Le mystère du porteur nègre résolu ou : le vélo n’a pas toujours été écolo.

Je me souviens, enfant, de ces films d’aventure africaine où des explorateurs valeureux se frayaient un chemin à coups de machette dans la jungle à la tête de colonnes de porteurs africains. Elles avaient beau être vides – à moins qu’elles eussent contenu du matériel cinématographique – l’énormité de certaines caisses portées à même les "têtes de nègre" nous faisaient admirer la solidité et l’endurance de ces primitifs et ténébreux gaillards. C’est qu’ils étaient par ailleurs un peu niais ces champions du portage. Car c’est souvent pour quelques perles de verre qu’ils acceptaient de s’éloigner de leurs villages et de porter les bagages de touristes blancs un peu plus avides et téméraires que les autres.

S’il y avait un mystère je l’ai résolu hier soir en visitant, après la diffusion sur Arte d’un document sur l’attitude du roi de Belgique Léopold 2 au Congo, un site  sur la colonisation du dit pays.

Les congolais étaient forcés de porter parce qu’on prenait leurs femmes en otage! Les colonisateurs avaient constitué une armée composée d’africains corrompus. Celle-ci prenait en otage les femmes de certains villageois. Ils pouvaient bien entendu "se servir" pendant leur capture. Capricieux et tyranniques les africains ainsi "civilisés" pouvaient à tout moment et au moindre prétexte, fouetter, couper des mains, éventrer… Les porteurs étaient terrorisés à l’idée de ce qui pouvaient arriver à leur(s) femme(s) et à leurs enfants dans le cas où ils n’obéiraient pas scrupuleusement aux ordres des civilisateurs.

Voilà un mystère résolu après tant d’années de contemplation naïve de cohortes de porteurs athlétiques et souvent sympathiques.

Le but? Léopold 2 avait une obsession : le caoutchouc. Il a fait fortune et a grossi le trésor de la Belgique grâce au travail forcé de milliers de congolais : celui qui ne rapportait pas 10 kg de caoutchouc brut par jour pouvait être tué ou avoir la main droite coupée.

Les inventions pré-concentrationnaires de ce Léopold – tête sartrienne de beau salaud à grande barbe blanche – a permis le décollage de l’industrie naissante de la bicyclette et de l’automobile. On s’attendrit aujourd’hui à juste titre sur le doux vélo. A ses débuts les pneumatiques qui ont permis de le populariser ont été fabriqués à partir d’un cahoutchouc récolté par des "sauvages" sur lesquels on a exercé les pires violences : fouet, torture, mutilation, viol, éventration, émasculation, décapitation etc.

Les blancs allaient batiffoler dans la campagne en enfourchant des deux roues chaussées du sang et de la chair martyrisée des africains. La civilisation quoi!

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