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C’est une question qui serait à approfondir que celle des rapports politiques que le mouvement völkisch – dont Heidegger en aura été le secrétaire philosophique prestigieux – a entretenu avec le christianisme.
La jeunesse allemande avait d’abord de quoi se plaindre d’une « gestion des corps » répressive. La « rationalité irrationnelle » du capitalisme en l’espèce du couple formé par la discipline de travail et le chômage, et qui plus est propice aux projets révolutionnaires d’extrême-gauche, n’a certainement pas peu contribué à la cristallisation du mouvement et à sa métamorphose hitlérienne.
Il me semble pourtant que le point essentiel tourne autour de la question des droits de l’homme. Ce n’est pas sans raison que la version originale de Mein Kampf, d’Hitler, désignait la France comme faisant partie des « ennemis principaux ». La Révolution française, par sa déclaration liminaire, avait donné une forme laïque et ouverte aux aspirations chrétiennes à l’égalité.
Or la sensibilité völkisch a l’égalité en aversion. Elle a des rêves d’esclavagisme mais, surtout, craint par dessus tout le raz-de-marée démographico-démocratique. Elle a entendu Oswald Spengler. Elle s’accepte donc, au nom de valeurs culturelles supérieures – le génie allemand, l’Etre … – comme disposition criminelle et tueuse. Il fallait doubler le christianisme, par exemple en exploitant aussi la judéophobie chrétienne, afin de faire obstacle à la diffusion aux aspirations reconnues par les droits de l’homme.
Le meurtre de masse d’état, l’esclavagisme sont précisément les « cibles » des droits de l’homme. Le mouvement völkisch, en promouvant une religiosité païenne, était destiné à saper toute autorité chrétienne qui rejoindrait le mouvement en faveur des droits de l’homme.
L’église s’est depuis ressaisie et tente de parer aux catastrophes à venir en mettant en avant les droits de l’homme. Que vaudra sa parole, et celle de tous les hommes de bonne volonté, face aux guerres déjà en cours pour le pétrole, l’eau, les terres cultivables?.. La Birmanie est en ce moment même, méga-cyclone aidant, transformée en camp de concentration.
Quant à Heidegger : Etre et temps est le mouvement völkisch porté à la dignité de texte philosophique. La Lettre sur l’humanisme, moins de 20 plus tard et alors qu’Auschwitz vient à peine de refermer ses portes, est fondamentalement l’expression du refus des attendus du procès de Nüremberg. Le texte renverse sournoisement, à pas feutrés, le procès lui-même : ce sont les bourreaux qui sont les innocents. On connaît la chanson. Nous aurons encore à l’entendre.
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