand » mais « juif ») ne s’intéresser qu’aux femmes allemandes.
Quoiqu’il en soit, par ses déclarations appelant à l’extermination totale de l’ennemi intérieur Heidegger ne s’est pas contenté d’un antisémitisme d’idée. En ce sens la formation particulière des SS, qui éliminèrent Röhm et de nombreux cadres SA, aura favorisé le passage d’un antisémitisme réactif et primaire à un antisémitisme génocidaire hautement organisé.
Je ne vois pas de contradiction, ici, entre les SS et le « philosophe » qui en appelle à l’extermination totale.
Rappel de blog :
« L’ennemi est celui-là, est tout un chacun qui fait planer une menace essentielle contre l’existence du peuple et de ses membres. L’ennemi n’est pas nécessairement l’ennemi extérieur, et l’ennemi extérieur n’est pas nécessairement le plus dangereux. (…) L’ennemi peut s’être enté sur la racine la plus intérieure de l’existence d’un peuple, et s’opposer à l’essence propre de celui-ci, agir contre lui. D’autant plus acéré, et dur, et difficile est alors le combat, car seule une partie infime de celui-ci consiste en frappe réciproque; il est souvent bien plus difficile et laborieux de repérer l’ennemi en tant que tel, de le conduire à se démasquer, de ne pas se faire d’illusions sur son compte, de se tenir prêt à l’attaque, de cultiver et d’accroître la disponibilité constante et d’initier l’attaque depuis le long terme, avec pour but l’extermination totale. »
in Heidegger, l’introduction du nazisme dans la philosophie, Emmanuel Faye, Albin Michel 2005, page 276.(GA 36/37, 90-91).
.Vous avez bien lu Heidegger : il sera « plus acéré, et dur, et difficile » de procéder à des rafles d’adultes, de vieillards et d’enfants que de se battre en « frappe réciproque ».
Heidegger : « C’est pourquoi avoir le coeur joyeux au travail est si important. Ce n’est pas là une disposition affective qui ne fait qu’accompagner notre travail, ce n’est pas un supplément au travail; mais la joie comme disposition affective fondamentale est le fondement d’un vrai travail, dont l’accomplissement seul rend l’homme apte à être-le-là ». (La logique comme question en quête de la pleine essence du langage, page 183).
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