12.00
Normal
0
21
false
false
false
FR
X-NONE
X-NONE
MicrosoftInternetExplorer4
/* Style Definitions */
table.MsoNormalTable
{mso-style-name: »Tableau Normal »;
mso-tstyle-rowband-size:0;
mso-tstyle-colband-size:0;
mso-style-noshow:yes;
mso-style-priority:99;
mso-style-qformat:yes;
mso-style-parent: » »;
mso-padding-alt:0cm 5.4pt 0cm 5.4pt;
mso-para-margin-top:0cm;
mso-para-margin-right:0cm;
mso-para-margin-bottom:10.0pt;
mso-para-margin-left:0cm;
line-height:115%;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:11.0pt;
font-family: »Calibri », »sans-serif »;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-font-family: »Times New Roman »;
mso-fareast-theme-font:minor-fareast;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;}
.
Dans ces « questions et réponses » du 9 aout 2013 de l’Université populaire de Caen Michel Onfray a répondu à cette question d’un auditeur : « Comment peut-on être heideggerien aujourd’hui? »
Il a mis en avant une notion de prélèvement. Acceptant le mythe d’un Heidegger résistant spirituel au nazisme nombreux sont ceux qui prélèvent un aspect du riche corpus heideggerien : la critique de la technique, l’assomption de la poésie, la conception de l’art, l’anti cartésianisme…
On se réclame ainsi de Heidegger mais en prenant soin de tenir à distance la signification globale de la démarche du penseur.
Onfray précise qu’il est de même possible de prélever ce qui est nazi chez Heidegger. Toutefois, estime-t-il, les néonazis ne sont pas assez intelligents pour se livrer à un tel travail.
Résumons :
1) Heidegger a été nazi
2) Des non nazis prélèvent des aspects partiels de l’oeuvre heideggerienne en faisant l’économie d’une critique politique de la démarche de Heidegger.
3) Les néo nazis sont trop bêtes pour développer un discours à partir des aspects nazis du texte heideggerien.
Cette argumentation est contradictoire. Dans la mesure même où des auteurs comme Jünger et Heidegger ont été nazis – et non des « résistants de l’intérieur » – cela fait la démonstration qu’on peut être intellectuel, intelligent, excellent écrivain, penseur et nazi.
Aujourd’hui même le lecteur intelligent de Heidegger qui privilégie la dimension politique de l’oeuvre heideggérienne ne va pas le clamer sur les toits!
Théorème : Il existe au moins un intellectuel nazi qui opère une lecture néo nazie de Heidegger.
Il est impossible que Heidegger n’ait pas de successeur intelligent et néo-nazi.
J’ai déjà dit ailleurs cette chose « monstrueuse » : la shoah est un crime d’université.
Certes les nazis ont investi l’université et l’ont « mise au pas ». Mais certains n’attendaient que cela. Et puis, surtout, le rôle des jeunesses universitaires hitlériennes a été déterminant. Le nouveau génie de la philosophie, en la personne de Heidegger, a même pris spirituellement leur tête !
Jamais l’antisémitisme d’affect ne serait devenu systématiquement meurtrier, « rationnel », si l’université n’avait pas prêté, souvent avec zèle, son concours au génocide. On croit parfois résoudre l’énigme en imaginant des masses fanatisées et haineuses. L’énigme se résout – je veux bien admettre qu’elle ne ferait que se déplacer – en admettant que sans la rationalité de l’université (de la médecine à l’anthropologie en passant par la logistique des transports et l’architecture) jamais des millions de personnes, en général originaires de l’Europe de l’ouest, n’auraient pu être assassinées en un peu plus de deux ans.
Méditons ainsi sur la proximité de ces deux textes. Le premier est de Hitler et date des années 20. Le second est de Heidegger et date de 1934.
HITLER : « L’antisémitisme, en tant que mouvement politique, ne doit pas et ne peut pas être déterminé par le sentiment, mais par le sens des réalités… L’antisémitisme qui s’inspire uniquement des sentiments s’exprime finalement sous la forme de pogromes. L’antisémitisme rationnel, au contraire, doit conduire à une lutte planifiée et légale et à l’élimination des privilèges que les juifs possèdent chez nous à la différence des autres résidents étrangers (législation des étrangers). Mais son but ultime doit être inébranlablement l’élimination pure et simple des juifs. »
HEIDEGGER : « L’ennemi est celui-là, est tout un chacun qui fait planer une menace essentielle contre l’existence du peuple et de ses membres. L’ennemi n’est pas nécessairement l’ennemi extérieur, et l’ennemi extérieur n’est pas nécessairement le plus dangereux. (…) L’ennemi peut s’être enté sur la racine la plus intérieure de l’existence d’un peuple, et s’opposer à l’essence propre de celui-ci, agir contre lui. D’autant plus acéré, et dur, et difficile est alors le combat, car seule une partie infime de celui-ci consiste en frappe réciproque; il est souvent bien plus difficile et laborieux de repérer l’ennemi en tant que tel, de le conduire à se démasquer, de ne pas se faire d’illusions sur son compte, de se tenir prêt à l’attaque, de cultiver et d’accroître la disponibilité constante et d’initier l’attaque depuis le long terme, avec pour but l’extermination totale. »
in Heidegger, l’introduction du nazisme dans la philosophie, Emmanuel Faye, Albin Michel 2005, page 276.(GA 36/37, 90-91).