Brève de pensée 200808 (E. Lévinas)

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Avoir à répondre de son droit d’être, non pas par référence à l’abstraction de quelque loi anonyme, de quelque entité juridique, mais dans la crainte pour autrui. Mon être-au-monde ou ma « place au soleil », mon chez-moi, n’ont-ils pas été usurpation des lieux qui sont à l’autre homme déjà par moi opprimé ou affamé, expulsé dans un tiers monde : un repousser, un exclure, un exiler, un dépouiller, un tuer.

La crainte d’occuper dans le Da de mon Dasein la place de quelqu’un; incapable d’avoir un lieu – une profonde utopie. Crainte qui me vient du visage d’autrui.

Le moi, c’est la crise même de l’être de l’étant dans l’humain. Crise de l’être, non pas  parce que le sens de ce verbe aurait encore à être compris dans son secret sémantique et appellerait à l’ontologie, mais parce que moi, je m’interroge déjà si mon être est justifié, si le Da de mon Dasein n’est pas déjà l’usurpation de la place de quelqu’un.

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Emmanuel Levinas

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