Ils ont raison : les policiers n’ont violé ni Théo ni Alexandre. Mais ce qu’ils ont fait est pire. Les viols de désir supposent qu’il n’y a pas de barrière absolument étanche entre les corps. Le viol est un crime parce qu’il implique la soumission contrainte d’un corps à un autre corps. Mais, au moins, de nombreux violeurs y vont, pour le dire de cette manière, de leur propre intimité. La matraque télescopique, objet métallique et mince, permet une sorte de viol avec prothèse. Le sexe du violeur n’est ainsi pas souillé, par exemple par le « noir du noir ». Si j’étais juge et si un policier disait : « Je n’ai pas pu résister à la tentation. Je l’ai pénétré en force dans sa cellule » je lui dirais : « Vous avez au moins l’excuse du désir et de la sensualité. Mais cela ne vous dispense pas de votre responsabilité quant à l’intégrité et à la dignité d’autrui. Vous êtes coupable ». Dans le cas des viols par matraque l’équation « viol moins le viol » est en réalité une circonstance aggravante. Cela signifie que les violés étaient par essence indignes d’un corps à corps. Le motif du « viol par matraque » n’est pas le désir d’un contact corporel, mais un mélange de haine, d’aversion, de dégout et, surtout, d’une volonté d’humiliation suprême, de marquage à vie du sceau de l’indignité.
Matraque télescopique en acier vendue 120 euros. Cet horrible outil ne semble-t-il pas avoir été conçu aussi pour le « viol sans viol »?
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