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L’heideggérisme s’est constitué comme une mobilisation flamboyante et crépusculaire du patrimoine philosophique occidental et cela dans le but, mûrement réfléchi, de légitimer et de fonder un limes européo-occidental en l’espèce d’une industrie d’extermination de masse. C’est ce qu’Heidegger a nommé dans sa langue « commencement originaire ».
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A ceux qui reprochent aux anti-heideggériens de vouloir censurer et de mettre à l’index – ils souhaitent avant tout que tous les ouvrages d’Heidegger soient accompagnés d’un appareil critique approfondi – il faut répondre qu’on ne peut exclure qu’un tel flamboiement se reproduise à nouveau. Le problème n’est pas en effet celui du passé d’Heidegger mais celui de son avenir.
Heidegger avait cru répondre au pessimisme de Spengler en croyant à un avenir radieux du Reich et de l’hitlérisme. Un second flamboiement ne pourrait être qu’une confirmation suicidaire de l’impasse que représente l’hitlérisme.
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Justification indirecte.
Des sites d’extrême-droite s’énorgueillissent de publier la biographie d’Eugen Fischer, maître (demeuré impuni) du docteur Mengelé et grand ami personnel d’Heidegger.
Voici cette biographie édifiante :
De ses études, il conclut aux « méfaits » de la mixité raciale entre Hereros et Allemands. Il poursuivit ses recherches dans les camps de concentration hereros du Sud-Ouest Africain en 1904 où il effectua des expérimentations anthropologiques, médicales dont des recherches génétiques sur les corps des Hereros pendus. Il procédera également à la stérilisation des femmes.
Son ouvrage sur les principes de l’hérédité humaine et l’hygiène de la race est considéré comme ayant été une source inspiratrice de l’idéologie nazie. Fischer rejoint d’ailleurs le parti nazi peu de temps après sa formation.
En 1923, Adolf Hitler lors de son emprisonnement, aurait lu avec intérêt les travaux de Fischer avant de rédiger « Mein Kampf. »
Jusqu’en 1933, il dirige l’institut Kaiser Wilhelm d’anthropologie, d’hérédité humaine et d’eugénisme.
Après 1933 et l’avènement du régime nazi, le Docteur Eugène Fischer fut promu recteur de l’université de Berlin. En 1934, il donnait ses cours aux médecins SS dont le docteur Joseph Mengele qui devient son assistant.
Sous le régime nazi, il développe ses théories sur les spécificités raciales déterminant les origines raciales des individus. Il expérimente avec son équipe ses théories sur les Roms et les africains. Il fait pratiquer une stérilisation forcée de centaines de milliers d’individus comme les retardés ou les malades mentaux parce que « racialement déficients. » En 1936, les « bâtards de Rhénanie » se retrouvent ainsi pour moitié envoyés en camp de concentration, l’autre moitié étant stérilisée de force sous la supervision du docteur Fischer.
Fischer prit sa retraite en 1942.
Grand ami du philosophe Martin Heidegger, avant comme après la guerre (en 1944, Eugen Fischer écrit à son propos au gauleiter de Salzbourg que c’est un « penseur exceptionnel et irremplaçable pour […] le parti […] », ajoutant : « nous n’avons pas tellement de grands philosophes […] nationaux-socialistes. »
En 1959, Fischer publie ses mémoires « Rencontre avec les morts », où il ne mentionne pas les millions de morts des camps de concentration.
Eugen Fischer meurt dans une totale impunité le 9 juillet 1967.
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