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Je viens de recevoir un commentaire de la part d’un pseudo libellé Math88 qui mérite lui-même un commentaire, et un commentaire d’honneur, un commentaire pleine page!
S’il ne le sait pas encore il faut que le lecteur sache que 88 est un des signes secrets de ralliement des nazis. En effet 8 étant le chiffre correspondant à H dans l’alphabet 88 signifie HH c’est-à-dire Heil Hitler! Math88, probablement vosgien – 88 étant le numéro du département des Vosges – semble donc ignorer la signification hitlérienne de son pseudo.
Je me permets donc de vous le signaler, cher Math88. Votre commentaire est surtout intéressant parce qu’il offre un des innombrables exemples de la danse académique que permet de faire Heideggernaze. A la critique qui voit la signification nazie du texte il est aisé, puisque le texte est fait pour cela, de répondre qu’on a rien compris, qu’on ne sait pas lire, qu’on malmène le texte sacré d’un grand penseur etc. Je vous cite :
La Lettre sur l’humanisme le dit clairement : l’homme est le seul être pour qui il y a de l’être. Or l’être est ce qui vient au langage de l’homme, si on conçoit le langage non-pas comme instrument de domination de l’étant, mais dans sa portée ontologique. Cela suffit à justifier la phrase de Heidegger. Pour l’animal, comme pour le caillou, il n’y a pas d’être, ou, dit autrement, l’animal sub-siste et l’homme ek-siste. Les deux étants, homme et animal, n’ont donc sur le plan ontologique absolument rien à voir.
Ayant rédigé la Lettre à la fin du procès de Nüremberg – et pour « fonder » une légitimation « ontologique » du refus des attendus du procès – Heidegger n’allait tout de même pas clamer sur les toits la continuité de sa « grande croyance »! Dans le contexte nazi « homme » n’est absolument pas un signifiant à portée universelle. L’idée selon laquelle « l’homme est le seul être pour qui il y a de l’être » ne s’applique (de manière circulaire) qu’aux véritables hommes. Si on traduit dans le langage des tropes « idéologiques » de l’ « ontologie fondamentale » cela donne quelque chose comme « l’aryen est le seul être pour qui il y a de l’être ». On pourrait ajouter : la preuve en est qu’il a réalisé Auschwitz, lieu de sélection destructrice des sous-hommes, sélection opérée par ceux qui pour qui il y a de l’être!
Par ailleurs une phrase telle que (je vous cite) :
Les deux étants, homme et animal, n’ont donc sur le plan ontologique absolument (je souligne) rien à voir.
m’apparaît terrifiante par l’assurance avec laquelle elle affirme le caractère absolu de ce qui sépare l’homme et l’animal. Que cela soit sur le plan dit ontologique ne sauve rien et permet même d’estimer que l’ontologie heideggérienne est une chose trés étrange. Ce qui est gravissime, parce que profondément nazi, c’est bien que, pour Heidegger, ce n’est pas simplement le langage qui fait la différence. Il faut avoir en plus la « langue de l’être ». L’aryen a la langue de l’être! Les non-aryens sont des « barbares » au sens classique du terme.Vous dites aussi ceci :
Qui plus est, vous lisez très mal la seule phrase que vous citez ! Elle ne dit jamais que l’animal est assimilable au caillou, puisqu’elle parle bien d’un gouffre qui sépare la pierre sans vie de l’être vivant. Seulement le gouffre est au moins aussi grand entre l’homme et l’animal.
Je n’ai pas parlé d’assimilation, seulement d’un « comme ». C’est une chose que de souligner un rapport d’analogie; une autre de procèder à une assimilation. Celle-ci va plus loin que l’analogie. Cela dit les nazis sont allés jusqu’à l’assimilation. Relisons au reste la phrase :
“Le saut de l’animal qui vit à l’homme qui dit est au moins aussi grand sinon encore plus grand que celui de la pierre sans vie à l’être vivant. » La phrase demeure dans un flou incroyable. Elle incite même, et on imagine aisément le pathos nazi qu’elle soutient et encourage, à considérer que le saut de l’animal qui vit à l’homme qui dit est encore plus grand que celui de la pierre sans vie à l’être vivant. (Je précise que j’ai fait une faute de transcription en omettant « aussi grand » dans la note d’origine. Correction effectuée).
Faisons un petit tableau :
Animal qui vit ———> saut aussi grand——————-> homme qui dit
———————————–saut encore plus grand————>
Pierre sans vie ——–>saut ————————————> être vivant
Avec une telle grand pensée on comprend que, dés lors que des « animaux humains », et qui sont tels parce que ne parlant pas la langue de l’être ils sont incapables d’habiter en poète, sont au moins dans le même rapport aux hommes véritables – les aryens – que celui de la pierre à l’être vivant. Mais le lecteur doit se faire lui-même une idée du commentaire. Il est suivi d’une copie de la note commentée par le cher Math88.
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Votre article est d’une mauvaise foi affligeante !
La phrase que vous citez (“le saut de l’animal qui vit à l’homme qui dit, est au moins sinon encore plus grand que celui de la pierre sans vie à l’être vivant”) a sa pertinence philosophique pour peu qu’on prenne la peine de comprendre son sens, ce que vous ne faites à aucun moment ici.
La Lettre sur l’humanisme le dit clairement : l’homme est le seul être pour qui il y a de l’être. Or l’être est ce qui vient au langage de l’homme, si on conçoit le langage non-pas comme instrument de domination de l’étant, mais dans sa portée ontologique. Cela suffit à justifier la phrase de Heidegger. Pour l’animal, comme pour le caillou, il n’y a pas d’être, ou, dit autrement, l’animal sub-siste et l’homme ek-siste. Les deux étants, homme et animal, n’ont donc sur le plan ontologique absolument rien à voir.
Qui plus est, vous lisez très mal la seule phrase que vous citez ! Elle ne dit jamais que l’animal est assimilable au caillou, puisqu’elle parle bien d’un gouffre qui sépare la pierre sans vie de l’être vivant. Seulement le gouffre est au moins aussi grand entre l’homme et l’animal.
En gros, vous ne cherchez pas à rendre compte de ce que pense Heidegger. Tout ce que vous faites, c’est tirer au hasard une citation et voir de quelle manière (quitte à la galvauder sévèrement !) vous pouvez aboutir à l’équation Heidegger=nazi. On peut sans doute reprocher bien des choses à ce philosophe, mais ne lui faites pas dire n’importe quoi.
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Copie de la note commentée par Math88 >>
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Voilà encore une phrase ahurissante, digne de la poubelle net-blog.
Car, bien entendu, un texte possédant une frappe philosophique est nécesssairement un objet plein de dignité. Il faudrait étudier, avec humilité, nos classiques : Etre et temps, Problèmes fondamentaux… La Lettre… Mais voilà Heidegger a été, et est encore d’une certaine manière, le “grand philosophe du III° Reich”. Pour être tranquille, et ne pas commettre un crime contre l’intelligence, il vaudrait mieux décréter qu’àprès sa démission du rectorat Heidegger a médité une puissante et décisive critique du nazisme. Tout en étant, pour ce faire, protégé par une bande de gaillards à brassards gammés.
Elisabeth de Fontenay cite cette phrase, probablement dans l’intention de donner un coup de mains aux animaux : “Le saut de l’animal qui vit à l’homme qui dit, écrit Heidegger, est au moins /aussi grand/ sinon encore plus grand que celui de la pierre sans vie à l’être vivant.” Voilà une proposition totalement nazie. Ce n’est pas qu’une petite bévue de philosophe. Imaginons en effet qu’un groupe humain, plutôt bien placé dans la hiérarchie de la puisssance, estime que d’autres groupes ne sont pas si humains que ça et possèdent même quelque chose d’animal. Et bien ce groupe peut se comporter avec eux comme avec des cailloux. Par exemple en vue de fabriquer du savon ou de l’engrais.
On dira que la phrase date des années maudites, des années 30. Mais que dit Heidegger dans La lettre sur l’humanisme, en 1945, quand il dit que le corps de l’homme n’a absolument rien d’animal?
Je ne fais ici que rétablir la hiérarchie heideggéro-nazie des êtres.
1) Il y a les vrais hommes, par exemple aryens. Ils se distinguent par le fait qu’ils habitent en poète.
2) Il y a les semblants d’homme. Ils sont des animaux trompeurs car ils ne disent pas vraiment. Ils n’ont pas, par exemple, la bonne langue de l’être. Ils n’habitent pas en poète.
3) Il y a les animaux. Soyons sympas.
4) Il y a enfin les pierres. Mais comme les semblants d’homme ne sont finalement que des bêtes on peut se comporter avec eux comme avec des cailloux. On fera avec de l’engrais. Je n’invente rien : telle fut l’industrie nazie de la mort.
Heidegger, c’est 1000 camps de concentration.