Rage et déception du super-nazi Martin Heidegger après sa démission du rectorat de Fribourg en 1934. Texte :

 

 

Voici ce qu’écrivait Heidegger en 1934, après sa démission du rectorat de Fribourg dans son cours intitulé : La logique comme question en quête de la pleine essence du langage :

Il ne s’agit pas ici ni de recherche ni d’enseignement, mais d’être, à partir de l’étant tout entier, tourmentés et empoignés par l’essence des choses qui portent et maintiennent enseignement et recherche. La discussion qui a lieu aujourd’hui ne fait qu’attester que l’on n’a pas encore compris de quoi il s’agissait; elle témoigne du fait que nous aussi maintenant sommes encore dans la situation dans laquelle l’enseignement supérieur est en train de se précipiter vers sa fin. La désintégration en disciplines est la fin de l’université, laquelle est là déjà depuis des décennies, parce que depuis longtemps une force éducative unitaire de fond fait défaut. Est-ce qu’il n’y a plus de pouvoir créateur unitaire, est-ce que la force au cœur du peuple allemand ne sait plus se maintenir fermement soi-même, mais seulement se cramponner à ce qui a été jusqu’ici?

Ce n’est pas la désintégration en disciplines ni la fin de l’université que nous déplorons, mais le fait que l’on jette un voile sur cette fin, que l’on essaye par tous les moyens de la recouvrir – justement du côté de ceux qui révolutionnent et ne remarquent pas que nous ne conservons plus qu’un cadavre, une unité de façade.

(Op. cité page 93 – Ed. Gallimard 2008).

On observe tout d’abord comment Heidegger dramatise la situation et se met l’auditoire étudiant dans la poche. Il s’agit de s’accorder à ce qu’a d’essentiel le mouvement hitlérien et non de se perdre dans des considérations programmatiques. A l’évidence Heidegger a cherché à être le Führer de l’université. Il était farouchement contre une université élargie par exemple à l’enseignement technique et professionnel supérieur. Il voulait diriger une université restreinte s’adressant à une « élite de l’élite » aryenne initiée à « l’événement ».

L’université devait être l’avant-garde spirituelle guidant le peuple aryen vers ses destinées les plus hautes. Cela signifiait déjà l’extermination des juifs. Sur ce point il piaffait discrètement d’impatience.

Notons aussi comment il stigmatise l’aveuglement des « révolutionnaires ». Il les accuse de ne pas voir qu’ils se mettent dans la contradiction à vouloir s’évertuer à greffer une belle façade sur un cadavre. Heidegger a rêvé à une profonde révolution culturelle nazie de l’université. Sorte de version de la république de Platon où les « philosophes-rois » seraient remplacés par une élite spirituelle-raciale. L’université devait être une sorte de bulle de formation d’une étroite élite dépositaire de l’esprit purement allemand (ou aryen).

 

C’est bien la radicalité de Heidegger qui a décidé de sa « démission ». Cette radicalité s’exprimera dans son travail intellectuel. L’Oeuvre Complète de Martin H. est la « bible »… de l’université à laquelle son auteur n’a cessé de songer.

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Sur la photographie on voit comment le recteur Heidegger, grand rénovateur nazi de l’université allemande s’est fait faire, après la seconde guerre, une veste à tout point conforme à celle qu’avait porté Hitler à l’occasion d’un portrait rustique sur fond d’une « Hütte ».

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