Sur le négationnisme pro-heideggérien de Jean-Luc Nancy – Quand la banalité de Heidegger antisémite et son archi-fascisme, qualifié de « geste philosophique », permettent à Jean-Luc Nancy de faire de Heidegger un antinazi. [Critique de Banalité de Heidegger de Jean-Luc Nancy (1)].

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Comment peut-on faire confiance à ceux des grands esprits de ces dernières décades qui semblent surtout avoir voulu sauver coûte que coûte le soldat Martin H de l’ accusation de nazisme ? Le titre à lui seul, Banalité de Heidegger, spécifie l’opération à laquelle se livre Jean-Luc Nancy dans son opuscule de 2015. En chargeant Heidegger du fait de s’être laissé happé, comme d’innombrables autres européens, par l’antisémitisme ambiant, cela même qui justifie d’en faire un antisémite banal, Nancy disjoint l’antisémitisme de Heidegger d’un archi-fascisme à caractère philosophique et, ce faisant, l’autorise à faire de Heidegger un antinazi. Mais lisons comment l’auteur, visiblement embarrassé,  s’y prend pour brouiller une fois de plus les pistes : « Contentons-nous d’une phrase dans le volume 95, qui rassemble tout le mépris du philosophe pour la doctrine nazie : « Savoir racial, savoir pré-historique, savoir du peuple constituent le fondement « scientifique » de la vision-du-monde populo-politique ». Nancy aurait du tout d’abord interrogé le fait que, dans la phrase citée, Heidegger ne recourt pas au terme de « nazisme ». Nous en savons ainsi surtout sur la manière dont Nancy lui-même forge une représentation du nazisme qui lui permet de faire de Heidegger un antinazi. C’est une constante chez lui : le nazisme c’est forcément du « populo-politique ». L’auteur d’ Etre et temps ne peut à ce compte là qu’être antinazi. Il faut au contraire se demander quelle forme spécifique de nazisme est celui-de Heidegger. Heidegger faisant de l’ antisémitisme une « science allemande » il était fondé à afficher du mépris pour tous ceux qui étaient tenus, pour diverses raisons, à l’écart de son enseignement. Et cela d’autant plus que, jusqu’en 1933, des juifs comptaient parmi ses meilleurs élèves !

Nancy aurait pu, à ce point, enrichir la problématique par cette autre citation tirée des Cahiers noirs : « Le nazisme est un principe barbare. C’est ce qui constitue son essence et sa possible grandeur ». Citation contre citation : celle-ci change tout : Heidegger incarne, en en étant un des garants « spirituels », la possible grandeur de la barbarie nazie. C’est autre chose qu’un archi-fascisme puisque cela comprend nécessairement l’anéantissement total et effectif du monde juif. Il faudrait plutôt se plaindre du fait que Heidegger salit la philosophie en l’enrôlant dans son entreprise de « relève », d’essence nazie, du « populo-politique ».

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