.
.
.
Dans la catégorie Les voix de la pensée voici une émission d’une demi-heure avec le philosophe Charles Taylor :
La dialectique de la liberté :
.
.
.
Source : France Culture janvier-février 2007.
|
|
Un philosophe de la modernité Le monde de la philosophie contemporaine reconnaît, avec Sir Isaiah Berlin, que Charles Taylor est « l’un des penseurs politiques les plus importants de notre temps ». Exégète des traditions allemande, française et anglo-américaine, familier de leurs poètes autant que de leurs philosophes, Charles Taylor explore depuis 30 ans les sources culturelles et philosophiques qui nourrissent le sens et la valeur que nous donnons à nos vies collectives et individuelles. Philosophe de la modernité, Charles Taylor propose à ses contemporains le défi d’un pluralisme éclairé, soucieux d’intégrer, plutôt que d’opposer, les valeurs contradictoires qui caractérisent nos sociétés modernes : droits individuels chers au libéralisme et aspirations collectives au cœur des mouvements communautaires et nationalistes. Couronné par plusieurs prix, dont celui du meilleur livre en histoire de la philosophie, publié aux États-Unis en 1989, son ouvrage Sources of the Self : The Making of Modern Identity est déjà considéré comme un classique. Préoccupé par la genèse de l’identité moderne, Charles Taylor se penche, entre autres, sur le sens de l’intériorité, sur la place de la vie ordinaire dans les sociétés contemporaines et sur la conception de la nature comme source morale. Une des inspirations majeures de la réflexion de Charles Taylor est de montrer que la philosophie morale contemporaine donne un portrait réducteur et incomplet de la personnalité morale, qu’elle se soucie peu de prendre en considération l’importance des déterminations historiques et des orientations psychologiques. L’histoire et le sens de la vie L’œuvre globale de Charles Taylor est enracinée dans son expérience de la complexité et de l’affrontement des identités canadienne et québécoise. Né à Montréal en 1931, d’un père canadien-anglais et d’une mère canadienne-française et francophile, il constate, dès l’adolescence, à quel point la langue forme l’esprit, permet de comprendre l’autre… ou alors de ne pas le comprendre sans même s’en rendre compte! « Les thèmes qui m’intéressent maintenant, la façon dont je les aborde, résultent directement de cette prise de conscience », précise Charles Taylor. Boursier Rhodes après un baccalauréat en histoire à l’Université McGill, Charles Taylor entreprend à l’Université Oxford des études de philosophie. Le courant de pensée dominant, « un positivisme aride », ne le séduit guère. Cependant, l’obligation de produire une argumentation écrite hebdomadaire, sous la direction d’un tuteur, lui permet « de ne pas être imbibé, de se donner d’autres maîtres, de défendre d’autres points de vue ». Dès lors, jetant des ponts entre l’école anglo-américaine et les traditions allemande et française dont elle s’est coupée, explorant plusieurs sphères de la philosophie – langage, psychologie, éthique, politique –, Charles Taylor développe une interprétation globale, nuancée et ouverte de la modernité et des défis qu’elle pose. Sa thèse de doctorat publiée en 1964, The Explanation of Behavior, attaque de front l’étroitesse des modèles behavioristes et individualistes qui dominent la pensée anglo-saxonne. Dans Interpretation and the Sciences of Man, un classique qui paraît en 1971, puis au fil d’autres articles réunis en 1985 sous le titre Philosophical Papers, Charles Taylor poursuit sa réflexion sur les sociétés modernes. Pour lui, l’être humain ne peut trouver de sens à ses actes et à sa vie que dans la mesure où il agit dans une communauté caractérisée par une culture, des institutions et une langue partagées. Les partisans purs et durs des droits individuels, absolument réfractaires aux biens collectifs, auraient ainsi perdu de vue une dimension fondamentale du libéralisme. L’action et la pensée politiques Charles Taylor est un philosophe politique pour qui « l’engagement est fondamental ». Rentré au Canada en 1961, enthousiasmé par la Révolution tranquille, mais inquiet du désarroi du Canada, il plonge une dizaine d’années en politique active, dans les rangs du Nouveau Parti démocratique. Depuis, Charles Taylor participe à tous les débats constitutionnels, au gré de réflexions et de publications qui tentent de convaincre le Canada anglais de la légitimité du nationalisme québécois et de faire prendre conscience au Québec de l’héritage culturel qu’il partage avec le Canada. En 1975, le philosophe publie un ouvrage fondamental sur Hegel, « le premier qui ait tenté de comprendre son monde à partir d’une genèse de sa pensée. Qui veut faire ça aujourd’hui doit se situer par rapport à lui. » Consacrant sa réputation internationale, l’Université d’Oxford lui offre en 1976 la chaire Chichele en pensée sociale et politique, la plus prestigieuse du genre au Royaume-Uni, qu’il occupera jusqu’en 1981. L’année suivante, Charles Taylor retrouve à l’Université McGill le programme d’enseignement de la pensée politique, dont il avait été le fondateur et l’âme dirigeante au cours des années 70. Réputé comme l’un des meilleurs en Amérique du Nord, le programme attire des étudiants, « parmi les plus brillants », de partout au monde. On y vient en raison de la diversité des cours, mais aussi du magnétisme de ce professeur admiré pour son érudition, pour son art de la discussion philosophique et, surtout, pour une œuvre d’une force et d’une indépendance remarquables. Lauréat de plusieurs prix, sollicité de toutes parts, Charles Taylor est invité dans les plus prestigieuses universités dont celles d’Oxford, de Francfort, d’Harvard ou de Princeton. |
Source : http://www.prixduquebec.gouv.qc.ca/recherche/desclaureat.asp?noLaureat=144