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Le motif du désabritement, qu’incarnent exemplairement les ouvriers sans papiers, a une portée politique plus vaste encore, dont l’analyse exhaustive tend à annoncer qu’en effet il se pourrait que nous soyons tous appelés à devenir, à quelque tournant imminent de l’histoire contemporaine, des parias. Songeons à ce qu’on appelle les "délocalisations". Elles pointent exactement ce qui va de toute nécessité arriver à une majorité de travailleurs manuels, ce qu’on appelait naguère encore le prolétariat, français de "souche" ou autres. La délocalisation est la procédure, incolore et indolore, du capitalisme avancé pour mettre, sans justification, quelqu’un au ban, sous le seul prétexte qu’il travaille manuellement.
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Aujourd’hui il n’est que trop facile de voir à quoi nous devons nous attendre : l’imposition de critères raciaux pour le travail manuel lui-même : où on s’entendra enfin sur les "délocalisations".
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Mehdi Belhaj Kacem