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Heidegger apparaîtra sans doute un jour comme le plus grand kitsch-man du XXeme siècle.
Il y a, par exemple, d’un côté l’ Introduction à la métaphysique (1935) et, de l’autre, mais formulée dans l’ introduction elle-même, l’idée que la bêtise de la philosophie national-socialiste ne compromet pas « la vérité interne et la grandeur de ce mouvement ». Il s’agit bien entendu du nazisme.
A qui veut-on faire croire qu’en disant cela Heidegger ne revendique pas, l’année qui a pourtant suivi sa démission, d’être le penseur de l’hitlérisme, le chef spirituel du mouvement?
J’appelle kitsch-ontologie heideggérienne cette rhétorique de la grandeur spirituelle en tant qu’elle cherche à magnifier et à occulter l’abjection absolue de l’extermination. (Dont Heidegger, en 1935, soutient ardemment le projet dans la même Introduction.)
Exemple :
Lisons par exemple la fin de la conférence du 4 mai 1951 – prononcée dans le cadre du « club de Brême » – et intitulée Logos.
« L’énigme nous est proposée depuis longtemps dans le mot « être ». C’est pourquoi « être » demeure un mot provisoire, un simple avant-coureur. Veillons à ce que notre pensée fasse plus que de courir après lui les yeux fermés. Considérons d’abord qu’à l’origine « être » signifie « présence » et « présence » : se pro-duire et durer dans la non-occulation. »
C’est magnifique et impressionnant. Mais l’hitlérien Heidegger ne fait que dire ici, à un public qui a sans doute besoin de « consolation », que tel est le Volk, grâce au Führer, et après Auschwitz : il s’est produit et dure, désormais, dans la non-occultation.
Proposition : chaque seconde de silence heideggérien à propos de l’extermination vaut comme assentiment. Et pas seulement comme assentiment passif, mais comme assentiment d’engagement. Ce silence est la clé de lecture de la kitsch-ontologie heideggérienne, cette incroyable soupe que nous sert l’auteur des Problèmes fondamentaux de la phénoménologie transcendantale.
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