.
.
.
Roy, le maharajah ruiné du Salon de musique (1958) du cinéaste bengali Satyajit Ray, habite dans une somptueuse villa à terrasse au bord du délabrement.
La première scène est tournée sur la terrasse. Nous découvrons le filet qui empêche les oiseaux et les singes de pénétrer dans un patio qui rappelle les villas de l’antiquité gréco-romaine.
Un champ contre-champ en plongée contre-plongée permet de découvrir la profondeur inattendue de la villa.
Le serviteur de Roy sort de la cage d’escalier qui mène à la terrasse pour lui apporter le narguilé.
Le regard de Roy plonge dans le patio et interpelle son intendant. Le dispositif crée l’impression que Roy habite une demeure souterraine.
Beaucoup de choses sont dites à l’aide de ce décor « naturel » : rapports de caste, décadence, impuissance à préserver un mode de vie ancestral. Le filet peut empêcher les singes d’envahir le patio : il ne peut retenir dans ses mailles le temps lui-même.
En réalité Roy se sentira obligé de recevoir en grandes pompes musicales un « singe » en l’espèce d’un bourgeois parvenu qui lui propose de racheter ce qui lui reste de terres mais qui est aux yeux de Roy un monstre d’inculture et de vulgarité : un « homme-singe ».
Voici une vue de face du palais de Roy. On observe au premier plan l’effet du ravinement. Des crues monstrueuses ont emporté le jardin qui reliait la villa à la mer. Dans cette oeuvre de 1958 Ray filme un palais qui semble être un ilôt d’un autre temps dans un chaos à la fois humain et écologique. Visionnaire!? Parabolique?!
La fin d’un monde :
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.