Petit contre-dictionnaire Heidegger : EREIGNIS

 

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Ereignis est un terme auquel Heidegger a accordé, à partir des années 40, beaucoup d’importance. Littéralement il signifie événement. C’est ainsi qu’il est parfois traduit. Le verbe correspondant, ereignen, signifie effectivement « se produire », « survenir ». Mais le verbe eignen, qui se trouve dans er-eignen, signifie également adapter et, avec sich eignen, « convenir pour ceci ou cela ».

 Heidegger a voulu qu’on entende Ereignis à la fois comme événement et comme « convenance ». A l’origine ces mots proviennent d’un terme – eräugen qui signifie « (se) laisser voir », « (se) manifester ». Quand cela a lieu cela constitue effectivement  un événement et le sens de cet événement est  qu’il y a convenance entre celui qui voit à la chose qui est vue.

Mais, dans le texte de Heidegger, il ne s’agit pas du voir. C’est l’homme lui-même et l’être qui, d’une certaine manière, conviennent, « correspondent ».

L’Ereignis est cet événement, ce mouvement en vertu duquel, en s’entre-appartenant l’un l’autre, l’homme est l’être sont portés à la plénitude de leur « propriété », de ce qui leur est propre.

Mais pourquoi l’Ereignis et quelle signification idéologique nous nous sentons contraint de lui attribuer ?

L’heideggerisme est un nazisme d’expression philosophique. En ce sens Ereignis signifie, pour le traduire en termes clairs, que la mise en œuvre de la solution finale est précisément un tel mouvement d’appropriation de l’homme et de l’être. Heidegger croit, en nazi, à la signification fondamentale de l’extermination de ceux qui sont incapables, selon lui, d’entendre l’être. Nous devons identifier cette abjection, dans toute sa bassesse, puisque aussi bien on ne comprend pas les motivations intellectuelles de Heidegger sans les rapporter à ce qu’il croit être un combat ontologique décisif contre « l’enjuivement ».

Heidegger est hitlérien. Ereignis aide à « penser » en quoi Hitler permet l’événement d’appropriation entre l’homme et l’être.

C’est affligeant mais le travail de Heidegger a consisté à donner une formulation philosophique à la préparation et à la commission d’un génocide représenté comme un événement majeur. En ce sens on n’a jamais peut-être autant fait miroiter une ontologie à la surface de ce qui est en réalité un déchaînement absurde et monstrueux de destructions et de meurtres.

Heidegger, à Jean Beaufret, a déclaré ceci : dans l’Ereignis « l’homme est transi par l’être jusqu’à devenir Dasein et cet Ereignis est la vérité de l’être auquel le Dasein appartient essentiellement ».

Cela est d’une clarté inapparente mais immonde. Un des points communs de Hitler et de Heidegger est que, pour tous les deux, la « question juive » est centrale. La « vérité de l’être » est ainsi que les juifs sont sans monde et sont sourds à la question de l’être. Il y a Ereignis, événement appropriant, quand l’homme, apercevant son « manque à être », son peu d’humanité authentique, devient Dasein et s’ouvre ainsi à la question et à la vérité de l’être. Il ne peut alors que souhaiter l’extermination et participer à son organisation. Au fond il y a Ereignis quand un homme devient un nazi acharné. Son implication dans le crime – mais c’est un crime qui n’est pas un crime – est elle-même un moment du mouvement d’appropriation de l’homme et de l’être. C’est participer à la restitution d’une humanité corrompue et détruite par « l’enjuivement ».

Sur le fond Auschwitz, surtout en regard de la défaite militaire du IIIème Reich, a dû apparaître à Heidegger comme un grand moment d’Ereignis ! On comprend pourquoi, à ce propos, il s’en est tenu à des formules destinées à dissimuler son contentement de Dasein. Et à mettre le crime sur le dos de la technique.

On comprend aussi pourquoi La lettre sur l’humanisme est une défense discrètement passionnelle des condamnés du procès de Nüremberg.

Il n’y a jamais eu de crimes contre l’humanité à Auschwitz : ce fut, au contraire, l’Ereignis !

(Je crois savoir que Jean Beaufret a félicité par ailleurs Faurisson pour son négationnisme)..
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Remarque :

C’est par avenance que François Fédier rend le terme Ereignis dans sa traduction des Beiträge zur Philosophie (vom Ereignis).

Fédier traduit ainsi le titre : Apports à la philosophie – De l’avenance

Quelque chose advient selon une événementialité appropriante. Nous avons vu ce qu’il fallait en penser. Etait Ereignis un record battu dans une chambre à gaz.

Il importe relativement peu que Heidegger ait été informé avec précision ou non de la mise en oeuvre du génocide. C’était un exterminateur « transcendantal ».

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