Comment Heidegger corrompt la « pensée de la pensée »

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Nous n’avons pas seulement que des raisons morales et politiques pour nous insurger contre la transposition ontologique du nazisme à laquelle s’est voué Heidegger. Nous avons aussi des raisons philosophiques et  épistémologiques. Mais il est vrai que face au concept heideggéro-hitlérien de « science allemande » les exigences philosophiques et épistémologiques sont des trucs de bourgeois citadins et cosmopolites. Ce n’est pas « dasein », ce n’est pas être-le-là. Heidegger ou le populisme transcendantal.

Si on se livre à une entente philosophique « flottante » du texte heideggérien, dans le but de déjouer les séductions baroques et rococos de ses mille détours, on retiendra surtout le dispositif constitué par les « idéophèmes » suivants :

– l’oubli de l’être;

– nous ne savons pas encore ce qu’est penser;

– la science ne pense pas;

– vérité et non-vérité s’équivalent.

Tel serait le Geviert, le quadriparti obscurantiste heideggérien.

Un des effets induits par ce dispositif c’est, par exemple, l’idée qu’il n’y a pas d’objectivité possible en histoire.

Le philosophe n’a pas à jouer le jeu démocratique de la vérité, de la recherche de la vérité. Il n’a pas à tâcher de dire la vérité. Il est seulement tenu – éventuellement « aidé » par quelque Gestapo –  et au nom de la désoubliance de l’être, à dire l’être de la suprématie locale, l’universalité en trompe-l’oeil du particulier. Il peut, par exemple, appeler parfois le Daseinêtre-le-làMensch, « homme ».

Certains heideggériens sont parfaitement fidèles à la méthode de ce Geviert.  Adossés sur l’idéophème de l’oubli de l’être (et sur la critique de la vérité-adéquation) ils attirent et soutiennent l’attention hors de toute contrainte de nature épistémologique.

Quand ils évoquent la question du nazisme de Heidegger c’est, par exemple, en ignorant fondamentalement la recherche historique. Quand elle est particulièrement bien documentée ils s’attaquent à l’auteur en l’affublant de noms et de qualités qui ne lui ferait pas passer le cap de la sixième de collège.

Toute leur performance se réduit à tâcher d’ériger chaque mensonge en petit chef-d’oeuvre poético-littéraire d’apparence philosophique et où les deux, la littérature et la philosophie, sont bafouées et idéologiquement instrumentalisées.

Cela revient à légitimer par avance toute forme de négationnisme.

Heidegger a été un « résistant spirituel ». Pour le coup c’est vrai puisque c’est le prince du mensonge et du secret qui l’a dit!

Aussi bien le nazisme heideggérien est d’ores et déjà, en France, une forme de violence intellectuelle. Et ceux qui osent proclamer que Heidegger est le penseur « pour notre temps » ont choisi le camp de la pire des sophistiques.

Vous serez couronnés et chouchoutés sur la foi de votre seul talent à faire du semblant.

Tant pis pour vous si cela s’applique alors à vous-mêmes et vous réduit à l’état « d’idiot utile ».

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