Le « nous » et le « Mensch » chez Heidegger : aïe!

.
.
.

Dans certains textes Heidegger dit « nous ». Voilà la perche tendue à un académisme si démocratique qu’il ne peut qu’avoir hâte – nous n’allons tout de même pas faire un procès de Moscou! – de s’arranger avec un Heidegger « résistant spirituel » au nazisme.

1. Heidegger est un grand philosophe.

2. Or un grand philosophe ne ment pas.

3. Donc il est vrai, comme il le dit lui-même, qu’il a été un résistant spirituel au nazisme.

.
.

La raison heideggérienne est la pire ennemie de la pensée.

.
.

Exemple : quand Heidegger dit « nous » il semble faire référence à un « frère lecteur » universel. Or rien n’est plus abominable, aux yeux de Heidegger, qu’une telle fraternité, qu’une telle universalité. C’est ce qu’il a toujours résolumment combattu en ayant « toujours déjà » planté ses racines dans le mouvement völkisch, violemment antisémite dès la fin du XIX° siècle.

Le « nous » heideggérien est précisément, et strictement, celui de la Gemeinschaft, de la communauté völkisch.

Heidegger est parfaitement nazi : en superposant les deux « nous », le « nous » de l’Université des Lumières à celui du « nous » de l’Université hitlérienne et « völkischisée » il se moque du monde.

Le « nous » de Heidegger est celui des allemands – comme heureux candidats à la délivrance de l’aliénation dans le cosmopolitisme – en tant que tête-pilote de l’Occident authentique, délesté des Lumières, de l’Universel etc. C’est, au-delà de ce cercle, le « nous » des collabos.

C’est comme le Mensch de La lettre sur l’humanisme. On croit qu’il s’agit de l’Homme, de l’être humain. Il s’agit en réalité de l’Ubermensch, de celui qui a fait ses preuves à Auschwitz. Au reste La lettre sur l’humanisme est en son fond un refus « résistantiel » (!) des attendus et des condamnations du procès de Nüremberg.

On voit mal l’académisme publier un recueil de textes de Heidegger commençant par un avertissement portant sur la rhétorique nazie du « philosophe ». (Les guillemets, c’est Heidegger qui se les met lui-même, la philosophie étant « juive » et « métaphysique »).

L’académisme « dénazifie » Heidegger sans le dire. Ce faisant il collabore avec ceux qui se servent en sous-main de Heidegger pour recycler les thématiques nazies.   

.
.
.

1 commentaire

  1. Et que penses-tu de Michel Serres qui dit que cette philosophie a peu d’intérêt compte tenu du peu de résultats obtenus avec une si grande technicité ?

    ________________

    Réponse :

    M. Serres, que je ne connais pas bien, met le doigt sur l’aspect « bidon » de l’entreprise. Il faut aller plus loin, cependant, et montrer que cet aspect est fort utile au regard du référent völkisch. Heidegger a construit une sorte de paysage mental – c’est un dispositif – destiné à maintenir captif les « esprits » völkisch. C’est une machine de la guerre des races : un Gestell thanatocratique.

    Sk

    J’aime

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s