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Qu’est-ce que l « université hitlérienne » Heidegger y ayant participé, avec obstination et enthousiasme, non seulement par son rectorat mais aussi par l’ensemble de sa production textuelle?
C’est un dispositif institutionnel poussant jusqu’au bout les avantages de la combinaison – précisément dispositionnelle – entre un simulacre d’universalisme et une stratégie visant à déployer (« historialement ») le principe de la souveraineté absolue d’un groupe particulier, nommé en l’occurrence de manière fantasmatique « aryen ». L’aryen est supposé être la quintessence de l’homme blanc.
Tant pis pour le jeu de mot : mais l’université hitlérienne est univers-cité au sens où la cité est, dans ce cas, exclusivement celle des membres de la communauté dite aryenne.
La thèse est alors que si le dispositif UH – universitaire hitlérien – a produit un vocubulaire qu’on peut approximativement nommé idéologico-pratique, en l’espèce par exemple du motif de l’aryen et de l’aryennité elle a également, du fait de Heidegger, développé une terminologie idéologico-théorique. C’est le cas, selon nous, avec Dasein et, en conséquence, avec Daseinanalyse.
Cette dernière permet de tenir un discours universitaire d’apparence universelle alors que Dasein nomme, en se donnant à penser comme être-le-là, idéologico-théoriquement ce qui correspond à aryen.
L’universel heideggérien – heideggéro-hitlérien – n’est un universel ni facile ni difficile (pour reprendre ces termes à Jean-Claude Milner) mais un pseudo universel, un universel de simulacre.
La refondation hitléro-heideggérienne de l’université avait besoin d’un tel dispositif où ce qui se présente de manière pseudo universelle n’est que la façade d’une recomposition des savoirs destinée à rallier des collaborations à l’échelle européenne voire mondiale.
C’est trés exactement le double « spéculatif » de ce qui est advenu et qui est désigné par le nom d’Auschwitz.
Dasein EST aryen au sens où, prenant fond sur la dynamique de la différence ontologique le Dasein, en sa dimension historiale, engendre un groupe séparé de tout universel ou, pour le dire à la manière du dernier Heidegger, séparé (et protégé) de la métaphysique et de la philosophie elle-même.
Mon analyse aboutit ainsi à considérer que La lettre sur l’humanisme a surtout eu pour objectif de « fonder » le fait que Göring et les siens, à Nüremberg, auraient été les victimes de la philosophie-métaphysique.
Dasein EST Göring pour Heidegger!
Et « l’humanisme » heideggérien consiste à dire – Daseinanalyse aidant – que ce sont des hommes véritables qui ont été jugés et condamnés à Nüremberg. Ils furent condamnés par des sous-hommes, des « bulles métaphysiques »!
Certains auteurs reconnaissent qu’Heidegger fut un nazi ordinaire. Qu’il ait pensé ce que je lui prête ne serait donc que dans l’ordre des choses.
Le problème c’est que ce nazi ordinaire a eu une façon extraordinaire de formuler sa rage meurtrière. Et une façon non moins extraordinaire d’abuser le lecteur en lui proposant une philosophie qui, dés le départ, est dévorée par le refus (antiphilosophique, antimétaphysique) d’accorder une quelconque légitimité et dignité à ce qui ne se prête pas au jeu de la souveraineté absolue du peuple (du peuple aryen).
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