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L’expression « merdier », à propos de Heidegger, n’est pas du phiblogZophe. J’ai entendu Barbarin Cassin, au cours de la retransmission d’un débat public tenu à Avignon, dire quelque chose comme « Heidegger, c’est le merdier ».
Elle voulait certainement dire que, dés lors que des arguments existent permettant de soutenir qu’un philosophe aussi prestigieux qu’Heidegger n’aurait jamais cessé d’être nazi, cela ne pouvait que constituer un « merdier ».
Comment l’étudier? Comment l’enseigner? Comment le publier? Comment le critiquer? Comment même est-il possible d’envisager une approche sereine de la vérité sur Heidegger dés lors qu’il a été érigé en figure majeure de la pensée?
Le merdier s’épaissit si, par là, peut être également envisagé la possibilité d’un ravalement de façade intellectuel de courants néo-nazis.
Dans son numéro d’Avril 2011 la revue Philosophie magazine consacre un bref article à la colline du Burghölzli, à Zürich, « haut lieu de la pensée » et qui accueillit jadis Freud et Jung. La revue nous informe :
« A partir de 1959, le Burghölzli ouvre sa porte à Heidegger : pendant dix ans, deux à trois fois par semestre, le philosophe allemand, dont les Séminaires de Zurich sont traduits depuis peu, initie médecin et étudiants à sa vision phénoménologique de l’être, comme existence ouverte au monde et à l’autre. (…) Indifférente aux chapelles, la colline du Burghölzli est aujourd’hui encore l’emblème d’une psychiatrie humaniste… »
Faisons un collage simple et mettons en vis-à-vis cette déclaration de Francis Kaplan, extraite de son livre La passion antisémite habillée par ses idéologues (Editions Le Félin) :
« …Heidegger (…) a activement collaboré à l’antisémitisme nazi » (page 16).
La formule est terrifiante. Heidegger se distingue de ses confrères philosophes antisémites « traditionnels » – Pascal, Marx, Fichte, Proudon, Spinoza, Kant, Hegel… – par un passage à l’acte en l’espèce d’une collaboration avec un antisémitisme d’extermination.
A part cela « la colline du Burghölzli est aujourd’hui encore l’emblème d’une psychiatrie humaniste. »
Comme on peut le constater ce n’est pas le merdier…
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Oui il est certain que cette grosse(grossière?) erreur de jugement de Heidegger nous amène à de vrais questionnements , j’ai mis sur mon blog une vidéo de George Steiner ou il explique sa perception de Martin Heidegger , le propos me semble juste et équilibré , il est clair qu’il ne peut s’empêcher d’exprimer son admiration pour la pensée heideggerienne mais son jugement me parait néanmoins assez objectif .
Bien à vous,
Dominique Giraudet
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Je ne saurais à l’heure actuelle me prononcer plus avant sur cette pensée de Martin Heidegger qui pose effectivement de vrais problèmes de fond ! Je sais que Clément Rosset a exprimé des critiques intéressantes sur sa pensée,je vais essayer de les retrouver ..
Merci pour votre démarche critique de qualité très instructive , avec toute mon amitié,
Dominique.
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