Pour une lecture grotesque de Heidegger

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C’est à un des mes commentateurs, que je n’accablerai pas en le nommant, que mon analyse de certains textes de Heidegger – L’Expérience de la pensée, La lettre sur l’humanisme… – doit d’avoir été qualifiée de grotesque.

L’adjectif est en réalité on ne peut mieux adapté à ce qui ne peut manquer d’arriver lorsque, sous la façade étincelante du texte heideggerien, nous saisissons le travail de transposition destiné à assurer une monumentalisation et une transmission du nazisme.

C’est une des caractèristiques du dispositif Heidegger que de constituer sa propre protection en permettant à de nombreux lecteurs, au demeurant étranger à tout nazisme, de participer à sa mise en valeur. Un texte de Mattei, par exemple, sur le Quadriparti semble jeter pour toujours la croix gammée heideggérienne dans le puits des calomnies, des ressentiments voire de la haine de la pensée. Pourtant, j’en suis convaincu, cette croix gammée est à Heidegger ce que fut la croix chrétienne pour Kierkegaard. On mesure non seulement avec tristesse mais aussi avec horreur et écoeurement l’abîme qui sépare le danois et le souabe.

Le grotesque hideux de Heidegger apparaît sur ce point dans toute sa laideur. Appliqué et comme en dévotion, le lecteur fait reluire le Quadriparti tandis que la croix gammée continue grâce à ce travail consciencieux et respecteux son petit bonhomme de chemin dans la philosophie. Quand on prendra la mesure exacte du mépris dans lequel Hedegger tenait en réalité les « producteurs de philosophie » on comprendra du même coup comment il a pu embarquer dans son entreprise des « penseurs nouveaux » prêts à s’aveugler eux-mêmes sur ce qu’il leur faisait faire en réalité. Et surtout pas de chanter sur tous les toits une version même un peu arrangée de l’hitlérisme! Le dispositif est beaucoup plus intelligent que cela. Il est même parvenu à rallier à la cause de son fonctionnement des philo-nazis de culture et des anti-nazis politiques!

Mais n’est-ce pas ce que pouvaient rêver de mieux tous les universitaires « humanistes » qui ont soutenu, en Allemagne et ailleurs, la grande révolution hitlérienne et son grand oeuvre auschwitzien?

Alors oui je finis par prendre l’adjectif de grotesque pour un compliment. Ne cessons surtout pas de faire des lectures grotesques de Heidegger! Celui qui a « magnifier le simple » du zyklon B ne mérite pas autre chose. N’interdisons surtout pas Heidegger mais multiplions-en les lectures grotesques, néo-expressionnistes, dégénérées et décadentes!

Le chant homérique de Heidegger est la magnification du choeur de la SS.

Grotesque apparaît alors comme un mot bien faible pour qualifier l’entreprise.

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