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La littérature sur Heidegger offre ceci de particulier qu’elle peut combiner des prouesses interprétatives, véritables chef-d’oeuvres de lecture – Jean-François Mattei, par exemple, et Le Quadriparti – et d’affligeantes naïvetés politiques.
Je reviens sur le fameux passage de l’ Introduction à la métaphysique – cours de 1935 (et donc post rectoral) :
« Mais, dans le domaine de l’essentiel, les demi-mesures sont toujours plus funestes que le néant si redouté. En 1928, il a paru une bibliographie générale du concept de valeur, première partie. On y cite 661 publications sur le concept de valeur. Il est probable qu’on a maintenant atteint le millier. Voilà ce qu’on nomme philosophie. Et en particulier, ce qui est mis sur le marché aujourd’hui comme philosophie du national-socialisme, et qui n’a rien à voir avec la vérité interne et la grandeur de ce mouvement (c’est-à-dire avec la rencontre, la correspondance, entre la technique déterminée planétairement et l’homme moderne) fait sa pêche en eau trouble dans ces « valeurs » et ces « totalités ». (Introd… PUF 1958, page 213).
Il y aurait lieu, tout d’abord, de vérifier l’authenticité du document, Heidegger ayant pu remanier certains passages de son cours à l’occasion de la traduction publiée en France en 1958.
On connaît trop bien, surtout, les tentatives ridicules pour argumenter en faveur de la « résistance spirituelle » de Heidegger au nazisme en mettant en avant sa critique grinçante de la « philosophie du national-socialisme ».
En réalité, quand Heidegger écrit cela à la fin de son cours, lequel est présenté et conçu, au coeur même de l’université hitlérienne, comme une introduction à la métaphysique, il ne fait que dire :
Le national-socialisme, comme mouvement ayant une vérité interne et de la grandeur, c’est moi!
Heidegger revendique pleinement d’être ainsi l’introducteur à la pensée « légitime » du national-socialisme. « Le nazisme, c’est moi! » dit Heidegger.
La « philosophie du national-socialisme » n’est en sorte qu’une « demi-mesure ». Et elle est plus funeste que le « néant si redouté ». Autrement dit il faut rompre avec les demi-mesures! C’est-à-dire, pratiquement, avec la simple gestion ségrégative à l’égard des juifs. Ailleurs, dans l’ Introduction, il critique du reste nommément cette « politique ».
La dernière phrase éclaire d’un jour cru la fameuse pensée heideggérienne sur la technique. La « vérité interne » et la « grandeur » du mouvement devront être confirmées par la capacité du mouvement à mettre en oeuvre la « mesure pleine », c’est-à-dire l’extermination.
L’ Introduction à la métaphysique est une introduction à la « légitimation universitaire » du génocide.
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« L’ Introduction à la métaphysique est une introduction à la “légitimation universitaire” du génocide ».
Ce que vous dites là n’est , hélas! que trop vrai! C’est de cet ouvrage qu’il faut partir pour comprendre Heidegger. Cette prétendue « métaphysique » est une ignominie. Cer ouvrage est, en réalité , un « outrage ».
michel bel
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