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Le Cuirassé Potemkine, de Sergueï Eiseinstein (sortie du film en 1925), ne fut pas seulement longtemps censuré, notamment en France, il a fait également l’objet de quelques remontages de circonstances (coupures de plans, changements de rythme…).
Nous réapprenons que Eiseinstein a lui-même signé, pour la sortie du film en Allemagne en 1926, une version destinée à déjouer la censure.
Mk2 vient de sortir une édition qui permet de voir le Cuirassé comme jamais nous l’avons vu. Elle est accompagnée, notamment, d’une réécriture libre de la musique originale de Meisel.
Architecte, dessinateur, grand connaisseur de peinture (et de peinture extrême-orientale) Eiseinstein avait inséré par coloriage un drapeau rouge dans la scène qui voit la foule d’Odessa accueillir le Cuirassé et ses héros.
La foule applaudit le drapeau de la révolte et de la liberté.
Le drapeau, élu, flotte au vent.
Dans ses textes théoriques et d’analyse Eisenstein explique que le drapeau rouge apparaît très précisément au « point d’or » du montage.
Il divise le film selon le rapport dit du nombre d’or à savoir 1,618.
Si nous appelons A la durée du film jusqu’à l’apparition du drapeau et B la durée du film depuis cette apparition jusqu’à la fin du film on a la proportion suivante, dite proportion dorée : la section A est à la section B ce que l’ensemble [A et B] est à la section A.
Ou :
A/B = [A + B]/A
Ce plan nous rappelle également que, avant d’être sali et trahi par une des plus grandes tragédies du siècle dernier, le drapeau rouge a représenté l’espoir en une société libérée de la violence d’oppression.
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