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Elisabeth de Fontenay, dans un article publié dans Libération (lien : http://www.liberation.fr/culture/0101265734-relire-heidegger-en-lieu-et-espace) qualifie de « scélérat » le titre de la recherche d’Emmanuel Faye : Heidegger, l’introduction du nazisme dans la philosophie.
Elle reconnaît par ailleurs la qualité scientifique de cette recherche. Elle l’estime incontournable.
Mais le titre serait « scélérat » parce qu’il ne viserait qu’à censurer Heidegger, à interdire publications et traductions. Or Emmanuel Faye n’a cessé, dans ses interventions publiques, de recommander au contraire qu’on publie et traduise des textes de Heidegger encore inconnus en France notamment ceux qui font état de son nazisme « profond ».
Certes, qu’Heidegger introduise le nazisme dans la philosophie devrait modifier sa réception. On connaît la réponse : Heidegger est d’abord un grand philosophe et c’est comme tel qu’il faut le lire.
Faye est dit jouir d’une volonté de destruction. Ce n’est plus un calomniateur mais un destructeur, un inquisiteur.
Ceci est intellectuellement trés grave. Car cela signifie que certaines thèses, au royaume de la liberté de pensée et d’expression, sont de fait interdites.
Si les recherches d’Emmanuel Faye l’ont conduit à être en mesure de soutenir la thèse selon laquelle Heidegger introduit le nazisme dans la philosophie il n’y a aucune raison pour justifier qu’il ne doive pas la formuler « clairement et distinctement ».
Ce n’est pas un titre scélérat, c’est un titre qui exprime une conviction étayée par des recherches solides.
Qu’elle doive modifier une tradition de réception ne peut être amputé qu’à la recherche elle-même et non à quelque scélératesse de titre.
Au fond Elisabeth de Fontenay regrette que le philosophe Emmanuel Faye ne se soit pas menti à lui-même et ait énoncé « clairement et distinctement » sa pensée.
Assumons : le phiblogZophe serait ainsi victime de la scélératesse d’un titre. Espérons que les lecteurs ne seront pas, à leur tour, victimes de la scélératesse d’un qualificatif.
Un espace de recherche nouveau s’ouvre à propos de Heidegger.
Il y a des jalons : Löwith, Weil, Anders, Wolin…
Pour le phiblogZophe le joli et ontologique « berger de l’Etre » de la Lettre sur l’humanisme est un nazi. Et ses chiens sont des SS.
Tout Heidegger peut être résumé par cette association entre une visée ontologique d’apparence sublime et l’abjection la plus monstrueuse.
Heidegger est un rhéteur, un publiciste, un pragmatique au service de la biopolitique d’extermination.
(Mais nous interviendrons plus tard sur la question du lieu).
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A paraître prochainement en Italie :
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