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Notre printemps est manqué. Mais peut-être cet enlisement de toute générosité et de tout héroïsme créateur tient-il à une grande loi métaphysique qui, si elle permet par instants à l’homme d’atteindre le sommet de lui-même, lui interdit de s’y tenir? Bien des printemps se trament encore dans les sillons et dans les arbres; à nous de savoir les préparer à travers de nouvelles luttes et de nouvelles épreuves.
Vladimir Jankélévitch en 1948. (1948, 1968, 2008…)
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Précision :
La France a manqué en 1944 sa plus grande chance de renouvellement et de rajeunissement. Dans ces journées uniques tout était possible; nous nous étions promis alors que tout serait neuf et vrai, que tout recommencerait depuis le début, comme si Vichy-la-Honte et ses polissons affreux n’avaient jamais existé, que ce gai matin de la Libération serait notre deuxième naissance, que le gazon pousserait sur la sépulture de l’ignoble passé. Or, nous n’avons pas commencé cette nouvelle vie que l’insurrection nationale nous promettait; pour la première fois peut-être dans notre histoire, la France miraculeusement rescapée n’a pas renié le régime qui avait fait du consentement à sa défaite, de la joie de sa défaite, de l’organisation et de l’exploitation politique de la défaite, de l’empressement à utiliser cette défaite pour liquider la République, sa raison d’être et son principal titre de gloire. (V. Jankélévitch. Dans l’honneur et la dignité in L’imprescriptible. )
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