Heidegger/Sens de la « magnificence du simple »

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A la fin de la quatrième de couverture de l’ouvrage de Maxence Caron Heidegger – Pensée de l’être et origine de la subjectivité, ouvrage couronné par l’Académie française, on peut lire la phrase publicitaire suivante :

En suivant le chemin de Heidegger, nous accédons à la dernière grande pensée de l’histoire et avançons pas à pas au côté de celui qui a éperdument voulu retrouver la « magnificence du Simple ».

L’expression est une adaptation d’un aphorisme qui se trouve sur une des pages de droite du texte L’Expérience de la pensée écrit par Heidegger en 1947 (Questions III) :

Magnificence de ce qui est simple.

Me fondant sur le fait que tout le texte me semble être sous-tendu par la croix gammée (le svastika) : groupement des aphorismes ou sous-groupes d’aphorismes par 4; évocation de la rotation de la croix gammée par le jeu entre une strophe d’entrée sur l’aube et une strophe de fin sur le soleil du soir, j’affirme que, pour Heidegger, le simple – le Simple! – n’est pas autre chose que la croix gammée elle-même en sa « simple signification » : le droit de tuer, le droit d’exterminer qui est celui du Volk en tant que peuple absolument souverain comme tel.

Toute « l’oeuvre » de Heidegger n’est que la mise en magnificence de ce simple!

Pour conforter mon propos ci-joint un extrait de ma note HEIDEGGER AUTEUR NAZI (1)/Work in progress (http://skildy.blog.lemonde.fr/2007/05/25/2523/)

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La quatrième de couverture du Heidegger de Maxence Caron  se termine par cette phrase : « En suivant le chemin de Heidegger, nous accédons à la dernière grande pensée de l’histoire et avançons pas à pas au côté de celui qui a éperdument voulu retrouver la « magnificence du Simple ».

Traduisons cela dans nos termes. Le Simple c’est précisément le svastika, la croix gammée.

Car, trés précisément, l’expression magnificence du Simple est une variation sur un aphorisme de L’Expérience de la pensée. /Magnificence de ce qui est simple/.

C’est là tout le programme heideggérien. Le « simple » c’est le Volk enraciné, la maisonnette – et les éléments de ce que j’ai appelé la kitsh-ontologie – mais c’est aussi et surtout la croix gammée, le svastika dont on a vu qu’il « tournait » simplement dans le texte d’Orient en Occident, du silence de l’aube au soleil du soir.

Quant à « magnificence »…  Le lecteur appréciera. Mais le terme de magnificence, rapporté à la série du simple, dit trés clairement ce qu’il en est de la textualité heideggérienne elle-même. Elle est cette magnificence. Heidegger est celui par qui cette magnificence advient. Il est celui par qui la croix gammée rayonne telle un astre, celui par qui (et pour qui) le « droit de tuer », qui est un « droit » d’une très grande simplicité, recèle de quoi donner vie au magnifique de cette magnificence.

Le simple, sans Heidegger, a la simplicité brute des camps :

C7.C8.C9.C10.C11

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Grâce à Heidegger cette simplicité devient magnifique. Par exemple l’extinction des fours crématoires devient L’assombrissement du monde.

Nous avions déjà entrevu le côté ingénieur de Heidegger. C’est un extraordinaire ingénieur en communication. Toute la jouissance heideggérienne a consisté à produire la magnificence du simple.

Nous venons de voir ce qu’il en est du simple. C’est la croix gammée, les barbelés, les déportations, les chambres à gaz, la shoah par balles, le racisme généralisé…

La magnificence d’autres « simples », pour reprendre la pub de Maxence Caron, n’a pas à être retrouvée tellement elle est évidente : une pomme, une « rose des Alpes » (Heidegger). En réalité Heidegger, en bon nazi bien rôdé et en excellent ingénieur en communication, passe par ces « simples » mais les associe étroitement à des « nazèmes » : les stophes poétiques qui évoquent les tableaux de paysage collectionnés par le Führer et, surtout, la croix gammée, dont nous avons vu la magnifique rotation dans le texte, du silence de l’aube au soleil du soir.

Donc, le simple, c’est, finalement – en conformité avec la signification de la croix gammée  : gazons!

L’entreprise heideggérienne est l’emballage magnifiant, de « relevance civilisationnelle », de ce simple au-delà de l’horreur. C’est ce qui guide fondamentalement son usage de la philosophie. D’où, trés certainement, une apparence parfois de sophistication extrême – il faut bien  aussi brouiller les pistes de ce simple-là – et l’exploitation de la poésie – la magnificence passe mieux avec Hölderlin qu’avec Hegel.

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Incise :

Nous pouvons nous représenter le dispositif idéo-théo(rico)-logique heideggérien de cette manière :

A la base de l’édifice on trouve le simple non dicible – sauf en « période faste » comme, par exemple, quand on a un Hitler disposant dans des formes pseudo-démocratiques du plein pouvoir – de la croix gammée, du svastika. Il s’agit du droit de tuer, du droit d’exterminer en tant qu’il est exercé par un peuple, un Volk n’ayant d’autre loi que celle de sa souveraineté inconditionnelle et absolue. Ce Volk se détache donc – en formant en réalité un peuple-policier lui-même asservi – de tout le reste de l’humanité.

Ce simple est indicible parce qu’abject, inhumain, criminel. C’est celui de la chambre à gaz, antithèse monstrueuse de la loi mosaïque.

C’est ce simple monstrueux qui gouverne et dynamise toute l’entreprise heideggérienne.

Celle-ci, pour l’essentiel, y compris dans ses moments en apparence les plus académiquement recevables, consiste dans l’élaboration d’un Verbe capable de porter à magnificence ce simple monstrueux.

Un des aspects de l’entreprise, véritable ingénierie communicationnelle, réside d’abord, mais la pratique est coutumière chez les nazis, dans une stratégie de dissimulation, de recouvrement, de falsification, d’embellissement, de travestissement, d’ oubli en acte. Au reste, sur le plan pratique, les nazis avaient pris grand soin d’assurer à l’extermination des conditions de marginalisation et de discrétion. L’organisation elle-même du meurtre de masse obéit au critère de l’oubli. Dés le fichage la victime est oubliée, effacée.

Dans l’espace heideggerien la philosophie, son histoire, ses textes sont requis autant pour justifier une destruktion des fondements de la modernité, que pour dissimuler l’horreur du simple.

L’autre aspect fondamental du dispositif est conjointement de léguer un Verbe de référence susceptible de « conditionner » la possibilité même de la magnificence du simple.  

L’instruit, le lecteur de Heidegger, le disciple de Heidegger doit pouvoir faire émerger cette magnificence. Nous « avançons, dit la quatrième de couverture de l’ouvrage de Maxence Caron, pas à pas au côté de celui qui a éperdument voulu retrouver la « magnificence du Simple« .

C’est-à-dire la magnifence du svastika en tant que « droit sacré » de tuer et d’exterminer. 

Le disciple doit, en même temps qu’il oublie la monstruosité de la chose, porter à la lumière sa magnificence. C’est, par exemple, la beauté sublime de la « terre natale » que l’oeuvre hitlérienne a rendue aux troupeaux (de boeufs) grâce à la « solution finale ». 

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Argument :

Extrait d’un entretien d’Emmanuel Faye à France-Culture :

Il y a une donnée entièrement nouvelle et qui vient du fait que, en Allemagne, sont parus 66 volumes sur 102 à paraître de la dite Gesamtausgabe. Et depuis peu d’années nous avons des cours absolument effarants, des cours hitlériens et nazis, que nous pouvons lire depuis peu de temps. Ni Lévinas ni Foucault ne connaissaient ces cours. Donc, à cet égard, par rapport à ce que disait Alain Finkielkraut, je lui dirais que ce n’est pas le passé que nous regardons mais c’est le présent et notre futur. C’est-à-dire, le risque c’est de se demander quelle sera l’influence de ces écrits actuellement en cours de parution alors même qu’ils vantent l’anéantissement total de l’ennemi “enté sur les racines du peuple”. C’est quand même terrible. En 1934 Heidegger parle de la völlige Vernichtung soit d’anéantir totalement l’ennemi intérieur, “le débusquer dans le peuple”.

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