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Il n’y a pas, chez Heidegger, de mur étanche qui sépare son nazisme – un nazisme acharné et bien informé – de son projet « spirituel », oscillant du reste entre métaphysique et anti-métaphysique, entre philosophie et non-philosophie.
Si la question de l’être, et l’ontologie qu’elle ouvre et fonde, est au coeur de la démarche heideggérienne, il n’y a aucune raison pour qu’on persiste à jouer aux aveugles.
La question de l’être, insistante, persistante, harassante c’est la question même d’une autorité légitimée à détruire ce qui est censé faire obstacle à son obscure clarté.
C’est par exemple le Volk, pensé comme peuple de poètes et de penseurs et parlant la seconde langue de l’être après le grec, en tant qu’il est fondé à déployer une souveraineté absolue et ne se pliant à aucune loi qui limiterait un tant soit peu la possibililité de son « habitation ».
L’ontologie heideggérienne c’est la « pensée » de toutes les solutions finales.
Heidegger est en ce sens aussi responsable d’avoir entraîné la philosophie dans un gouffre. Tous les thèmes, même les plus présentables, sont ainsi corrompus parce que placés sous la dépendance d’une ontologie de la souveraineté absolue.
On mesurera la possibilité de catastrophe que recèle cette démarche quand on acceptera de penser que Heidegger était convaincu que l’hitlérisme offrait la base d’une nouvelle civilisation, civilisation dont il en traçait passionnément les linéaments.
C’est le meurtre suicidaire de 2500 ans d’histoire.
Je prétends que je ne fais ici que désigner le point focal à partir duquel le discours heideggérien prend son sens « pratique ».
Ou l’on va ailleurs. Ou l’on s’attache à scruter, dans un esprit résolumment critique, comment le sublime ne cesse de côtoyer l’abject. Reprendre à Heidegger ce qu’il confisque pour le mettre au service d’un « droit à l’extermination ».
Heidegger… pour l’avenir? Même Heidegger est mondialisé!
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