On nous a vendu pendant des années un Heidegger qui répugnait au biologisme racialiste. On se croyait quitte ainsi avec son racisme et son antisémitisme. Heidegger ne s’était trompé que pendant quelques mois en acceptant le rectorat de Fribourg dans la foulée de l’arrivée de Hitler au pouvoir. C’est de la mythologie pure et simple. Si l’arrivée de Hitler à la chancellerie berlinoise a comme pour écho celle de Heidegger au rectorat fribourgeois c’est précisément parce que Heidegger a vu en Hitler l’homme de l’extermination des juifs d’Europe. Suite attendue de la mythologie d’un Heidegger passagèrement fourvoyé : les Cahiers noirs seraient une critique impitoyable, antinazie, du national-socialisme. Au contraire ils confirment très clairement que Heidegger a toujours eu comme projet une spiritualité nazie génocide(s) compris. Mais comme souffle un vent d’extrême-droite en Europe certains ont encore tout intérêt à faire passer Heidegger pour un antinazi. C’est en réalité un sur-nazi et il n’a eu de cesse, à partir de 1933, de réclamer d’urgence que soient prises des « décisions essentielles ». Preuves :
« … La race, dit Heidegger dans les Cahiers noirs (Réflexions V), n’est que condition, sans jamais qu’elle soit pour un peuple le facteur essentiel et inconditionnel ». (Gallimard, page 354). Il est très clair que Heidegger ne rejette pas la notion de race et qu’il l’intègre, au contraire, à sa conception. Il en fait une condition. C’est cohérent avec le fait que Heidegger défendait ce que pouvait et devait être sa propre position dans l’appareil d’Etat hitlérien. S’il était devenu un « biologiste » s’en était fini avec l’auteur d’ Etre et temps. C’est pourquoi il a argumenté en termes d’ esprit. Il ne s’agissait pas d’attendre de la purification de la race l’émergence d’une culture mais de projeter vers le futur un véritable esprit allemand. Cette perspective était la seule à s’ouvrir à l’essentiel et à garantir la souveraineté du peuple. Bref, pour Heidegger, le biologisme tuait le peuple en le massifiant, « au lieu, je cite, de prendre réellement le risque du futur et de se mettre face à de réelles décisions ». Parmi ces décisions celle, sans doute, d’en finir une fois pour toutes avec la « question juive ». Plus hitlérien qu’Hitler en somme !