Vocabulaire nazi de Heidegger (Eléments…)

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Rappels :

1) Si Heidegger avait dit « j’introduis le nazisme dans la philosophie » il aurait été le dernier des crétins. Et il aurait été sacrifié en 1945. 

2) L’introduction du nazisme dans la philosophie ne peut avoir lieu qu’à la condition, au moins en période « normale », qu’on puisse prétendre le contraire.

3) Heidegger est le « nazi idéal » : il a tenu un discours philosophique qui en fait jusqu’ici un « classique » tout en permettant à ce qu’il serve de « valise diplomatique » aux fondamentaux de « tous les nazismes » (Derrida) c’est-à-dire, aussi, aux nazismes à venir.

Je ne donne ici la signification nazie que de quelques termes clés. Tout un vocabulaire serait en réalité à constituer qui décoderait systématiquement le contenu politique de l’ontologie heideggérienne.

Avant de renvoyer le phiblogZophe une fois plus à ses délires je demande au lecteur de réfléchir à l’éventualité que tel est bien Heidegger : un criminel nazi spirituel utilisant le savoir faire philosophique de tradition allemande pour asservir la langue philosophique à l’immonde projet de transmettre le nazisme.

Voici par exemple  ce qu’un auteur d’origine congolaise, Osongo-Lukadi, se croit autoriser de dire dans son ouvrage Heidegger et l’Afrique : “… c’est sur le fond d’une telle critique de la métaphysique que Heidegger rejette alors tout ce qui est pensée humaniste avec ses corrolaires, à savoir l’existentialisme, l’anthropocentrisme, le biologisme, le christianisme, le scientisme, voire même le marxisme.”

Le Congo : une aventure de Heidegger Martintin?

J’appelle ça : introduire le nazisme en Afrique par l’intermédiaire de Heidegger. (C’est plus facile qu’avec Hitler celui-ci ayant écrit des pages insultantes et haineuses envers les « négres ».)

Berger de l’Etre : Heidegger le dit à propos de l’homme. (Mensch). Mais cet homme est celui du « peuple de poètes et de penseur ».

Le berger de l’Etre est l’homme nazi. Ses chiens sont les SS ou tout autre brute convaincue par les versions populistes de la « différence ontologique ».

L’expression désigne en 1946, de manière biaise et dans La lettre sur l’humanisme les malheureux cadres nazis qui ont été jugés et condamnés à Nüremberg. Pauvres bergers…

Commencement originaire : C’est un des thèmes du « tournant ». Désigne ce qui doit advenir du fait de la solution finale. (Il faut savoir que l’idée de la solution finale était présente dans certains esprits depuis la seconde moitié du 19e siècle notamment chez certains des membres les plus radicaux du mouvement völkisch.)

Dasein : C’est un terme clé et à plusieurs registres. Mais il désigne d’abord et avant tout le Volk, le peuple maître. Traduit par « être-le-là » le terme combine une idée d’enracinement et une idée d’extase, d’ouverture à l’Etre.

C’est une illusion de croire qu’il s’agit d’un universel. Précisément le Dasein allemand est ontologiquement privilégié.

Certains auteurs rappellent que, pour Heidegger, le Dasein est le lieu de l’Etre. Il en est tellement le lieu que, le Dasein devenant berger, c’est avec ses chiens SS et ses auxilaires kapos-cabots qu’il a ménagé « l’ouverture de l’Etre ». (Qui est aussi un nom pour la notion nazie « d’espace vital ».)

Ereignis : Nous le traduirons par « appropriation ». Désigne chez Heidegger ce qui se passe, des suites de l’accomplissement permis par le nazisme, (notamment après la solution finale) entre le Volk et l’Etre. Ereignis est censé nommer comme une retrouvaille, une épipaphanie, une (ré-)appropriation entre le Dasein et l’Etre. C’est la promesse tenue de la « révolution conservatrice » dans sa version hitlérienne.

Ethique originelle : L’éthique originelle désigne une pensée du séjour que le succès d’Auschwitz a « fondée ».

Herméneutique du Dasein : Elle correspond exactement à la conception que se faisait Heidegger d’une « science allemande ». Ce fut aussi une manière de se démarquer de la phénoménologie husserlienne. Notamment parce qu’elle n’était pas purement « allemande ».

L’herméneutique du Dasein est constituée par un ensemble de thèmes destinés à justifier et conforter l’autorité ontologique absolue (et donc politique chez Heidegger) du Volk, du peuple.

Métaphysique : Aprés y avoir introduit en 1935 c’est devenu la bête noire de Heidegger. Cela veut dire beaucoup de choses mais, notamment : la morale, les droits de l’homme, l’universel. Tout ça c’est métaphysique et c’est pas bien!

Heidegger a prétendu être sorti de la métaphysique. Mais il y a mis Nietzsche : il n’aimait pas les antisémites!

Oeuvre d’art : Cela veut dire « oeuvre d’art », mais pas seulement. Dans la conférence de 1935 le temple et l’oeuvre désignent le IIIe Reich.

L’art est défini comme « mise en oeuvre de la vérité ».

Cette mise en oeuvre de la vérité passera plus tard par Auschwitz.

Ontologie fondamentale (trés proche de l’herméneutique du Dasein) : C’est, d’une certaine manière, le nom noble du nazisme même.

Elle correspond à la justification de l’autorité et de la souveraineté absolue du Volk. Celui-ci a un droit à l’esclavagisme et à l’extermination. Le Volk est comme l’incarnation de « l’ouverture » même à l’Etre. Il est appelé à faire mieux que ce premier peuple de l’Etre que furent les Grecs. 

Ce mieux fut, par exemple, les camps et la chambre à gaz. Ce qui atteste que le nazisme est bien allé, selon le Heidegger du testament donné au Spiegel, dans la bonne direction quant à la relation de l’homme à l’essence de la technique. (Laquelle n’a effectivement rien de technique).

Pensée : S’oppose aussi bien à la science – « la science ne pense pas » – qu’à la philosophie, vouée aux travers de la métaphysique (universalisme, droits de l’homme etc.).

Le mot nomme le langage spirituel « allemand » en tant qu’il confisque le patrimoine de la philosophie au profit du Volk. C’est le nazisme universitaire et sans lequel la pègre nazie serait restée confinée dans quelques cercles.

Comme toujours chez Heidegger l’essentiel est que « l’Allemand » ne soit jamais un partenaire dans un espace « cosmo-politique ».

Quadriparti (Geviert) : Surtout après le succès d’Auschwitz, mais aussi après la défaite militaire du Reich, il convenait de donner une version transposée de la croix gammée. Cette version montre par ailleurs combien Heidegger a donné une importance symbolique à cette croix gammée. Dans son esprit elle remplace définitivement la croix chrétienne. D’où la nécessité de l’élaboration d’une symbolique.

Les quatre branches de la croix gammée s’appellent désormais : le Ciel, la Terre, les Mortels, les Dieux.

Tournant (Kehre) : Le tournant a eu lieu au début des années trente et coïncide avec l’arrivée des nazis au pouvoir. Le terme ne désigne nullement un événement purement intra-philosophique mais ce qui advient dans le dispositif heideggérien en vue « d’enregistrer » cette victoire politique. Le tournant se manifeste notamment par la conviction explicite de Heidegger de la nécessité de l’extermination totale de « l’ennemi intérieur ». (Heidegger).

Vérite de l’Etre : Une des expressions les plus dégueulasses de Heidegger. Pour le dire ainsi : les Juifs, les Tziganes, les Slaves ont appris ce que c’est que la « vérité de l’Etre ».

C’est ce que met en oeuvre l’art. Et l’art ce fut aussi le IIIe Reich avec son artiste-architecte en chef Adolf Hitler.

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1 commentaire

  1. Le propre d’une herméneutique est d’irriguer inlassablement son propre délire: c’est probablement la malédiction de Heidegger de nourrir à la fois celle de la fascination dévote de Fédier et à l’opposé, celle , pathétique, que nous lisons ici. J’ai- faut-il le dire ?- beaucoup ri au parallèle entre le thème du Geviert et la croix gammée : vraiment désopilant… une vraie réussite d’humour noir involontaire ( façon François Rollin, mais là c’est …volontaire!)!

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