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Nous le savons mieux maintenant, quand les crimes de masse se produisent, et notamment les génocides, c’est surtout parce que disparaît la notion même de crime et de meurtre. C’est ce que j’ai appelé le négationnisme de méthode. Celui-ci n’est donc pas postérieur au crime, mais contemporain de celui-ci et même, de manière encore plus décisive, « prospectif ». Il conditionne la possibilité de tous les passages à l’acte qui, s’effectuant dans une zone grise sans qualification, finissent par réaliser, presque par synergie, les pires des programmes.
Quant aux finalités réelles poursuivies par les instigateurs ou les inspirateurs… J’incline tout de même à penser qu’il s’agit surtout de donner à des sociétés travaillées par de profondes contradictions l’ignoble divertissement qui permet aux dominants en place de maintenir et de consolider leur position. C’est l’alliance du privilége, qui peut être conquis par le travail, avec les méthodes inspirées par la pègre et les maffias. Tout est bon pour pourrir l’espace social et produire l’illusion d’un changement, lequel n’est en réalité qu’une consolidation des rapports de domination en place. Quitte à ce que le gâteau, pour celler l’alliance avec les forces du crime, dispense un peu plus de parts à certains groupes ou à certains réseaux.
Le marché a besoin à la fois de démocratie alors même que les dominants craignent de voir remis en cause leurs acquis. Aujourd’hui même, la crise écologique majeure qui s’annonce va placer ces dominants dans la position délicate d’avoir à défendre l’indéfendable. Comment vont-ils s’y prendre?
Pour l’heure il suffit d’observer un parti comme celui du Front National. C’est une accumulation de sottises articulées sur le passionnel, la rancoeur, le ressentiment. Il ne représente absolument aucune véritable perspective sinon celle de couver la possibilité même du pire. A savoir quand la société va dans le mur de la haine et est aiguillée vers le crime comme s’il pouvait s’agir d’une solution. Mais, précisément, l’utilité du Front National découle de son absurdité même. C’est la politique faite illusion et destructrice du politique lui-même. C’est le jouet parasite, le « virus de logiciel », le fantasme de la dérivation et de la diversion.
Mais quel est le rapport avec Heidegger? Des plus essentiels à ce qu’il me semble. Les « Fédier » ont du rire quand ils ont concocté le titre « Heidegger à plus forte raison ». Cet Heidegger qui a déclaré que la raison, tant vantée depuis l’aube de la philosophie, était en réalité l’ennemie la plus acharnée de la pensée.
Réflexion faite : leur titre se tient très bien. Il signifie « A plus forte raison » pour celui pour qui la « raison est l’ennemie la plus acharnée de la pensée ». Et là je refais un petit tour dans l’histoire.
Thèse : Quand Heidegger développe, en parfaite consonnance avec Adolf Hitler, le thème de la « raison comme ennemie acharnée de la pensée », il ne fait que vendre la « philosophie » aux dominants exactement comme n’importe quel voyou monnayant ses services aux para-militaires… ou à la police politique. Heidegger a vendu la pensée comme une force d’appoint pour détruire la société.
Je pars du principe que si les Juifs et les Tziganes ont été les principales victimes de l’extermination, le « but » était d’enfermer toute la société dans le système concentrationnaire. Le SS de base, qui est un bourreau qu’il est normal de vouloir combattre voire abattre, est aussi à sa manière une victime du système… dans le sens où un homme peut espérer de l’existence autre chose que d’être le destructeur de ses semblables. Le SS est déjà détruit dans le fait même qu’on lui a appris à ne pas voir dans ses victimes des semblables…
Dans un tel système il y a les Seigneurs… et puis tout le reste, c’est-à-dire le système concentrationnaire lui-même où masse criminelle et groupes humains détruits constituent une machine de destruction de la société.
Attention : pour que la machine de destruction de la société fonctionne il faut précisément des victimes. Les bourreaux, quels qu’ils soient, sont à combattre ou/et à juger. Ce que je dis ici n’a absolument rien à voir avec une quelconque excuse. Je dis seulement que le bourreau, à la différence du Seigneur, est lui-même captif du système concentrationnaire qui lui enjoint de tuer sans commettre de crime. Et telle est, déjà, la destruction de la société : quand on tue sans commettre de crime.
Il faut cependant ajouter à cela ce « scolie » : Ce ne sont peut-être pas les principaux coupables et responsables qui sont le plus souvent jugés et condamnés. Les intellectuels ou « hommes de culture » qui ont tiré profit de leur autorité pour contribuer à répandre le « négationnisme de méthode » portent une responsabilité bien plus grande que le pire exécuteur de base.
Même Hitler a fini par se suicider. Alors même que son véritable « démon », Heidegger, est célébré dans le monde entier comme le grand penseur du siècle écoulé.
Je maintiens que Heidegger a vendu la pensée et la philosophie, tel un voyou ses services, aux « forces de désordre ». La polémique actuelle, qui a encore de beaux jours devant elle, porte profondément la trace de cette vente de la pensée à ces forces.
Heidegger un vulgaire nazi? Heidegger un grand philosophe? Mais il n’aimait pas la philosophie. Il la détestait à ce point que s’il l’a « déconstruite » c’est aussi en compromettant la « pensée » – pour laquelle il fait un invraisemblable blabla – dans l’élaboration du « négationnisme de méthode » indispensable aux crimes de masses et aux génocides. Il a élaboré un palais-labyrinthique de sens et de non-sens propre à servir de fait le « négationnisme de méthode ». La criminalité de Heidegger est alors celle-ci : Quand on veut isoler ce qu’il a créé de pensée pure, de pensée pensante, de pensée qui pense enfin, c’est en réalité pour isoler le principe et comme l’essence même de tout négationnisme de méthode. Négationnisme sans lequel Hitler lui-même n’aurait rien pu faire. Pendant que Hitler déclarait clairement ses intentions génocidaires le grand philosophe Heidegger distillait aux élites allemandes le négationnisme de méthode sans lequel elles n’auraient pu être elles-mêmes captives des camps… c’est-à-dire, côté bourreau, captives de la destruction même de la notion de crime et donc actrices de la destruction de la société.
Ce que voulaient les Seigneurs. Heidegger fut un de leurs plus fidèles serviteurs. Et c’est pourquoi, encore aujourd’hui, il bénéficie d’une garde rapprochée. .
Est-ce la raison pour laquelle, sur la chaîne publique Public Sénat, on a pu entendre un heideggérien, François Fédier – il est vrai plus de 60 ans après la libération d’Auschwitz – déclarer froidement, avec l’habit et le verbe du philosophe, que seuls pourraient avoir accès aux archives Heidegger les chercheurs « sans préjugés »?
Qu’est-ce qui se trame donc du côté de la Gesamtausgabe?
Cette police de la pensée argumente du fait que c’est le censuré qui « fait la police ». Les « Faye » seraient des inquisiteurs, des profanateurs, des incompétents passés maîtres dans l’erreur d’interprétation.
Pour cette garde rapprochée il est entendu qu’un thésard qui voudrait faire une recherche sur le nazisme de Heidegger serait écarté des archives.
N’est-ce pas une démonstration suffisante?
Fédier souligne : Heidegger est un philosophe et il faut l’étudier comme un philosophe. Les « bons étudiants » acquiescent… Pendant ce temps là, sous couvert de philosophie, c’est le négationnisme de méthode, à l’échelle même du texte heideggérien, qui est à nouveau à l’ordre du jour.
Pour quel horizon?
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Fédier est un crypto-nazi, c’est évident.
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