Skildy en phiblogZophe

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« Je crois à la nécessité d’exhiber, si possible sans limites, les adhérences profondes du texte heideggérien (écrits et actes) à la possibilité et à la réalité de tous les nazismes » (J. Derrida).

Sur la tombe de Elfride et Martin Heidegger, tous deux anciens membres actifs du parti nazi, le « philosophe » a fait poser une petite étoile à 8 branches :

Heide Trois

Or cette étoile figure parmi les esquisses dessinées par Adolf Hitler en vue de ce qui sera la croix gammée ou svastika.

vlcsnap-2014-04-29-23h02m55s129Tout Heidegger est là : on croit voir une étoile à 8 branches – 8 comme la lettre H – mais il s’agit en réalité d’une croix gammée.

Il y a plus, par ailleurs. Svastika est le nom sanscrit de la croix gammée.

Or le sanscrit « asti », dans le mot « svastika », signifie être, existence!

Quand au phonème « sv » il dérive d’un terme signifiant « bon », « heureux ».

« Svastika » veut donc dire quelque chose comme « heureuse existence »!

Heureux furent les temps où régnait la croix gammée!


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Listes des pages depuis mai 2013

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CC

HH2

« Heidegger, l’introduction du nazisme dans la philosophie » (E. Faye).

C’est dans un livre de Markus Gabriel – Pourquoi la pensée humaine est inégalable – qu’on trouve ce document à propos de Martin Heidegger. Le pâtre de Todtnauberg dit son enthousiasme pour Hitler, 4 ans après la publication d’Etre et temps.

Charlie

„Le recteur peut aujourd’hui paraître en uniforme de la SA au lieu de la robe officielle de vieille tradition. A-t-il par là fait la preuve que l’université a changé? Cela, tout au plus, jette un voile sur le fait qu’au fond tout reste comme avant. Nous pouvons faire complètement nôtres les nouvelles obligations et les nouvelles dispositions, et pourtant nous fermer au mouvement véritablement propre de l’événement“. (Heidegger, La logique comme question en quête de la pleine essence du langage, Gallimard 2008, page 92)

 

C’est à propos de Heidegger que se joue l’essentiel de la réflexion relative aux événements intervenus il y a plus de soixante dix ans. Et qui continuent d’être une menace pour le futur de l’humanité.

 

« Heidegger, l’acheminement vers l’Holocauste », (Julio Quesada).

« Un petit penseur et un grand nazi », (Henri Meshonnic).

« … Heidegger… a activement collaboré à l’antisémitisme nazi… » (Francis Kaplan).

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LIVRES A LIRE :

Faye

Faye 2

Rastier

DOM

S’il est vrai que la Shoah est le désastre majeur du xxe siècle et qu’elle met en question le statut même de l’être humain, quel en est le retentissement dans la philosophie ? Les penseurs étudiés, dans leur immense majorité, furent contemporains du nazisme. Un abîme sépare cependant ceux qui, de près ou de loin, furent victimes (Améry ou Arendt, par exemple) de ceux, qui par leurs écrits et leur vie, ont acclamé le Reich et la « destruction des Juifs d’Europe », tels Heidegger. Comment les philosophes qui ont résisté (Améry, Jankélévitch notamment) pourraient-ils ressembler à ceux qui, en collaborant, ont contribué à faire sombrer la philosophie avec eux ? Comment d’autres, ni victimes ni acteurs de la Shoah, mais parfois témoins, pensent-ils ce qu’ils ont vu et vécu ?

Quels usages ces penseurs font-ils de la tradition philosophique pour penser les horreurs commises entre 1933 et 1945 ? Ces réactions éventuelles sont-elles de nature à éclairer la Shoah ? Ou plutôt à obscurcir encore ce comble de l’antisémitisme assassin ? Les travaux des historiens qui ont peu à peu mis en lumière la spécificité du génocide des Juifs et du crime contre l’Humanité ont-ils sollicité et instruit les philosophes ? Quelle est la légitimité du piédestal sur lequel on a hissé certaines célébrités philosophiques contemporaines ?

Il apparaît que la « Shoah des philosophes » ne ressemble ni à celle des historiens, ni à celle des écrivains tels Primo Levi, Imre Kertesz ou Leib Rochman. Si les premiers cherchent à édifier une connaissance objective et critique et les seconds une élaboration sensible, l’attitude de la plupart des philosophes frappe par sa froideur, comme si l’intelligence conceptualisante devait se fermer à toute empathie.

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Leçon inaugurale : Le nazisme heideggérien est-il un détail de l’histoire de la philosophie?

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Il est arrivé à Heidegger d’écrire le mot être biffé d’une croix. C’est être dupe que de recevoir ce script comme le geste d’une sorte d’ontologie négative. La croix évoque en réalité le Geviert – le Quadriparti – et celui-ci est une transposition destinée à donner une valeur symbolique et leurrante à la croix gammée, au svastika nazi. Notre propre tag est une question : la reconnaissance académique de Heidegger justifie-t-elle qu’on minimise voire qu’on nie son nazisme?


« L’ennemi est celui-là, est tout un chacun qui fait planer une menace essentielle contre l’existence du peuple et de ses membres. L’ennemi n’est pas nécessairement l’ennemi extérieur, et l’ennemi extérieur n’est pas nécessairement le plus dangereux. (…) L’ennemi peut s’être enté sur la racine la plus intérieure de l’existence d’un peuple, et s’opposer à l’essence propre de celui-ci, agir contre lui. D’autant plus acéré, et dur, et difficile est alors le combat, car seule une partie infime de celui-ci consiste en frappe réciproque; il est souvent bien plus difficile et laborieux de repérer l’ennemi en tant que tel, de le conduire à se démasquer, de ne pas se faire d’illusions sur son compte, de se tenir prêt à l’attaque, de cultiver et d’accroître la disponibilité constante et d’initier l’attaque depuis le long terme, avec pour but l’extermination totale. »

in Heidegger, l’introduction du nazisme dans la philosophie, Emmanuel Faye, Albin Michel 2005, page 276.(GA 36/37, 90-91).

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Vous avez bien lu Heidegger : il sera « plus acéré, et dur, et difficile » de procéder à des rafles d’adultes, de vieillards et d’enfants que de se battre en « frappe réciproque ».

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Heidegger : « C’est pourquoi avoir le coeur joyeux au travail est si important. Ce n’est pas là une disposition affective qui ne fait qu’accompagner notre travail, ce n’est pas un supplément au travail; mais la joie comme disposition affective fondamentale est le fondement d’un vrai travail, dont l’accomplissement seul rend l’homme apte à être-le-là ». (La logique comme question en quête de la pleine essence du langage, page 183).

.((La photographie ci-dessus est extraite de l’album Karl Höcker).

« Dans la langue en tant que telle advient le débat qui tranche entre Etre et non-être. »

Heidegger, Les hymnes de Hölderlin : La Germanie et le Rhin, Gallimard 1988, page 71

Ou l’héroïque combat des heideggero-hitlériens contre les enfants.

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Le national-socialisme est un principe barbare. C’est ce qui constitue son essence et sa possible grandeur. Ce n’est pas lui le danger : le danger est de le rendre anodin en en faisant un sermon sur le Vrai, le Bien et le Beau (comme lors d’une soirée de formation). (Heidegger)

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vlcsnap-2014-03-28-20h28m27s136Le national-socialisme est un principe barbare. C’est ce qui constitue son essence et sa possible grandeur. (Heidegger)

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Voici comment, après la guerre, Martin Heidegger se plaignait de ce que l’Allemagne était devenu un camp de concentration : « La reconnaissance manquée de ce destin qui ne nous appartenait même pas, le fait de nous avoir réprimés dans notre vouloir le monde, ne serait-elle pas, pensée du point de vue du destin, une culpabilité, et une ‘culpabilité collective’ encore plus essentielle dont l’énormité ne saurait être mesurée à l’horreur des ‘chambres à gaz’, une culpabilité plus inquiétante encore que tous les crimes dont on pourrait nous accuser sur la place publique et que personne ne voudra certainement pardonner de par le futur ? Est-ce que l’on imagine que le peuple allemand et son pays sont déjà devenus un camp de concentration, un camp que ‘le monde’ n’a encore jamais ‘vu’ et que d’ailleurs ‘le monde’ ne veut pas voir, et que ce non-vouloir est encore plus volontaire que notre absence de volonté face à la dégénérescence du national-socialisme ? »


Ce qui nous attend…

ZZZ Reich Heidegger

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Emmanuel Faye

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bandicam 2015-04-24 15-02-43-355Martin Heidaechgger doit être content.
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On peut ici visionner une vidéo sur l’expérience du « vide de la mémoire » du Musée Juif de Berlin de l’architecte Daniel Libeskind :

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On ferait bien de ne plus rien lire de Heidegger sans soulever de questions politiques… On doit relire ses oeuvres – particulièrement, mais pas exclusivement à partir de 1933 – en étant extrêmement attentif au mouvement politique auquel Heidegger a délibérément lié ses idées. Sans cela, je crois qu’on s’interdit de les comprendre.

Thomas Sheehan, cité par Richard Wolin dans La politique de l’être, Editions Kimé. 

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L’«affaire» Heidegger n’aura été que celle de l’aveuglement parfois complice de divers milieux académiques et de bien des intellectuels de renom. Mais une philosophie qui appelle au meurtre est-elle autre chose qu’une idéologie dangereuse ? De fait, des ultra-nationalistes russes influents, comme Alexandre Douguine, ou des islamistes comme Omar Ibrahim Vadillo s’appuient de longue date sur Heidegger pour prôner la supériorité raciale et la guerre totale. Dans le scénario noir, tel que Heidegger l’a programmé, la radicalisation inscrite dans son projet éditorial peut revêtir alors une valeur éducative, en prônant un antisémitisme renouvelé, un ultra-nazisme radicalisé et philosophiquement légitimé.

François Rastier, Directeur de recherches au CNRS.

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« Dans le tournant s’éclaircit soudainement la clairière de l’essence de l’être. Cette soudaine éclaircie est l’éclair ». (Heidegger, La Fin de la philosophie et le tournant, Questions III et IV, Tel Gallimard, Paris 1976, page 316)

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Emmanuel Faye à Donatella Di Cesare : « Pour en revenir au fond des choses, avez-vous lu une partie des 1800 pages maintenant publiées des Cahiers noirs, avec ses innombrables diatribes contre la philosophie, particulièrement en 1934 (GA 94) et en 1946 (GA 97)? Je crois que l’on est vraiment mal informé en France, car la lecture de ces volumes passe l’entendement. Il est difficile de sortir indemne d’une pareille lecture, croyez-moi ».


21 commentaires à Skildy en phiblogZophe

  1. Maudir ou culpabiliser?
    D’accord, maudir vient tout droit au totalitarisme, puisqu’un autre me juge, plus encore, une foule inepte me juge sans appel (Masse et puissance, Canetti).
    Ce mouvement de maudir est irrépressible (lire cette extraordinaire Histoire d’un Allemand, de Sebastien Haffner).
    Mais faut-il maudir celui qui maudit? Ce mouvement n’est-il pas l’entame d’un cercle vicieux?
    Entendez-vous l’appel de Dostoïevski « Chacun de nous est coupable devant tous pour tous et pour tout, et moi plus que les autres » ?
    La réplique de Dostoïevski, amplifiée notamment par Levinas, appelle à dépasser l’image du maudit par une foule à son tour maudite, autant que ses maîtres, car enfin, à quoi aboutit ce système, sinon à une infinie condamnation réciproque.
    Cette réplique, ce saut dialectique, peut être suivi d’un autre saut, qui à mon avis renforce et consacre le premier: aimer l’autre. Il faut aller lire Jean-Luc Marion pour sentir l’ampleur de ce saut, son élan à mon avis décisif.

    Pour conclure: peu importe que je sois maudit. Mieux encore, j’en ris (Heidegger, c’est, vrai, en souriait, lui le maudit).
    Je suis coupable, je le clame, mais qu’importe puisque j’aime et que, mieux encore, je suis aimé, je le crois.

    Croire, c’est là que je trouve pour finir mon essor.

  2. Je suis coupable d’avoir écrit « maudir » et pas « maudire ».
    Ce que c’est que l’empressement.
    Je présente toutes mes excuses.

  3. Estimés compagnons : je suis un essayiste et un traducteur et je divulgue des textes inconnus en espagnol de Heidegger depuis des articles et de mon blog:

    http://fliegecojonera.blogspot.com/

    Eux j’ai « linkeado » dans ma page. Je les félicite. Une salutation depuis Séville, l’Espagne.

  4. Un grand bravo à « ravissement », qui réussit à faire de Heidegger un « maudit » qui « en souriait » (ah bon ? peut-on me donner une citation où il sourit de lui-même ou de sa situation ?). Un maudit … au même titre que Sebastian Haffner, le juif allemand persécuté ? … monsieur le ravi a toutes les audaces …
    Les grands élans mystico-érotico-philosophiques permettent bien des choses, et je vois que la purée théologico-phénoménologique porte ses fruits. Monsieur pourra aller applaudir son maître Jean-Luc Marion de ma part, son élève accomplit des tours de passe-passe intellectuels dignes de lui.
    Monsieur « ravissement » est aimé, j’en suis fort aise. Ce n’est pas par moi, et qu’on ne me parle pas de charité chrétienne si elle ne s’accompagne pas de justice – elle est alors celle qui accompagne les anciens nazis jusqu’en Amérique latine via la complaisance active de la hiérarchie catholique, pas celle des Justes chrétiens, qui furent heureusement nombreux.
    J.V.

    Rédigé par : Julien Vertummus | le 04/12/2007 à 15:33 | Répondre | Modifier
  5. « Heidegger : “C’est pourquoi avoir le coeur joyeux au travail est si important. Ce n’est pas là une disposition affective qui ne fait qu’accompagner notre travail, ce n’est pas un supplément au travail; mais la joie comme disposition affective fondamentale est le fondement d’un vrai travail, dont l’accomplissement seul rend l’homme apte à être-le-là”. (La logique comme question en quête de la pleine essence du langage, page 183). »

    Je ne vois pas en quoi cette citation est accablante à moins d’y introduire un sens par avance de manière plus ou moins consciente. Peut-être est-ce là une référence de votre part au fameux « Arbeit macht frei » mais cela relève bien plus d’un procès d’intention que d’une réelle démarche rigoureuse, et l’accompagner de cette photographie est un procédé tout à fait facile. Dans le texte « La logique comme question en quête de la pleine essence du langage » on y trouve du Nazisme que si l’on veut à tout prix en trouver. Personnellement j’y ai surtout trouvé, pour ce qui concerne la politique, un démontage en règle du libéralisme sauvage.

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    Réponse de Skildy :

    Je n’aurais pas cédé à cettte « facilité », comme vous dites, si je n’avais pas eu d’autres arguments. Dans le livre Heidegger fustige la mollesse du rectorat SA; légitime la « voix du sang »; en appelle à la « décision ultime ». Le cours de Heidegger est ultra-hitlérien. Vous y avez vu « un démontage en règle du libéralisme sauvage ». La belle affaire! Dans le discours  nazi un tel démontage a une surtout une signification antisémite.

    De toutes façons l’exaltation de la joie au travail est au minimum fasciste. Chez Heidegger cela s’associe à l’antisémitisme nazi.

    Skildy

  6. Je vous découvre et n’ai pas encore tout lu. Je ne manquerai pas de vous lire.
    Dores et déjà, merci pour votre travail qui va à contre courant de l’heddegérianisme généralisé: on a besoin de ce travail pour penser la situation, penser le langage et la théorie du langage.
    Que je sache, vous n’avez pas encore cité « Le langage Heidegger » de HenriMeschonnic: indispensable! mais il est vrai au pilon à ce jour (j’en ai qq exemplaires, si vous en voulez). Il y a aussi (disponible, cette fois-ci) « Heidegger et le national-essentialisme » chez Laurence Teper.
    Si vous voulez une note de lecture sur cet ouvrage, j’ai publié une note dans Europe (je la joins ci-dessous).
    Je vous mets dans les liens sur mon blog.
    Bien cordialement à vous,
    Serge Martin
    Université de Caen

    Henri Meschonnic, Heidegger ou le national-essentialisme, Éditions Laurence Teper, 200 p., 14 €

    Henri Meschonnic ne peut écrire autrement que comme il écrit et cela peut déplaire ! C’est que s’il écrivait comme écrivent beaucoup aujourd’hui il ne pourrait penser ce qui plombe la pensée et l’écriture de bien des penseurs mais aussi écrivains, poètes aujourd’hui depuis déjà longtemps. Car le ciel et la terre de la pensée sont plombés par Heidegger qu’on ne sait pas lire puisque les heideggériens en France empêche même de le lire – mais Meschonnic montre qu’il n’y a pas qu’en France. Et le lire, c’est tout simplement observer que Heidegger maximalise, pousse à leur maximum une série d’essentialismes qui tiennent l’un par l’autre dans la logique du réalisme – d’où certainement la beauté de cette puissance qui soit méduse et oblige au psittacisme formulaire soit insupporte et conduit à l’anathème sans considérer ce qui est en jeu. Car ce qui est en jeu pour Meschonnic, c’est de comprendre les effets éthiques et politiques d’un débat qui n’est pas à renvoyer au Moyen Age ou à réserver aux spécialistes de la logique philosophique mais bien de faire de ces deux notions, réalisme et nominalisme, « un critère pour s’y retrouver » (p. 11). Pourquoi ? parce que « la réalité profonde des débats est entre le sens des individus, des vivants, et la massification qui ne permet pas de penser le sujet. Rejeté au psychologisme » (p. 16). Et quant au réalisme logique, Heidegger s’y connaît puisqu’il « a une phobie du sujet, d’où chez lui une essentialisation généralisée » (p. 17). Aussi, de ce point de vue, Heidegger n’est pas à réserver aux philosophes mais sa « mondialisation, qui inclut et déborde la France » est certainement « facilitée par toutes les autres mondialisations, en particulier celle des techniques de communication, qui tendent à globaliser, à massifier. À faire qu’on ne pense pas le langage, réduit à la communication » (p. 19). Hypothèse cruciale pour lire ce livre et aller jusqu’à sa lecture-traduction du texte Le Danger, de 1949 où Heidegger accomplit « l’essentialisation maximale » et « la vraie solution finale » non achevée par les nazis.
    Ce livre est beaucoup moins épais que Le Langage Heidegger (PUF, 1990) qui, à ma connaissance, était la première tentative de lecture au plus près des textes, de Heidegger, et reste à ce jour la seule malgré le silence assourdissant des philosophes officiels. Aussi Meschonnic ne reprend-il ici que cette conférence de 1949 connu seulement en 1994 qu’il lit au plus près. De ce point de vue, le livre d’Emmanuel Faye (Heidegger, l’introduction du nazisme dans la philosophie, Albin Michel, 2005) malgré tout son intérêt est-il « insuffisant » (p. 147) car ce n’est pas par « simple inhumanité, que Heidegger n’a même plus besoin de nommer les Juifs. Ils sont inclus en même temps qu’ils disparaissent dans et par son national-essentialisme » (p. 150), propose Meschonnic. Plus précisément, « par l’essentialisation généralisée de l’Être et de la Mort ». Et il suffit de lire Heidegger sans « fabriquer du compliqué là où Heidegger est simple » (p. 157) comme fait le « jargon heideggérianisant » qui « masque l’essentialisme » et donc la désuhumanisation qu’il opère. Jargon du collectif de « philosophes » qui veulent penser Heidegger à plus forte raison (Fayard, 2007) mais qui « sont tellement dans l’essentialisme qu’ils ne le voient plus » (p. 165).
    Ce livre de Meschonnic soulève la chape de plomb des années Heidegger en France mais également combat le réalisme logique qui empêche de penser, de penser le langage parce que sans cette attention qui est une éthique de la pensée, c’est toujours le vieux réalisme logique qui triomphe, c’est-à-dire, « l’ennemi de la vie, des vivants » (p. 173). Cet ouvrage poursuit donc une enquête sur le réalisme logique avec Heidegger en intégriste (p. 148), en « grand scolastique » (p. 133). Mais l’enquête est d’abord « un combat du nominalisme des vivants contre le théologico-politique » (p. 30) partout où il crève les yeux. Dans cette enquête, il y a le test de ce qu’on fait à la Bible (une origine ou un fonctionnement ?) et celui du religieux qui l’emporte sur le divin ou pas, faisant place ou pas à « une vie humaine » (Spinoza) contre le théologico-politique (p. 85), organisant ou pas une substantialisation qui conduit à poser l’universel comme un modèle abstrait quand « seul le singulier chaque fois est l’universel » (p. 81). Alors on peut en vouloir à Meschonnic de ses « minuties » (p. 124) mais on est bien obligé de relire de plus près ceux qu’ils passent au crible du « vieux débat » d’une actualité vitale, chapitre après chapitre : Levinas, Jaspers, Husserl, Gadamer, Leo Strauss, Hannah Arendt, Agamben mais aussi Jean-Claude Milner et enfin Alain Badiou ou encore Marlène Zarader et il y a aussi Voltaire. Cette enquête est large, trop ambitieuse diront certains, mais elle montre un ensemble qui fait système et pointe comment cette configuration de pensée n’est pas l’addition de spécialités régionales ou de propositions locales mais bien autant d’éléments qui participent à « l’impensé des effets éthiques, politiques et poétiques du réalisme logique » (p. 114), et qui contribuent tous pour une part à l’« effacement de l’effacement opéré par la théologie chrétienne, et l’intégrisme essentialiste du langage chez Heidegger » (p. 138). Si l’enquête parvient à montrer ce fonctionnement qui fait système, imposant le réalisme en effaçant sa pensée même et par là celle du nominalisme, c’est qu’elle passe par le rappel inlassable du primat de la théorie du langage qui elle-même oblige à la critique du signe, à la critique de ce qu’on ne voit même plus et surtout de ce qu’on n’entend plus. C’est bien pour cela que Meschonnic ne peut écrire autrement que comme il écrit et que cela passe pour inacceptable. Mais la pensée et le poème de la pensée demandent plus que des pours et des contres ; ils demandent de « penser l’interaction langage-poème-art-éthique-politique » (p. 9). Ce que poursuit un autre ouvrage de Meschonnic, Ethique et politique du traduire (Verdier, 190 p., 15€). Il y a dans ce livre un climat qui répond à ce que disait Etienne Dolet en 1540 : « sans grande observation des nombre un grand Autheur n’est rien » (cité p. 114) puisque, en 16 points, il reprend « chaque fois sous un angle différent » (p. 99, note 1) ce principe de l’interaction contre tous les essentialismes et les théologismes. Lesquels empêchent de transformer toute la théorie du langage dans et par l’activité de « traduire », dans et par « une éthique et une politique du traduire » qui engagent à « avoir du poème dans la voix » (p. 151). Et avec de tels livres, on est fixés : si « personne n’a tout à fait la même voix » (ibid.), celle de Meschonnic n’est pas faite de « bois mort », de « bois extrêmement habitué », pour reprendre à Péguy (cité p. 151). Et alors on constate que les « habitués » ne peuvent supporter cette voix : on devrait en rire ne serait-ce que pour rappeler que « ce qui est dit n’est pas séparable du mouvement avec lequel c’est dit, comme ce que vous donnez n’est pas séparable de la manière dont vous le donnez, et alors on n’est plus dans le discontinu de la forme et du sens, on est dans le continu d’une physique du langage. C’est le poème de la pensée » (p. 154). Par là, ces deux livres font bien un poème de la pensée-relation.
    Serge Martin

  7. Purée….. ! Superbe.
    J’apprécie votre photo, déjà vue ailleurs, de ces petites femmes festoyant avec des soldats allemands de la 2e.
    vous ne pourriez pas avoir un pseudo plus simple ?

  8. Salut,

    Et merci pour ce long et continu travail de decryptage, que je découvre aujourd’hui. Lire toutes critiques me renvoie à mes propres interrogations, qui tournent autour du rôle de l’écologie dans le nazisme, de la nébuleuse théosophique et Fabian, et de la façon dont le nazisme a survécue en Allemagne dans les groupes new-age (voire par exemple Peter Kratz).

    La critique de la technique évoquée dans le Heidegger post-guerre (n’était-elle pas déjà présente sous la critique de l’industrialisation dans le NS ?) semble faire lien avec la tentative de faire survivre le NS. En tout cas cela recoupe ce que l’on entend sur les idées ecofascistes telle que présentées par Janet Biehl. Je serais ravi de savoir quels liens vous faîtes avec votre critique de Heidegger.

    A bientôt,
    Desbabas.

    PS la personne qui a des exemplaires en trop de le langage Heidegger pourrait-elle me dépanner ?

  9. Mes plus sincères félicitations pour votre blog, vous etes superbes, il manquait dans le web une réalité comme la vôtre.

    Etes-vous intéressés à une traduction de ma part en italien de vos éssais très importants qui concernent Heidegger?

    Merci pour votre attention,

    Max (de l’Italie).

  10. Me parece muy importante esta iniciativa por abrir este archivo.

  11. Vous écrivez que Heidegger voulait que le monde blanc garde sa suprématie dans les élites occidentales d’où son nazisme ; introduit de plus en philosophie . Mais je pose la question : Ou écrit-il cela ? Ou parle t-il de « monde blanc » devant garder sa domination ? Quelles sont les références exactes ?

    —-

    Il suffit de lire L’homme et la technique de Spengler. C’est textuellement dit.

    La thèse est que Heidegger intègre Spengler dans sa démarche.

    Heidegger, c’est Spengler avec le suicide en moins mais l’extermination en plus.

    Heidegger fut l’ami fidèle d’Eugen Fischer qui, « raciologue », se fit la main sur les Hereros en Afrique.

    Il y a des sites bien documentés sur la question.

    Voir également la remarque sur les Cafres,  que voici :

    “L’histoire est la marque distinctive pour l’être de l’homme, c’est la détermination distinctive dans la question en quête de l’essence de l’homme.

    Si maintenant nous nous attelons à la question en quête de l’histoire, on pourrait penser que nous avons arbitrairement décicé de ce qu’est l’histoire, à savoir que l’histoire constitue la marque distinctive pour l’être de l’homme. On pourrait d’une part émettre l’objection qu’il y a des hommes et des groupes d’hommes (des Nègres, comme par exemple les Cafres) qui n’ont pas d’histoire, dont nous disons qu’ils sont sans histoire”. (La logique comme…, page 100).

    Et il a aussi tous les textes de Heidegger auxquels les chercheurs n’ont pas accés.

    Dans le fantasme nazi les Juifs d’Europe représentaient le monde, le cosmopolitisme. C’étaient les « esclaves en révolte ».

    Rédigé par : F-E | le 22/02/2010 à 12:15 | Répondre | Modifier
    • L’oeuvre de Heidegger compte des milliers de pages (correspondance inclue ) ; combien de lignes consacrées explicitement au national-socialisme ? Combien de lignes écrites sans prendre en considération un contexte politique comme le fait que Heidegger universitaire est contemporain de la prise de pouvoir par Hitler ? Ce qui doit l’amener à certaines prudences et stratégies .

  12. Il est clair que Heidegger n’a jamais parlé de « monde blanc ». Skildy vous réopndez à côté, Spengler est-il Heidegger ? Pas que je sache. Donc c’est Spengler qui attribue des mots à Heidegger, et vous reprenez ces attributations comme acquises, sans les justifier.

    Répétons donc la question : où Heidegger parle-t-il de monde blanc ?

  13. excusez moi de faire de la réclame
    mais pourquoi ne citez vous pas dans ce blog le dernier texte de jean -pierre faye « la plus grande tragédie philosophique et la crise » dans la crise , la bulle te l’avenir ed herman

    personnellement je suis le travail critique de cet auteur sur les déplacement (anti)philosophique de Heidegger depuis « la raison narrative » et j’ai trouvé ce dernier texte proprement superbe

    bonne lecture

    alec

    Rédigé par : alec | le 08/07/2010 à 22:34 | Répondre | Modifier
  14. Je souhaiterais connaitre l’opinion de l’animateur de ce site consacré à une critique de Heidegger , s’il l’a lu de l’ouvrage volumineux de Maxence CARON sur cet auteur :Pensée de l’être et origine de la subjectivité, ouvrage qui fut d’abord une thèse de doctorat ayant obtenue la mention très honorable avec félicitations unanimes du jury ? Maxence CARON semble être un auteur très prolixe , cet ouvrage est déjà suivi par d’autres aussi impressionnants par la quantité , même si ce jeune philosophe est encore peu reconnu , peut-être a à cause d’un christianisme intransigeant et clairement affiché

    Rédigé par : defer | le 07/10/2010 à 19:41 | Répondre | Modifier
  15. Skildy en phiblogZophe.Le titre du bien, a inspiré mon intérêt pour la lecture, n’est pas déçu après l’avoir lu。

  16. Bonsoir,
    Il semble que le travail que vous fournissez à démontrer le nazisme de Heidegger vous tient tellement à coeur qu’à la lecture de quelques articles je n’ai pu qu’approcher le fanatisme dont vous faites preuve. J’aimerais bien savoir, avec le soi-disant bon sens qui vous guide, comment le sens d’une démarche critique des textes heideggériens et de leurs nombreux et divers commentaires, peut à ce point manquer dans vos articles? Que Heidegger ait adhéré au nazisme, je crois que personne ne le récuse mais il me semble que vous devriez intégrer l’information suivante: Heidegger a récusé son adhésion au nazisme lors de l’année 1934. Je vous laisse méditer sur le propos de Heidegger à ce sujet:

    « Je croyais que Hitler, après avoir pris en 1933 la responsabilité de l’ensemble du peuple, oserait se dégager du Parti et de sa doctrine, et que le tout se rencontrerait sur le terrain d’une rénovation et d’un rassemblement en vue d’une responsabilité de l’Occident. Cette conviction fut une erreur que je reconnus à partir des événements du 30 juin 1934. J’étais bien intervenu en 1933 pour dire oui au national et au social (et non pas au nationalisme) et non aux fondements intellectuels et métaphysiques sur lesquels reposait le biologisme de la doctrine du Parti, parce que le social et le national, tels que je les voyais, n’étaient pas essentiellement liés à une idéologie biologiste et raciste. »

    Je n’ai jamais trouvé dans Sein un Zeit un quelconque fondement nazi, ni dans Holzwege et pas plus dans Was ist Metaphysik?

    Enfin tout ça pour dire que manipuler des gens qui ne prennent pas soin de lire vraiment les textes avec l’attitude de bienveillance requise pour la bonne compréhension du sens, attitude essentielle si l’on souhaite pouvoir se dire philosophe, n’est pas très compliqué. Votre lecture de Heidegger est à ce point et d’emblée partiale qu’elle ne peut que manquer un sens minimal d’objectivité. Bref, ce que vous faites est non seulement non pertinent mais aussi dangereux : on appelle ça une pensée idéologique car il n’y a pas plus menaçante que la pensée qui s’affirme transparente de toute idéologie. Le simple bon sens dont vous faites preuve mériterait une élucidation de vos présupposés et préjugés pour que je daigne accorder quelque crédit à des affirmations aussi péremptoires.

    Bref, il faudrait tout de même arrêter de nous prendre tous pour des cons…

    Rédigé par : wtf? | le 05/03/2012 à 23:28 | Répondre | Modifier
  17. Un blog désolant et navrant…Je ne me permettrais pas de vous critiquer, Monsieur, sans avoir pris soin de lire plusieurs de vos articles. Malheureusement ils se sont révélés aussi vides les uns que les autres. On a bien compris que vous érigez cet homme en nazi, ou plutôt en philosophe qui soutient par sa pensée la doctrine nazie et tend à la répandre via ses livres; mais vos articles ne présentent aucun ARGUMENT sérieux si ce n’est des phrases partiales et haineuses, des citations prises ici ou là dans des livres de critiques et de « spécialistes » (sans parler des photos que vous ajoutez à vos textes, histoire de donner plus de crédit à vos propos, à défaut de les soutenir par une argumentation solide et construite)…Jamais vous ne prenez la peine d’ »entrer » dans la pensée de Heidegger, et la manière dont vous réduisez ses textes à un manifeste nazi sont la preuve d’une profonde irrévérence pour la pensée philosophique, voire d’une certaine paranoïa…Vous ne citez aucun texte de Heidegger, vous n’en discutez aucun car, visiblement, vous ne possédez pas les connaissances philosophiques pour le faire. Il est navrant de voir que pour soutenir vos propos, vous vous contentez de citez UN extrait du bouquin de Faye (qui revient très souvent sur ce blog, faute d’autre appui sérieux). Vous me répondrez que vous citez parfois bel et bien Heidegger; cela est vrai…mais les commentaires que vous en tirez n’ont rien de philosophique. J’ai par ailleurs été scandalisé par la manière dont vous avez instrumentalisé les propos qu’il tient dans la Lettre sur l’Humanisme, texte fondamental dans sa réflexion sur le langage poétique et la grammaire – ce qui semble vous échapper totalement : votre aveuglement idéologique, voire votre haine, vous font dériver très loin des côtes de la philosophie pour vous faire échouer sur la plage- ô combien fréquentée aujourd’hui- du pseudo-journalisme anecdotique et ad hominem. En vous obstinant à lire (à défaut de comprendre) un texte sous un angle restreint et peu pertinent, vous en perdez complètement le sens. Il est, de plus, triste que l’auteur d’un blog qui se voudrait « philosophique » utilise des termes comme « biopolitique » ou « transcendantal » sans savoir ce qu’ils signifient CLAIREMENT…(je n’ose vous rappelez que le terme « transcendantal » a, rigoureusement, un sens KANTIEN qui renvoie aux conditions de possibilité a priori de la connaissance….et donc que l’expression « populisme transcendantal », que vous utilisez comme titre pour l’un de vos article pour critiquer Heidegger, n’a aucun SENS)…Je pense que la meilleure façon de s’en prendre à un philosophe – pour quelqu’un qui prétend aimer la philosophie et la culture comme vous- c’est de mettre au jour des lacunes internes à son système de pensée et non pas de faire correspondre sa pensée avec un régime politique, quel qu’il soit…

    Bien à vous.
    ——————————
    Quelques réponses à Pernette :
    .
    .

    Je vous réponds sur ce que je crois être l’essentiel et sous la forme d’un certain nombre de propositions :

    1 – Vous me reprochez d’avoir mis en avant, en le citant souvent, UN texte de Heidegger. Le non académisme – qui est aussi, je le concède, un vrai défaut – du phiblogZophe semble vous aider à permettre d’oublier que vous-mêmes, grande admiratrice de Heidegger et sincèrement philosophe, n’éprouvez ni sombre étonnement, ni écœurement, ni rage, ni haine à la lecture d’un tel texte.

    J’en refais donc ici, pour qu’on apprécie votre sens de l’étonnement philosophique, une nouvelle citation :

    « L’ennemi est celui-là, est tout un chacun qui fait planer une menace essentielle contre l’existence du peuple et de ses membres. L’ennemi n’est pas nécessairement l’ennemi extérieur, et l’ennemi extérieur n’est pas nécessairement le plus dangereux. (…) L’ennemi peut s’être enté sur la racine la plus intérieure de l’existence d’un peuple, et s’opposer à l’essence propre de celui-ci, agir contre lui. D’autant plus acéré, et dur, et difficile est alors le combat, car seule une partie infime de celui-ci consiste en frappe réciproque; il est souvent bien plus difficile et laborieux de repérer l’ennemi en tant que tel, de le conduire à se démasquer, de ne pas se faire d’illusions sur son compte, de se tenir prêt à l’attaque, de cultiver et d’accroître la disponibilité constante et d’initier l’attaque depuis le long terme, avec pour but l’extermination totale. »

    in Heidegger, l’introduction du nazisme dans la philosophie, Emmanuel Faye, Albin Michel 2005, page 276.(GA 36/37, 90-91).

    2 – Je trouve très intéressant que vous me reprochiez aussi l’usage de certaines photographies. Je ne peux que constater le parallèle, sur lequel je vous invite de méditer, entre votre iconoclastie et la volonté qu’ont eu les nazis d’œuvrer dans la Nuit et le brouillard ainsi que de supprimer toutes les traces de leurs crimes. Aussi, phiblogZophiquement, je me permets d’illustrer une fois de plus le propos abject de Heidegger par une photographie.

    3 – Ontologie fondamentale est le nom, chez Heidegger, de la légitimation spirituelle d’une conception de l’humain fondée sur la hiérarchie de ce que j’appellerai les «races culturelles ». Elle est fondamentale en tant qu’elle s’adjoint une biopolitique d’extermination. J’entends par là, très clairement, que l’usage du meurtre n’a que secondairement, dans le nazisme, pour fonction de terroriser. La mort industrielle, génocidaire, est précisément le pendant d’une politique de la vie conçue comme dispositif devant assurer la souveraineté absolue à une « race culturelle », à cette race qui parle la seconde langue de l’être après le grec. Une telle biopolitique c’est, par exemple, nettoyer des terres de la honte slave et les coloniser par des aryens.

    4 – Un des meilleurs amis de Heidegger, sinon le meilleur, fut Eugen Fischer, maître du bon docteur Mengele et organisateur, dans les environs de Fribourg, de l’extermination des handicapés.

    5 – Du point 3 il s’ensuit qu’il est toujours possible de philosopher académiquement en termes d’ontologie fondamentale. Mais lorsque Heidegger fait savoir que son projet est aussi d’en finir avec la « philosophie » c’est aussi une invitation à comprendre le sous-texte du texte à caractère philosophique.

    6 – C’est Heidegger lui-même, haineux de la philosophie, qui n’a eu de cesse de mettre en résonance le spirituel et l’idéologico-politique. Et cela passe par la question de l’Etre.

    7 – L’heideggerisme est un populisme dans le sens où, contre les analyses de la société, il promeut une conception organique d’un peuple qu’il flatte par ailleurs en lui faisant parler la seconde langue de l’être après le grec. Il est transcendantal au sens où sa formulation se veut précisément « scientifique », non vulgaire voire constitutive. C’est de l’ontologie !

    8 – Le terme « transcendantal », comme tous les termes, n’a pas de signification unique et pétrifiée. Vous vous référez au reste au contexte kantien. « Le sens d’un mot est son usage dans le langage » disait Ludwig Wittgenstein. Pour le phiblogZophe « transcendantal », à propos de populisme, signifie que la politique de la flatterie du peuple – qu’on peut alors par là prétendre gouverner d’une certaine manière – se revendique de la « science » (de celle qui pense, de l’ « allemande »), de la « pensée ». D’une certaine manière « transcendantal » est ici une métaphore. Mais son usage est aussi littéral si, par là, on veut dire que Heidegger s’institue comme « chef non empirique » et spirituel du Volk.

    9 – Etudier académiquement, philosophiquement, Heidegger ne peut être légitime, pour moi, qui si on se donne les moyens de reconnaître l’étendue de son nazisme pour le critiquer et le combattre.

    10 – Tel est le sens de la phiblogZophie : suspendre le rapport révérencieux et académique à Heidegger pour apercevoir le terrain, ses aspérités et ses abjections.

    .

  18. J’ai eu la chance de découvrir, par hasard, Phiblogzophe, une vraie bouffée d’oxygène à cette époque de Hannah Arendtolâtrie ! Bravo ! Connaissez-vous Isabelle Delpla,
    Le mal en procès. Eichmann et les théodicées modernes ? Commentaires ?

    Rédigé par : Nathan | le 24/05/2013 à 09:02 | Répondre | Modifier
  19. Bonjour,
    Je connaissais déjà les accointances de Heidegger avec les nazis
    mais je ne faisais pas le lien entre ses théories et le nazisme
    Les mêmes recherches peuvent se faire avec Mircea Eliade

    Je souhaite citer votre blog, son créateur et son gestionnaire
    Pouvez-vous m’indiquer ses renseignements
    Ainsi que l’auteur du contre-dictionnaire
    Merci
    Cordialement

    Rédigé par : Robert Salomon | le 19/03/2014 à 10:35 | RépondreSignaler un abus | Modifier
  20. Bonjour; je rédige un essai sur les Cahiers noirs de Heidegger; pourriez-vous me communiquer votre adresse mail, svp, Skildy?
    Vous y trouverez des traductions inédites et accablantes des tomes 94 à 96 de la GA.

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22 commentaires

  1. Maudir ou culpabiliser?
    D’accord, maudir vient tout droit au totalitarisme, puisqu’un autre me juge, plus encore, une foule inepte me juge sans appel (Masse et puissance, Canetti).
    Ce mouvement de maudir est irrépressible (lire cette extraordinaire Histoire d’un Allemand, de Sebastien Haffner).
    Mais faut-il maudir celui qui maudit? Ce mouvement n’est-il pas l’entame d’un cercle vicieux?
    Entendez-vous l’appel de Dostoïevski « Chacun de nous est coupable devant tous pour tous et pour tout, et moi plus que les autres » ?
    La réplique de Dostoïevski, amplifiée notamment par Levinas, appelle à dépasser l’image du maudit par une foule à son tour maudite, autant que ses maîtres, car enfin, à quoi aboutit ce système, sinon à une infinie condamnation réciproque.
    Cette réplique, ce saut dialectique, peut être suivi d’un autre saut, qui à mon avis renforce et consacre le premier: aimer l’autre. Il faut aller lire Jean-Luc Marion pour sentir l’ampleur de ce saut, son élan à mon avis décisif.

    Pour conclure: peu importe que je sois maudit. Mieux encore, j’en ris (Heidegger, c’est, vrai, en souriait, lui le maudit).
    Je suis coupable, je le clame, mais qu’importe puisque j’aime et que, mieux encore, je suis aimé, je le crois.

    Croire, c’est là que je trouve pour finir mon essor.

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  2. Un grand bravo à « ravissement », qui réussit à faire de Heidegger un « maudit » qui « en souriait » (ah bon ? peut-on me donner une citation où il sourit de lui-même ou de sa situation ?). Un maudit … au même titre que Sebastian Haffner, le juif allemand persécuté ? … monsieur le ravi a toutes les audaces …
    Les grands élans mystico-érotico-philosophiques permettent bien des choses, et je vois que la purée théologico-phénoménologique porte ses fruits. Monsieur pourra aller applaudir son maître Jean-Luc Marion de ma part, son élève accomplit des tours de passe-passe intellectuels dignes de lui.
    Monsieur « ravissement » est aimé, j’en suis fort aise. Ce n’est pas par moi, et qu’on ne me parle pas de charité chrétienne si elle ne s’accompagne pas de justice – elle est alors celle qui accompagne les anciens nazis jusqu’en Amérique latine via la complaisance active de la hiérarchie catholique, pas celle des Justes chrétiens, qui furent heureusement nombreux.
    J.V.

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  3. « Heidegger : “C’est pourquoi avoir le coeur joyeux au travail est si important. Ce n’est pas là une disposition affective qui ne fait qu’accompagner notre travail, ce n’est pas un supplément au travail; mais la joie comme disposition affective fondamentale est le fondement d’un vrai travail, dont l’accomplissement seul rend l’homme apte à être-le-là”. (La logique comme question en quête de la pleine essence du langage, page 183). »

    Je ne vois pas en quoi cette citation est accablante à moins d’y introduire un sens par avance de manière plus ou moins consciente. Peut-être est-ce là une référence de votre part au fameux « Arbeit macht frei » mais cela relève bien plus d’un procès d’intention que d’une réelle démarche rigoureuse, et l’accompagner de cette photographie est un procédé tout à fait facile. Dans le texte « La logique comme question en quête de la pleine essence du langage » on y trouve du Nazisme que si l’on veut à tout prix en trouver. Personnellement j’y ai surtout trouvé, pour ce qui concerne la politique, un démontage en règle du libéralisme sauvage.

    _____________________

    Réponse de Skildy :

    Je n’aurais pas cédé à cettte « facilité », comme vous dites, si je n’avais pas eu d’autres arguments. Dans le livre Heidegger fustige la mollesse du rectorat SA; légitime la « voix du sang »; en appelle à la « décision ultime ». Le cours de Heidegger est ultra-hitlérien. Vous y avez vu « un démontage en règle du libéralisme sauvage ». La belle affaire! Dans le discours  nazi un tel démontage a une surtout une signification antisémite.

    De toutes façons l’exaltation de la joie au travail est au minimum fasciste. Chez Heidegger cela s’associe à l’antisémitisme nazi.

    Skildy

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  4. Je vous découvre et n’ai pas encore tout lu. Je ne manquerai pas de vous lire.
    Dores et déjà, merci pour votre travail qui va à contre courant de l’heddegérianisme généralisé: on a besoin de ce travail pour penser la situation, penser le langage et la théorie du langage.
    Que je sache, vous n’avez pas encore cité « Le langage Heidegger » de HenriMeschonnic: indispensable! mais il est vrai au pilon à ce jour (j’en ai qq exemplaires, si vous en voulez). Il y a aussi (disponible, cette fois-ci) « Heidegger et le national-essentialisme » chez Laurence Teper.
    Si vous voulez une note de lecture sur cet ouvrage, j’ai publié une note dans Europe (je la joins ci-dessous).
    Je vous mets dans les liens sur mon blog.
    Bien cordialement à vous,
    Serge Martin
    Université de Caen

    Henri Meschonnic, Heidegger ou le national-essentialisme, Éditions Laurence Teper, 200 p., 14 €

    Henri Meschonnic ne peut écrire autrement que comme il écrit et cela peut déplaire ! C’est que s’il écrivait comme écrivent beaucoup aujourd’hui il ne pourrait penser ce qui plombe la pensée et l’écriture de bien des penseurs mais aussi écrivains, poètes aujourd’hui depuis déjà longtemps. Car le ciel et la terre de la pensée sont plombés par Heidegger qu’on ne sait pas lire puisque les heideggériens en France empêche même de le lire – mais Meschonnic montre qu’il n’y a pas qu’en France. Et le lire, c’est tout simplement observer que Heidegger maximalise, pousse à leur maximum une série d’essentialismes qui tiennent l’un par l’autre dans la logique du réalisme – d’où certainement la beauté de cette puissance qui soit méduse et oblige au psittacisme formulaire soit insupporte et conduit à l’anathème sans considérer ce qui est en jeu. Car ce qui est en jeu pour Meschonnic, c’est de comprendre les effets éthiques et politiques d’un débat qui n’est pas à renvoyer au Moyen Age ou à réserver aux spécialistes de la logique philosophique mais bien de faire de ces deux notions, réalisme et nominalisme, « un critère pour s’y retrouver » (p. 11). Pourquoi ? parce que « la réalité profonde des débats est entre le sens des individus, des vivants, et la massification qui ne permet pas de penser le sujet. Rejeté au psychologisme » (p. 16). Et quant au réalisme logique, Heidegger s’y connaît puisqu’il « a une phobie du sujet, d’où chez lui une essentialisation généralisée » (p. 17). Aussi, de ce point de vue, Heidegger n’est pas à réserver aux philosophes mais sa « mondialisation, qui inclut et déborde la France » est certainement « facilitée par toutes les autres mondialisations, en particulier celle des techniques de communication, qui tendent à globaliser, à massifier. À faire qu’on ne pense pas le langage, réduit à la communication » (p. 19). Hypothèse cruciale pour lire ce livre et aller jusqu’à sa lecture-traduction du texte Le Danger, de 1949 où Heidegger accomplit « l’essentialisation maximale » et « la vraie solution finale » non achevée par les nazis.
    Ce livre est beaucoup moins épais que Le Langage Heidegger (PUF, 1990) qui, à ma connaissance, était la première tentative de lecture au plus près des textes, de Heidegger, et reste à ce jour la seule malgré le silence assourdissant des philosophes officiels. Aussi Meschonnic ne reprend-il ici que cette conférence de 1949 connu seulement en 1994 qu’il lit au plus près. De ce point de vue, le livre d’Emmanuel Faye (Heidegger, l’introduction du nazisme dans la philosophie, Albin Michel, 2005) malgré tout son intérêt est-il « insuffisant » (p. 147) car ce n’est pas par « simple inhumanité, que Heidegger n’a même plus besoin de nommer les Juifs. Ils sont inclus en même temps qu’ils disparaissent dans et par son national-essentialisme » (p. 150), propose Meschonnic. Plus précisément, « par l’essentialisation généralisée de l’Être et de la Mort ». Et il suffit de lire Heidegger sans « fabriquer du compliqué là où Heidegger est simple » (p. 157) comme fait le « jargon heideggérianisant » qui « masque l’essentialisme » et donc la désuhumanisation qu’il opère. Jargon du collectif de « philosophes » qui veulent penser Heidegger à plus forte raison (Fayard, 2007) mais qui « sont tellement dans l’essentialisme qu’ils ne le voient plus » (p. 165).
    Ce livre de Meschonnic soulève la chape de plomb des années Heidegger en France mais également combat le réalisme logique qui empêche de penser, de penser le langage parce que sans cette attention qui est une éthique de la pensée, c’est toujours le vieux réalisme logique qui triomphe, c’est-à-dire, « l’ennemi de la vie, des vivants » (p. 173). Cet ouvrage poursuit donc une enquête sur le réalisme logique avec Heidegger en intégriste (p. 148), en « grand scolastique » (p. 133). Mais l’enquête est d’abord « un combat du nominalisme des vivants contre le théologico-politique » (p. 30) partout où il crève les yeux. Dans cette enquête, il y a le test de ce qu’on fait à la Bible (une origine ou un fonctionnement ?) et celui du religieux qui l’emporte sur le divin ou pas, faisant place ou pas à « une vie humaine » (Spinoza) contre le théologico-politique (p. 85), organisant ou pas une substantialisation qui conduit à poser l’universel comme un modèle abstrait quand « seul le singulier chaque fois est l’universel » (p. 81). Alors on peut en vouloir à Meschonnic de ses « minuties » (p. 124) mais on est bien obligé de relire de plus près ceux qu’ils passent au crible du « vieux débat » d’une actualité vitale, chapitre après chapitre : Levinas, Jaspers, Husserl, Gadamer, Leo Strauss, Hannah Arendt, Agamben mais aussi Jean-Claude Milner et enfin Alain Badiou ou encore Marlène Zarader et il y a aussi Voltaire. Cette enquête est large, trop ambitieuse diront certains, mais elle montre un ensemble qui fait système et pointe comment cette configuration de pensée n’est pas l’addition de spécialités régionales ou de propositions locales mais bien autant d’éléments qui participent à « l’impensé des effets éthiques, politiques et poétiques du réalisme logique » (p. 114), et qui contribuent tous pour une part à l’« effacement de l’effacement opéré par la théologie chrétienne, et l’intégrisme essentialiste du langage chez Heidegger » (p. 138). Si l’enquête parvient à montrer ce fonctionnement qui fait système, imposant le réalisme en effaçant sa pensée même et par là celle du nominalisme, c’est qu’elle passe par le rappel inlassable du primat de la théorie du langage qui elle-même oblige à la critique du signe, à la critique de ce qu’on ne voit même plus et surtout de ce qu’on n’entend plus. C’est bien pour cela que Meschonnic ne peut écrire autrement que comme il écrit et que cela passe pour inacceptable. Mais la pensée et le poème de la pensée demandent plus que des pours et des contres ; ils demandent de « penser l’interaction langage-poème-art-éthique-politique » (p. 9). Ce que poursuit un autre ouvrage de Meschonnic, Ethique et politique du traduire (Verdier, 190 p., 15€). Il y a dans ce livre un climat qui répond à ce que disait Etienne Dolet en 1540 : « sans grande observation des nombre un grand Autheur n’est rien » (cité p. 114) puisque, en 16 points, il reprend « chaque fois sous un angle différent » (p. 99, note 1) ce principe de l’interaction contre tous les essentialismes et les théologismes. Lesquels empêchent de transformer toute la théorie du langage dans et par l’activité de « traduire », dans et par « une éthique et une politique du traduire » qui engagent à « avoir du poème dans la voix » (p. 151). Et avec de tels livres, on est fixés : si « personne n’a tout à fait la même voix » (ibid.), celle de Meschonnic n’est pas faite de « bois mort », de « bois extrêmement habitué », pour reprendre à Péguy (cité p. 151). Et alors on constate que les « habitués » ne peuvent supporter cette voix : on devrait en rire ne serait-ce que pour rappeler que « ce qui est dit n’est pas séparable du mouvement avec lequel c’est dit, comme ce que vous donnez n’est pas séparable de la manière dont vous le donnez, et alors on n’est plus dans le discontinu de la forme et du sens, on est dans le continu d’une physique du langage. C’est le poème de la pensée » (p. 154). Par là, ces deux livres font bien un poème de la pensée-relation.
    Serge Martin

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  5. Purée….. ! Superbe.
    J’apprécie votre photo, déjà vue ailleurs, de ces petites femmes festoyant avec des soldats allemands de la 2e.
    vous ne pourriez pas avoir un pseudo plus simple ?

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  6. Salut,

    Et merci pour ce long et continu travail de decryptage, que je découvre aujourd’hui. Lire toutes critiques me renvoie à mes propres interrogations, qui tournent autour du rôle de l’écologie dans le nazisme, de la nébuleuse théosophique et Fabian, et de la façon dont le nazisme a survécue en Allemagne dans les groupes new-age (voire par exemple Peter Kratz).

    La critique de la technique évoquée dans le Heidegger post-guerre (n’était-elle pas déjà présente sous la critique de l’industrialisation dans le NS ?) semble faire lien avec la tentative de faire survivre le NS. En tout cas cela recoupe ce que l’on entend sur les idées ecofascistes telle que présentées par Janet Biehl. Je serais ravi de savoir quels liens vous faîtes avec votre critique de Heidegger.

    A bientôt,
    Desbabas.

    PS la personne qui a des exemplaires en trop de le langage Heidegger pourrait-elle me dépanner ?

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  7. Mes plus sincères félicitations pour votre blog, vous etes superbes, il manquait dans le web une réalité comme la vôtre.

    Etes-vous intéressés à une traduction de ma part en italien de vos éssais très importants qui concernent Heidegger?

    Merci pour votre attention,

    Max (de l’Italie).

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  8. Vous écrivez que Heidegger voulait que le monde blanc garde sa suprématie dans les élites occidentales d’où son nazisme ; introduit de plus en philosophie . Mais je pose la question : Ou écrit-il cela ? Ou parle t-il de « monde blanc » devant garder sa domination ? Quelles sont les références exactes ?

    —-

    Il suffit de lire L’homme et la technique de Spengler. C’est textuellement dit.

    La thèse est que Heidegger intègre Spengler dans sa démarche.

    Heidegger, c’est Spengler avec le suicide en moins mais l’extermination en plus.

    Heidegger fut l’ami fidèle d’Eugen Fischer qui, « raciologue », se fit la main sur les Hereros en Afrique.

    Il y a des sites bien documentés sur la question.

    Voir également la remarque sur les Cafres,  que voici :

    “L’histoire est la marque distinctive pour l’être de l’homme, c’est la détermination distinctive dans la question en quête de l’essence de l’homme.

    Si maintenant nous nous attelons à la question en quête de l’histoire, on pourrait penser que nous avons arbitrairement décicé de ce qu’est l’histoire, à savoir que l’histoire constitue la marque distinctive pour l’être de l’homme. On pourrait d’une part émettre l’objection qu’il y a des hommes et des groupes d’hommes (des Nègres, comme par exemple les Cafres) qui n’ont pas d’histoire, dont nous disons qu’ils sont sans histoire”. (La logique comme…, page 100).

    Et il a aussi tous les textes de Heidegger auxquels les chercheurs n’ont pas accés.

    Dans le fantasme nazi les Juifs d’Europe représentaient le monde, le cosmopolitisme. C’étaient les « esclaves en révolte ».

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    1. L’oeuvre de Heidegger compte des milliers de pages (correspondance inclue ) ; combien de lignes consacrées explicitement au national-socialisme ? Combien de lignes écrites sans prendre en considération un contexte politique comme le fait que Heidegger universitaire est contemporain de la prise de pouvoir par Hitler ? Ce qui doit l’amener à certaines prudences et stratégies .

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  9. Il est clair que Heidegger n’a jamais parlé de « monde blanc ». Skildy vous réopndez à côté, Spengler est-il Heidegger ? Pas que je sache. Donc c’est Spengler qui attribue des mots à Heidegger, et vous reprenez ces attributations comme acquises, sans les justifier.

    Répétons donc la question : où Heidegger parle-t-il de monde blanc ?

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  10. excusez moi de faire de la réclame
    mais pourquoi ne citez vous pas dans ce blog le dernier texte de jean -pierre faye « la plus grande tragédie philosophique et la crise » dans la crise , la bulle te l’avenir ed herman

    personnellement je suis le travail critique de cet auteur sur les déplacement (anti)philosophique de Heidegger depuis « la raison narrative » et j’ai trouvé ce dernier texte proprement superbe

    bonne lecture

    alec

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  11. Je souhaiterais connaitre l’opinion de l’animateur de ce site consacré à une critique de Heidegger , s’il l’a lu de l’ouvrage volumineux de Maxence CARON sur cet auteur :Pensée de l’être et origine de la subjectivité, ouvrage qui fut d’abord une thèse de doctorat ayant obtenue la mention très honorable avec félicitations unanimes du jury ? Maxence CARON semble être un auteur très prolixe , cet ouvrage est déjà suivi par d’autres aussi impressionnants par la quantité , même si ce jeune philosophe est encore peu reconnu , peut-être a à cause d’un christianisme intransigeant et clairement affiché

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  12. Bonsoir,
    Il semble que le travail que vous fournissez à démontrer le nazisme de Heidegger vous tient tellement à coeur qu’à la lecture de quelques articles je n’ai pu qu’approcher le fanatisme dont vous faites preuve. J’aimerais bien savoir, avec le soi-disant bon sens qui vous guide, comment le sens d’une démarche critique des textes heideggériens et de leurs nombreux et divers commentaires, peut à ce point manquer dans vos articles? Que Heidegger ait adhéré au nazisme, je crois que personne ne le récuse mais il me semble que vous devriez intégrer l’information suivante: Heidegger a récusé son adhésion au nazisme lors de l’année 1934. Je vous laisse méditer sur le propos de Heidegger à ce sujet:

    « Je croyais que Hitler, après avoir pris en 1933 la responsabilité de l’ensemble du peuple, oserait se dégager du Parti et de sa doctrine, et que le tout se rencontrerait sur le terrain d’une rénovation et d’un rassemblement en vue d’une responsabilité de l’Occident. Cette conviction fut une erreur que je reconnus à partir des événements du 30 juin 1934. J’étais bien intervenu en 1933 pour dire oui au national et au social (et non pas au nationalisme) et non aux fondements intellectuels et métaphysiques sur lesquels reposait le biologisme de la doctrine du Parti, parce que le social et le national, tels que je les voyais, n’étaient pas essentiellement liés à une idéologie biologiste et raciste. »

    Je n’ai jamais trouvé dans Sein un Zeit un quelconque fondement nazi, ni dans Holzwege et pas plus dans Was ist Metaphysik?

    Enfin tout ça pour dire que manipuler des gens qui ne prennent pas soin de lire vraiment les textes avec l’attitude de bienveillance requise pour la bonne compréhension du sens, attitude essentielle si l’on souhaite pouvoir se dire philosophe, n’est pas très compliqué. Votre lecture de Heidegger est à ce point et d’emblée partiale qu’elle ne peut que manquer un sens minimal d’objectivité. Bref, ce que vous faites est non seulement non pertinent mais aussi dangereux : on appelle ça une pensée idéologique car il n’y a pas plus menaçante que la pensée qui s’affirme transparente de toute idéologie. Le simple bon sens dont vous faites preuve mériterait une élucidation de vos présupposés et préjugés pour que je daigne accorder quelque crédit à des affirmations aussi péremptoires.

    Bref, il faudrait tout de même arrêter de nous prendre tous pour des cons…

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    1. Bonjour,

      Oui, oui, Heidegger n’a peut-être pas été un raciste « biologiste »…
      Mais l’hitlérisme non plus! Tu t’enfonces,Martin!

      Les nazis n’ont pas cessé de proclamer qu’ils appliquaient une doctrine biologique?
      Et alors? Quand cessera-t-on de croire les totalitaires sur parole?

      Vers 1920, l’antijudaïsme était le seul programme politique par lequel un arriviste prêt à tout pouvait « faire la différence » (avec les communistes comme avec les partis traditionnels).Aucun parti politique allemand n’osait se réclamer de l’antijudaïsme… parce qu’il était trop répandu dans la vie privée, trop « transversal ».

      Contrairement à ce qui se passait en France: où, depuis l’affaire Dreyfus, l’antijudaïsme était devenu une politique de droite (en Allemagne, rien d’équivalent aux « intellectuels »). En France, jusqu’à l’Affaire, la France juive était lue à gauche comme à droite. l’Affaire l’a envoyé Drummont à l’extrême droite (il y a eu des reconversions douloureuses -Clemenceau, Jaurès, Lautrec, etc. et même des Juifs comme B. Lazare).
      Le partage ne s’est jamais fait en Allemagne. Et ce fut le coup de génie de l’organisateur Hitler que de saisir cette transversalité de la haine allemande du Juif (du maréchal d’empire à l’ouvrier de Krupp : génial contre syndicats et communistes). Streicher et son Sturmer étaient simplement utiles.Tout comme les malades, les escrocs, les aigris et les cupides qui n’ont pas manqué d’affluer.
      Rien de biologique dans tout cela. Les génies de l’organisation et de la propagande n’ont pas d’autre doctrine que la hantise de perdre leur pouvoir.

      Hitler a toujours écarté les « doctrinaires », qui lui « faisaient de l’ombre » (Rosenberg ne risquait pas !..): cf. C.Schmitt (mais aussi bien les SA de Roehm et leurs fantasmes  » de révolution sanglante). Toute ébauche de cohérence intellectuelle -même sur des sujets glauques- soulignait son indigence et ses improvisations: son opportunisme.

      Le reste, ie les horreurs, a suivi de ce piège dans lequel il s’était lui-même mis: il lui fallait bien rester au pouvoir.
      Il fallait bien répondre à la question angoissée en 1ère page du journal des SS, des années avant: « Ces Juifs, que va-t-on en faire ? ».
      Ce fut, là encore, une sanglante cascade d’improvisations et de bricolages (le pogrom a foiré – « nuit de cristal »-, alors fusillades, fosses communes qui débordent, des wagons loués à la SNCF, des gaz d’échappement, du pesticide qui traînait dans un coin, des chambres à gaz empruntées aux chiens errants (ou à Landru?) et crématoires à ordures ménagères, des barraques de planches, des errances somnambuliques.
      Oser rapprocher cela d’une usine hydroélectrique !! Descartes a bon dos !

      Et dans tout cela, le Discours du rectorat, les palinodies, ce n’était que masturbations de petit prof, foutaises complètement hors sujet…
      Ce qu’il a fait de mieux, Heidegger, ce fut de se taire -ou presque.
      Heidegger, je m’en fiche.

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  13. Un blog désolant et navrant…Je ne me permettrais pas de vous critiquer, Monsieur, sans avoir pris soin de lire plusieurs de vos articles. Malheureusement ils se sont révélés aussi vides les uns que les autres. On a bien compris que vous érigez cet homme en nazi, ou plutôt en philosophe qui soutient par sa pensée la doctrine nazie et tend à la répandre via ses livres; mais vos articles ne présentent aucun ARGUMENT sérieux si ce n’est des phrases partiales et haineuses, des citations prises ici ou là dans des livres de critiques et de « spécialistes » (sans parler des photos que vous ajoutez à vos textes, histoire de donner plus de crédit à vos propos, à défaut de les soutenir par une argumentation solide et construite)…Jamais vous ne prenez la peine d' »entrer » dans la pensée de Heidegger, et la manière dont vous réduisez ses textes à un manifeste nazi sont la preuve d’une profonde irrévérence pour la pensée philosophique, voire d’une certaine paranoïa…Vous ne citez aucun texte de Heidegger, vous n’en discutez aucun car, visiblement, vous ne possédez pas les connaissances philosophiques pour le faire. Il est navrant de voir que pour soutenir vos propos, vous vous contentez de citez UN extrait du bouquin de Faye (qui revient très souvent sur ce blog, faute d’autre appui sérieux). Vous me répondrez que vous citez parfois bel et bien Heidegger; cela est vrai…mais les commentaires que vous en tirez n’ont rien de philosophique. J’ai par ailleurs été scandalisé par la manière dont vous avez instrumentalisé les propos qu’il tient dans la Lettre sur l’Humanisme, texte fondamental dans sa réflexion sur le langage poétique et la grammaire – ce qui semble vous échapper totalement : votre aveuglement idéologique, voire votre haine, vous font dériver très loin des côtes de la philosophie pour vous faire échouer sur la plage- ô combien fréquentée aujourd’hui- du pseudo-journalisme anecdotique et ad hominem. En vous obstinant à lire (à défaut de comprendre) un texte sous un angle restreint et peu pertinent, vous en perdez complètement le sens. Il est, de plus, triste que l’auteur d’un blog qui se voudrait « philosophique » utilise des termes comme « biopolitique » ou « transcendantal » sans savoir ce qu’ils signifient CLAIREMENT…(je n’ose vous rappelez que le terme « transcendantal » a, rigoureusement, un sens KANTIEN qui renvoie aux conditions de possibilité a priori de la connaissance….et donc que l’expression « populisme transcendantal », que vous utilisez comme titre pour l’un de vos article pour critiquer Heidegger, n’a aucun SENS)…Je pense que la meilleure façon de s’en prendre à un philosophe – pour quelqu’un qui prétend aimer la philosophie et la culture comme vous- c’est de mettre au jour des lacunes internes à son système de pensée et non pas de faire correspondre sa pensée avec un régime politique, quel qu’il soit…

    Bien à vous.
    ——————————
    Quelques réponses à Pernette :
    .
    .

    Je vous réponds sur ce que je crois être l’essentiel et sous la forme d’un certain nombre de propositions :

    1 – Vous me reprochez d’avoir mis en avant, en le citant souvent, UN texte de Heidegger. Le non académisme – qui est aussi, je le concède, un vrai défaut – du phiblogZophe semble vous aider à permettre d’oublier que vous-mêmes, grande admiratrice de Heidegger et sincèrement philosophe, n’éprouvez ni sombre étonnement, ni écœurement, ni rage, ni haine à la lecture d’un tel texte.

    J’en refais donc ici, pour qu’on apprécie votre sens de l’étonnement philosophique, une nouvelle citation :

    « L’ennemi est celui-là, est tout un chacun qui fait planer une menace essentielle contre l’existence du peuple et de ses membres. L’ennemi n’est pas nécessairement l’ennemi extérieur, et l’ennemi extérieur n’est pas nécessairement le plus dangereux. (…) L’ennemi peut s’être enté sur la racine la plus intérieure de l’existence d’un peuple, et s’opposer à l’essence propre de celui-ci, agir contre lui. D’autant plus acéré, et dur, et difficile est alors le combat, car seule une partie infime de celui-ci consiste en frappe réciproque; il est souvent bien plus difficile et laborieux de repérer l’ennemi en tant que tel, de le conduire à se démasquer, de ne pas se faire d’illusions sur son compte, de se tenir prêt à l’attaque, de cultiver et d’accroître la disponibilité constante et d’initier l’attaque depuis le long terme, avec pour but l’extermination totale. »

    in Heidegger, l’introduction du nazisme dans la philosophie, Emmanuel Faye, Albin Michel 2005, page 276.(GA 36/37, 90-91).

    2 – Je trouve très intéressant que vous me reprochiez aussi l’usage de certaines photographies. Je ne peux que constater le parallèle, sur lequel je vous invite de méditer, entre votre iconoclastie et la volonté qu’ont eu les nazis d’œuvrer dans la Nuit et le brouillard ainsi que de supprimer toutes les traces de leurs crimes. Aussi, phiblogZophiquement, je me permets d’illustrer une fois de plus le propos abject de Heidegger par une photographie.

    3 – Ontologie fondamentale est le nom, chez Heidegger, de la légitimation spirituelle d’une conception de l’humain fondée sur la hiérarchie de ce que j’appellerai les «races culturelles ». Elle est fondamentale en tant qu’elle s’adjoint une biopolitique d’extermination. J’entends par là, très clairement, que l’usage du meurtre n’a que secondairement, dans le nazisme, pour fonction de terroriser. La mort industrielle, génocidaire, est précisément le pendant d’une politique de la vie conçue comme dispositif devant assurer la souveraineté absolue à une « race culturelle », à cette race qui parle la seconde langue de l’être après le grec. Une telle biopolitique c’est, par exemple, nettoyer des terres de la honte slave et les coloniser par des aryens.

    4 – Un des meilleurs amis de Heidegger, sinon le meilleur, fut Eugen Fischer, maître du bon docteur Mengele et organisateur, dans les environs de Fribourg, de l’extermination des handicapés.

    5 – Du point 3 il s’ensuit qu’il est toujours possible de philosopher académiquement en termes d’ontologie fondamentale. Mais lorsque Heidegger fait savoir que son projet est aussi d’en finir avec la « philosophie » c’est aussi une invitation à comprendre le sous-texte du texte à caractère philosophique.

    6 – C’est Heidegger lui-même, haineux de la philosophie, qui n’a eu de cesse de mettre en résonance le spirituel et l’idéologico-politique. Et cela passe par la question de l’Etre.

    7 – L’heideggerisme est un populisme dans le sens où, contre les analyses de la société, il promeut une conception organique d’un peuple qu’il flatte par ailleurs en lui faisant parler la seconde langue de l’être après le grec. Il est transcendantal au sens où sa formulation se veut précisément « scientifique », non vulgaire voire constitutive. C’est de l’ontologie !

    8 – Le terme « transcendantal », comme tous les termes, n’a pas de signification unique et pétrifiée. Vous vous référez au reste au contexte kantien. « Le sens d’un mot est son usage dans le langage » disait Ludwig Wittgenstein. Pour le phiblogZophe « transcendantal », à propos de populisme, signifie que la politique de la flatterie du peuple – qu’on peut alors par là prétendre gouverner d’une certaine manière – se revendique de la « science » (de celle qui pense, de l’ « allemande »), de la « pensée ». D’une certaine manière « transcendantal » est ici une métaphore. Mais son usage est aussi littéral si, par là, on veut dire que Heidegger s’institue comme « chef non empirique » et spirituel du Volk.

    9 – Etudier académiquement, philosophiquement, Heidegger ne peut être légitime, pour moi, qui si on se donne les moyens de reconnaître l’étendue de son nazisme pour le critiquer et le combattre.

    10 – Tel est le sens de la phiblogZophie : suspendre le rapport révérencieux et académique à Heidegger pour apercevoir le terrain, ses aspérités et ses abjections.

    .

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  14. J’ai eu la chance de découvrir, par hasard, Phiblogzophe, une vraie bouffée d’oxygène à cette époque de Hannah Arendtolâtrie ! Bravo ! Connaissez-vous Isabelle Delpla,
    Le mal en procès. Eichmann et les théodicées modernes ? Commentaires ?

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  15. Bonjour,
    Je connaissais déjà les accointances de Heidegger avec les nazis
    mais je ne faisais pas le lien entre ses théories et le nazisme
    Les mêmes recherches peuvent se faire avec Mircea Eliade

    Je souhaite citer votre blog, son créateur et son gestionnaire
    Pouvez-vous m’indiquer ses renseignements
    Ainsi que l’auteur du contre-dictionnaire
    Merci
    Cordialement

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  16. Bonjour; je rédige un essai sur les Cahiers noirs de Heidegger; pourriez-vous me communiquer votre adresse mail, svp, Skildy?
    Vous y trouverez des traductions inédites et accablantes des tomes 94 à 96 de la GA.

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