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La veste völkisch de Heidegger est peut-être le vêtement le plus horrible de toute l’histoire de la philosophie.
La casquette à tête de mort des SS avait une signification très claire, en place depuis la seconde moitié du XIX° siècle dans le mouvement völkisch.
Le « philosophe nazi », Martin Heidegger, a eu surtout pour mission de dire autrement les mêmes fondamentaux meurtriers et criminels.
Regardons :
Rien de bien grave, apparemment : un grand philosophe proche de ses racines. Cela pourrait même être sympathique.
En réalité cette veste dit ce que Heidegger ne doit surtout pas (encore) dire à l’époque où la photographie a été prise à savoir que Auschwitz fut un grand succès. (1)
Cette veste prend sur elle de condenser tout l’argumentaire völkisch le projet d’extermination des juifs d’Europe compris.
Hitler aimait les « paroles de pierre » en l’espèce de l’architecture de Speer. Heidegger aime les paroles domestiques, les simples et belles paroles völkisch de la biopolitique d’extermination.
Car cette veste, et telle est la thèse de la note, dément totalement le caractère critique des conférences de Brême.
Ils meurent? Ils périssent. Ils sont éliminés. Ils meurent? Ils deviennent des produits manufacturés dans une fabrication de cadavres. Ils meurent? Ils sont liquidés imperceptiblement dans les camps d’extermination.
La veste de Heidegger rend impossible qu’on puisse lire ces phrases terribles comme des phrases d’opposition, de critique sinon de révolte. Car elle exprime dans sa textu(r)alité völkisch les motifs qui ont fait de Heidegger un pétitionnaire en faveur de ce « commencement originaire » qu’est censée avoir été l’extermination.
La veste « s’assoit » sur la tragédie et dit même que la « guerre de l’être-pour-l’être » n’est sans doute pas terminée.
Une telle posture donne d’avance raison à toutes les attitudes du genre : « on nous barbe avec ses histoires ».
Le danger, paraît-il, serait le nihilisme. Mais c’est précisément ce que prétendait déjà combattre le mouvement völkisch.
Voici donc quelques-uns des vêtements de cette guerre de l’ « être-pour-l’être » :
– la casquette SS à tête de mort;
– la veste völkisch du « philosophe nazi »;
– l’habit à rayure du déporté;
– le corps dénudé de l’arrivant auquel on fait croire qu’il peut prendre une douche.
Le tout heideggériennement orné de magnifiques commentaires sur Nietzsche, Parmènide, Héraclite etc.
Le nazisme c’est trés précisément cette « spiritualité » du meurtre de masse, cette culture de la barbarie planifiée et magnifiée, réalisée avec méthode et déniée comme crime par la magnification.
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(1) On ne peut exclure, hélas, qu’arrive un jour où cela puisse se dire aussi explicitement. Je soutiens que c’est ce que Heidegger dit avait sa veste. C’est sa manière à lui de faire un éloge « imperceptible » du nazisme. Heidegger constituerait ainsi comme le couronnement de toute une tradition d’une spiritualité certaine du bien fondé et de la nécessité de la judéophobie. Avec le nazisme et Heidegger elle devient « commencement originaire » en tant qu’extermination « imperceptible ».
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Le poème attribué à Niemöller est une paraphrase bavarde d’un poème de Brecht. Plus concis et plus poétique !
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