Heidegger : vers une guerre des titres?

Y-a-t’il une guerre des titres sur la triste planéte Heidegger? Aprés l’ouvrage de E. Faye Heidegger, l’introduction du nazisme dans la philosophie voici L’Introduction à la métaphysique de Heidegger, recueil de commentaires du cours de 1935 portant le même titre au déplacement de signature près.

D’abord cette remarque : on se souvient du tir de barrage contre E Faye à propos de sa demande de retirer Heidegger des rayons de philosophie. Si on peut comprendre certaines motivations de l’indignation on ne saurait méconnaître que la situation académique  en vigueur a de quoi soulever le coeur.

Car la reconnaissance de Heidegger vaut de fait comme quittus, comme obstacle à la recherche sur la signification politique du texte heideggérien, voire comme négationnisme du nazisme (ne serait-ce qu’à titre d’hypothèse) de l’auteur canonisé.

La seule façon de lire Heidegger pour lui-même est de reconnaître qu’il transpose en une langue spirituelle « trans-philosophique » le mouvement nazi dont il est le compagnon de « magnificence ».

Le recueil dirigé par Courtines a cependant ses étrangetés. Par exemple Marc Crépon conclut son article par ces remarques : « Une seule certitude : la géographie spirituelle exposée dans le premier chapitre de l’ Introduction à la métaphysique trouve son ultime écho dans l’invocation sans ambiguïté de ce que Heidegger appelle « la vérité interne et la grandeur (die innere Wahreit und die Grösse) du nazisme, dès lors que cette « vérité interne » et cette « grandeur » y sont spécifiées comme la « rencontre, la correspondance entre la technique planétaire et l’homme moderne ». (p. 124).

Certes il faut essayer d’entendre Heidegger « en propre ». Mais le point d’arrivée de Marc Crépon devrait être en réalité un point de départ. Sauf que, à ce point, les habitudes éditoriales ne sont pas à la publication des études sur le nazisme de Heidegger.

On peut toujours dire « c’est plus compliqué… Heidegger dit aussi cela etc. ». Le projet étant de faire de la philosophie un système de décisions  au « service de la cause de l’Etre » et que cela même se nomme en réalité le nazisme la véritable question serait d’étudier comment Heidegger ne cesse de nommer le nazisme sans le nommer, ne cesse de tenter de lui donner un cours « historial », de la « vérité » et de la « grandeur ». Faut-il fermer les yeux devant le fait que les camps seraient l’antichambre de celles-ci?

Pour nous toute la terminologie de l’Introduction du « commencement originaire », de « l’ouverture déterminée à l’estance de l’être », de « l’historialité » etc. sont des termes qui désignent en réalité l’Ereignis (événement) qui doit, en 1935, accomplir l’essence même du peuple historial : la Vernichtung, l’extermination.

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