Le dernier GAG sur Heidegger résistant

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Sur un site heideggérien on peut lire un article qui enrobe le cours nazi de Heidegger récemment publié La logique comme question en quête de la pleine essence du langage d’une énième belle dissertation. Cela devient une sorte de sport : cacher l’horreur de la « pensée nazie » de Heidegger avec le chocolat Heidegger.

Le comble est atteint dans le dernier paragraphe :

Résistance : « Il faut que les Allemands, qui parlent tant aujourd’hui d’élever un homme nouveau, apprennent ce que veut dire préserver ce que déjà ils possèdent » (toujours la traduction de Frédéric Bernard) – ainsi s’achève le cours de Logique,qui a été proféré devant des officiers nazis. Cela s’appelle liberté de ton, résistance en parole, dire entre les lignes.

Léo Strauss a écrit un maître livre là-dessus.

 

Peu importe de quoi parle en réalité l’article, il n’est qu’une robe de chocolat pour tenter de faire accroire au lecteur qu’Heidegger aurait génialement résisté « devant des officiers nazis ».

 

Fallait-il donc qu’ils soient bien stupides!

 

Il faut reconnaître que, à ce propos, deux thèses s’affrontent autant qu’elles se complètent :

 

1. Les officiers nazis ont été sur-doués en parvenant à détruire, en un peu près de trois ans, plusieurs millions de juifs européens et plusieurs centaines de milliers de tziganes.

 

2. La deuxième thèse est celle de Heidegger. Ils ont été en réalité indigents : ils ne sont pas parvenus à tuer suffisamment de monde. Ils auraient du génocider jusqu’à Moscou!

 

L’auteur n’a rien compris à Heidegger. Lorsqu’il cite Heidegger : « Il faut que les Allemands, qui parlent tant aujourd’hui d’élever un homme nouveau, apprennent ce que veut dire préserver ce que déjà ils possèdent », il ne voit pas que Heidegger, en critiquant cette philosophie national-socialiste (une idiotie pour Heidegger, une idiotie en tant que philosophie (1) ) demande en réalité -nous ne sommes qu’en 1934 –que ceux qu’il appelle les Allemands préserve ce qu’ils possèdent déjà précisément en envisageant quelque chose comme une solution finale.

 

Heidegger, en réalité, ne résiste qu’à la torpeur d’une « Stimmung » antisémite égarée dans une  vision du monde. Préserver, pour les Allemands, « ce que déjà ils possèdent » est ainsi beaucoup plus important pour le chef spirituel nazi que de se projeter en homme nouveau. Heidegger, de ce point de vue, n’est pas un « bolcho-nazi ». Il est absolument un révolutionnaire-conservateur.

 

Bref, la préservation n’est qu’un des noms heideggériens de la solution finale. Elle conduit à la shoah par balles et aux chambres à gaz.

 

Le visiteur lira l’article en question à l’adresse suivante :

http://www.paris4philo.org/article-16691019.html

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(1) Le nazisme, pour Heidegger, n’est pas une « représentation du monde » et encore moins une « philosophie ». C’est une « ontologie » fondamentale, une onto-politique, dont la clé de voûte est la biopolitique d’extermination. Quand Heidegger donne l’impression qu’il résiste, c’est au nom de cette ontologie fondamentale. Et celle-ci est résolument au-dessus de l’interdit du meurtre.

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