Complément à « Nazisme de « L’homme habite en poète »/Heidegger » du 01/12/2011. Heidegger : « L’Allemand seul peut poétiser et dire l’être de façon originellement neuve. » (Der Deutsche allein kann das Sein ursprünglich neu dichten und denken, GA 94, p.27)

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« L’Allemand seul peut poétiser et dire l’être de façon originellement neuve. » (Der Deutsche allein kann das Sein ursprünglich neu dichten und denken, GA 94, p.27).

Cette phrase de GA94, un des 4 volumes formant Les cahiers noirs, est traduite par Emmanuel Faye et figure dans sa réponse à JL Nancy dans Libération du 6 novembre 2017.

Elle confirme avec simplicité et franchise… mon analyse publiée le 1er décembre 2012 et où j’affirmais que la célèbre conférence de Heidegger intitulée L’homme habite en poète était nazie. Pour mémoire voici la note correspondante :

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Nazisme de « L’homme habite en poète »/Heidegger

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« L’homme habite en poète » est le titre d’une conférence de Heidegger se présentant comme une « presque » citation d’un vers de Hölderlin. Le texte original est le suivant :

Plein de mérite, mais poétiquement,

habite l’homme sur cette terre.

C’est magnifique : l’habitation est poétique ou n’est pas!

Comme presque toujours chez Heidegger, du moins à partir de l’arrivée au pouvoir des nazis, cette magnificence dissimule horreur et abjection.

La proposition n’est d’abord pas une proposition anthropologique. Elle ne veut surtout pas dire que le genre homme, saisi dans son universalité, a vocation d’habiter en poète.

Il serait erroné de lire le titre heideggérien comme une proposition de type S est P.

« L’homme habite en poète » peut se dire « L’homme » (S) est « habitant en poète » (P). Or ma thèse est que Heidegger ne veut surtout pas dire cela comme on dit par exemple « le ciel est bleu » ou la « mer est salée ».

Comment faut-il le lire? En étant attentif à ce que Heidegger a décrit comme une « transitivité » de l’être. « Etre » est un vocable transitif. Etre est. C’est parce que « quelque chose » est « habitant en poète », « habite en poète » que cette chose est homme.

Jusqu’ici tout va encore à peu prés bien. Nous pourrions nous arrêter là et faire de Heidegger celui que l’on a envie qu’il soit :  un brave penseur qui dit « habitez en poète et vous accomplirez votre humanité! »

Le problème est que Heidegger donne des conditions pour que se fasse cet accomplissement. Pour habiter en poète il faut impérativement parler une « langue de l’être », une langue qui fasse que l’habitation excède le logis en étant comme telle ouverture à l’être.

Or il n’y a, pour Heidegger, que deux langues de l’être : le grec et l’allemand.

Il faut se soumettre à la « logique » heideggérienne : seuls sont capables d’habitation poétique, et donc d’humanité, les parlants grecs et les parlants allemands surtout, dans le monde contemporain, les parlants allemands. Les autres parlants sont destinés à la sous-humanité puisqu’ils ne sont pas capables d’habitation poétique. Ils ne peuvent, transitivement parlant, être l’humanité, accomplir une « essence de l’homme ».

C’est donc avec un soin méticuleux que Heidegger, après la guerre – la conférence date de 1951 – continue son « oeuvre » d’introduction du nazisme dans la philosophie.

Auschwitz non seulement n’ébranle pas Heidegger mais est confirmé comme ombre portée indissociable de « l’habitation en poète » heideggérienne.

Car « habiter en poète » ne peut avoir pleinement son sens heideggerien qu’à justifier une hiérarchisation des modes d’être et de ne pas être. De la glorification des Dieux, notamment en vertu du « svastika-Quadriparti », jusqu’à l’extermination de certains parmi ceux qui n’ont pas la « langue de l’être ».

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