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Dans beaucoup de films de Ford, notamment dans les westerns, on peut voir et entendre des choeurs d’hommes souvent accompagnés à la guitare.
Dans Mogambo (1953) le champ/contrechamp fordien met en vis-à-vis un choeur de gorilles apeurés et prudents et un groupe d’hommes dont un caméraman et une preneuse de son (Grâce Kelly).
La bande son de 3mn relative à cette séquence est tout à fait remarquable. Il faut l’entendre de manière musicale. Les cris d’un bébé gorille ponctuent la fin de la séquence sonore. On reconnaîtra également les cris poussés par Grâce Kelly à la vue des gorilles menant une charge dissuasive. Et le « cinéma » s’entend lui-même à travers le bruit du moteur de la caméra en train de filmer.
Le moment fort de la scène a lieu quand, et alors que le groupe d’hommes est terrorisé par la charge et les cris des gorilles, Clark Gable garde suffisamment de sang-froid pour ne pas tirer. Les gorilles, rassurés par la passivité des humains, regagnent les sous-bois. En 1953 cette anti-performance de chasseur est proprement inouïe. Ford a pris soin de cadrer à un moment Gable en mettant hors champ son fusil (et alors qu’on ne voit pas non plus les autres « outils » ou appareils des personnages, caméra et micro de prise de son). On ne voit donc Gable qu’avec ses vêtements et ce qu’ils laissent entrevoir de son propre corps de singe humain.
Ford crée ainsi un vis-à-vis entre un gorille « habillé » de fourrure et un homme vêtu en chasseur mais ne tirant pas sur lui. Regardons le binôme à la fin de la note. Prêtons par exemple attention au fait que la proéminence des arcades, chez le gorille, fonctionne quelque peu comme la visière d’une coiffure.
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« Frères humains, arrêtez de nous tuer! »
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Le choeur des gorilles :
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