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Dix ans avant la parution de l’ouvrage d’Emmanuel Faye – Heidegger, l’introduction du nazisme dans la philosophie – et qui plus est chez Descartes & Cie, paraissait Heidegger rediscuté de François Guery. « Rediscuté » est au reste un bien grand mot pour un commentaire trés académique.
Mais voici comment l’auteur tente d’intimider le lecteur : » … en faisant de Heidegger (…) un « nazi », on donnerait, si c’était vrai, un grand philosophe à l’Allemagne en un temps où elle les persécutait au même titre que les savants et les artistes. » (Page 7 de l’avant-propos).
Que signifie tout d’abord « en faisant… »? Heidegger est nazi, est un nazi et j’écris le mot sans aucun guillemet. C’est donc à voir s’il reste alors un philosophe, ce que je crois d’autant moins que Heidegger lui-même n’aimait pas la philosophie. C’est aussi sa manière de « se faire » nazi.
Guery laisse penser que c’est impossible, que Heidegger ne peut pas être nazi. Si nous en « faisions » un nazi, « si c’était vrai » (F. Guery) alors nous donnerions un « grand philosophe » à l’Allemagne nazie.
Bref, si nous pensions que cette impossibilité n’est qu’un leurre, alors il nous faudrait accepter que l’Allemagne nazie a eu, a encore son « grand philosophe ». Avec toutes les conséquences qu’on peut imaginer.
Bref, il ne faut donc pas que Heidegger soit nazi. Pour ne pas « faire » de lui un grand philosophe nazi par conséquent complice de la persécution qui a frappé philosophes, savants et artistes.
A ce propos Guery déraille lamentablement.
1. Heidegger n’a précisément pas été persécuté. Il a fait partie des persécuteurs.
2. De nombreux savants, et non des moindres, ont fait le jeu de la doctrine hitlérienne.
3. Beaucoup d’artistes ont effectivement fui l’Allemagne ou ont été persécutés. Mais elle a aussi tenté de « faire » ses artistes à elle. Par exemple Leni Riefenstahl ou l’ancienne compagne de Fritz Lang (von Harbou). Pensons aussi au sculpteur Arno Brecker et à l’architecte Albert Speer. Même en France ils ont toujours leurs défenseurs, ils sont toujours des « artistes ».
J’ai établi en toute certitude qu’un grand nombre de thèses heideggériennes étaient « nazo-compatibles » avec les propres appels de Heidegger en faveur de « l’extermination totale ».
Reste donc à savoir si nous tenons encore à être dupes d’une présence « philosophique » de l’hitlérisme au coeur même de la philosophie.
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