Heidegger : indigence de Paris4philo

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Il n’est pas si aisé qu’on veut bien le dire de « faire le con », de jouer l’abruti surtout pour défendre un mythe de plus en plus chancelant. Le site heideggérien de Paris4philo se débrouille quant à lui très bien. Bravo! (Ce site surveille au reste de très près les activités du phiblogZophe. Il n’hésite pas à parler en « chinois » : il y a une « clique » Emmanuel Faye et Skildy, votre serviteur, est taxé de « débile ».)

Lisons ceci et réjouissons-nous :

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Avec cette dernière citation du Discours s’évanouissent tous les soupçons de nazisme : rien n’est moins nazi en effet que de dire que le « guide », c’est-à-dire le Führer auquel Heidegger fait allusion ici, a le devoir de laisser au peuple sa liberté : « Diriger implique en tout état de cause que ne soit jamais refusé à ceux qui suivent le libre usage de leur force. Or suivre comporte en soi la résistance. Cet antagonisme essentiel entre diriger et suivre, il n’est permis ni de l’atténuer ni surtout de l’éteindre. » M. Heidegger, Ecrits politiques, Gallimard p. 109.
 

1. Que signifie, sur un site de philosophie, l’expression « s’évanouissent tous les soupçons de nazisme »?

2. On nous dit : « rien n’est moins nazi en effet que de dire que le « guide », c’est-à-dire le Führer auquel Heidegger fait allusion ici, a le devoir de laisser au peuple sa liberté »?

* Tout d’abord la liberté dont il s’agit n’a rien à voir avec une liberté ayant valeur universelle. Le mot liberté, quand il est un mot nazi, signifie en réalité souveraineté inconditionnelle du peuple, souveraineté affirmée contre toute limitation imposée par la « loi ». En vertu de ce sens nazi du mot liberté Hitler peut se présenter comme un libérateur. Les lois antisémites de Nüremberg se présentent comme des lois de libération du Volk enraciné dans sa terre et qu’aliène tout d’abord le cosmopolitisme.

* Le texte de Heidegger est au reste très clair : il s’agit bien d’un « libre usage de [la] force« . Autrement dit la liberté que doit entendre le guide, et ce guide ne demande que cela, est en réalité la liberté d’exterminer l’ennemi intérieur.

* Le mot de résistance n’a ici aucun sens résistanciel au sens habituel. Le peuple heideggérien a vocation a prendre une « ultime décision », à prendre un « tournant », à oeuvrer à un « commencement originaire ». Le peuple heideggérien est ontologiquement antisémite et meurtrier. Et s’il doit résister c’est contre tous ceux, notamment contre certains représentants des églises, qui s’opposeraient à cette liberté d’exterminer.

* En réalité Heidegger offre philosophiquement à Hitler la notion d’un peuple libre de tout interdit de meurtre et destiné à résister à tous ceux qui tenteraient de s’interposer, qu’ils soient des « nazimous », des sociaux-démocrates, des internationalistes ou des chrétiens (lesquels, quand bien même auraient-ils des sentiments antisémites, trouveraient inacceptable et monstrueux le projet d’extermination).

* Au moment du discours Heidegger a de fait le soutien des étudiants nazis les plus radicaux. Ils représentent « l’avant-garde » d’un peuple libre de tuer et résistant à toute limitation de ce droit. Par son ontopolitique Heidegger a sacralisé ce droit. Telle est l’abomination de la politique heideggérienne.

* La liberté dont parle Heidegger est celle qui mettra au point l’industrie d’Auschwitz. Heidegger et sa garde rapprochée ne demandent que cela. Ils bouillent en réalité d’impatience et doivent « résister » à l’apathie confuse de la gestion SA du Volk, à l’antisémitisme sale de la rue. Les heideggériens d’alors veulent un antisémitisme propre, « ontologique ». Il sera celui des listes, des rafles, des déportations en train de marchandises, des camps, des chambres à gaz, des fosses qu’on ouvre à nouveau pour détruire les cadavres.

*J’affirme même que, pour Heidegger, cette solution finale n’était que la solution finale inaugurale d’un vaste plan de « différenciation ontologique » du monde placé dans la « garde » ou la « guise » de la SS ontologique. Lorsque, dans le Spiegel, il dénoncera l’indigence des dirigeants nazis, c’est pour leur reprocher de n’avoir pas su exterminer ontologiquement, proprement, « appropriamment » au moins jusqu’à Moscou. Telle est l’utopie nazie heideggérienne, utopie qu’il est heureux qu’Heidegger ait formulée contre la philosophie elle-même. 

* Skildy « débile », c’est Skildy « philosophe », sélectionné avec ce mélange d’attention et de « bonne franquette » propre à Paris4philo.

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8 commentaires

  1. « votre serviteur, est taxé de “débile”. »

    Je vous rassure de suite, c’est mérité… Mais au sens « résistanciel ». :’D

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    Si je vous ai bien compris vous admettez que « débile » est une catégorie de la

    « sélection » que Paris4philo exerce à l’encontre de ses correspondants?

    Cela a beau être verbal cela n’est pas sans être inquiétant. C’est un mot qui désigne

    ceux qui refusent la logique de la sélection des plus forts par tous les moyens. Le mot veut dire en réalité : « exterminable ».

    Sk

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  2. Que vous ne laissiez pas à Heidegger le bénéfice du doute est une chose. Que vous le « chargiez » systématiquement, usant au besoin de méthodes herméneutiques très discutables, dont l’inférence abusive, me paraît beaucoup plus gênant, même si votre engagement est sincère.

    _________________

    Mais Heidegger est lui-même dans la croyance! Et la croyance en un hitlérisme radical!

    Ce dont doute Heidegger c’est de la capacité des « nazimous » à réaliser le « tournant », à prendre

    la « désicion ultime ». C’est très clair. Et ma méthode herméneutique n’a rien de forcé.

    Comment peut-on, à la lecture de La logique… continuer à répandre la « calomnie » d’un Heidegger

    résistant spirituellement au nazisme? Il ne résiste, avec sa garde d’étudiants radicaux, qu’aux « nazimous »!

    Sk

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  3. Eh bien, le monde de la philosophie est un veritable champ de bataille ! Cette sale guerre peut tout de même nuire à l’ensemble et mener à une catastrophe générale.

    Au fait, quel est le mot nazi qui désignait tout ces hommes et femmes handicapés qui furent gazés pendant la guerre ? Les débiles je crois…

    Bref le philblo a bien du courage …

    Et pour finir, petite colle au détracteur : pourquoi le skildy s’entete à la démonstration du nazisme heideggerien sur un blog visité par des dizaines tout les jours, sans aucun lien promotionel vers un quelconque bouquin qui lui rapporterait un quelconque fric ? Sa légitimité n’est elle pas si claire ?

    Par contre, pourquoi tant de détracteur s’attardent à poster des commentaires insultant et inutiles contre son engagement ? Là, la réponse est assez effrayante…

    A méditer…

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  4. Bonjour,

    Citation:
    « Diriger implique en tout état de cause que ne soit jamais refusé à ceux qui suivent le libre usage de leur force. »
    […]
    * Le texte de Heidegger est au reste très clair : il s’agit bien d’un “libre usage de [la] force“. Autrement dit la liberté que doit entendre le guide, et ce guide ne demande que cela, est en réalité la liberté d’exterminer l’ennemi intérieur. »

    Je croyais que c’était un blog sérieux-. Mais en fait, en lisant votre analyse j’ai vite compris qu’il s’agit en fait d’un blog humoristique. C’était une blague n’est-ce pas?
    A voir la date, vous prépariez un bon gros poisson d’avril.
    En tout cas vous m’avez bien fait rire. J’ai failli marcher…

    Bonne Continuation.

    ____________________

    Réponse de Skildy :

    Quand je parle de l’ « extermination de l’ennemi intérieur » je fais référence à des textes commentés par E. Faye. Ce n’est, hélas, pas un poisson d’avril. Lisez Heidegger, une introduction du nazisme dans la philosophie.

    Extrait : « L’ennemi est celui-là, est tout un chacun qui fait planer une menace essentielle contre l’existence du peuple et de ses membres. L’ennemi n’est pas nécessairement l’ennemi extérieur, et l’ennemi extérieur n’est pas nécessairement le plus dangereux. (…) L’ennemi peut s’être enté sur la racine la plus intérieure de l’existence d’un peuple, et s’opposer à l’essence propre de celui-ci, agir contre lui. D’autant plus acéré, et dur, et difficile est alors le combat, car seule une partie infime de celui-ci consiste en frappe réciproque; il est souvent bien plus difficile et laborieux de repérer l’ennemi en tant que tel, de le conduire à se démasquer, de ne pas se faire d’illusions sur son compte, de se tenir prêt à l’attaque, de cultiver et d’accroître la disponibilité constante et d’initier l’attaque depuis le long terme, avec pour but l’extermination totale. »

    Et cela se lit dans un cours de 1933/34.

    Référence : Heidegger, une introduction du nazisme dans la philosophie, page 382.

    Cordialement,

    PhiblogZophe

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  5. Le phiblogZophe publie ce commentaire comme exemple de « noyage de poisson », de brouillage de piste, de falsification et d’excuse. C’est vomitif de voir Nietzsche enrôlé par Guest pour faire disparaître le « concept » d’ennemi intérieur.

    Surtout, selon l’auteur du commentaire, le grand philosophe Heidegger apparaît au moins comme un imbécile. Monsieur Tallane nous joue l’air bien connu et recuit du « on ne savait pas » et camoufle le projet antisémite hitlérien derrière la peur du communisme.

    _______________________________________________

    En effet, cela étant la citation est sans contexte, donnant seulement celui que Faye veut lui donner. Or, à mon sens, la moindre des choses serait d’exprimer ce qu’il en est du texte d’où il est tiré, c’est à dire le sens de ce passage par rapport à la pensée à l’oeuvre. De sorte que le procédé me semble quelques peu soupçonneux. Non pas que je prenne pas son travail au sérieux d’un point de vue documentaire (il a ressorti des textes inédits), mais que le procédé d’interprétation induit la falsification. Ce procédé joue essentiellement sur les sentiments et non sur la raison. Ce que je trouve dommage.

    Il y avait eu une réponse de la part de G. Guest sur le sujet:
    « Mais pour peu que l’on s’y rapporte pour en juger par soi-même, on ne manque pas de s’apercevoir : qu’il s’agit là d’une interprétation du célèbre fragment d’Héraclite sur le « polémos », donc de la « guerre » — « der Krieg » — ou du « combat » — « der Kampf » —, conçus comme le rapport de fond (« ontologique ») de l’homme « au monde », à « l’étant dans son ensemble » et « à l’Être » ; et qu’il s’y agit plus particulièrement du « peuple grec » dans son rapport immémorial d’intime « confrontation » avec l’élément «asiatique» : « das Asiatische » ; que la « souche originairement germanique », dont il est effectivement question dans le Cours, n’est donc autre que celle du « fonds » historique et culturel (et non pas « racial ») «indoeuropéen» à l’égard dudit « élément asiatique » ; enfin : qu’il s’agit là, en dernière instance, de l’intense, féconde et inépuisable opposition discernée par Nietzsche au coeur même du classicisme grec, dans son Origine de la tragédie, entre l’élément « apollinien » et l’élément « dionysiaque »… Ce dont Emmanuel Faye se garde bien de rendre compte, préférant visiblement orienter son lecteur en direction de tout autres associations d’idées… »

    Et en effet, si le texte est mis sans le contexte qui lui donne un sens, alors cela pose une grave lacune quant à la méthodologie de Faye.
    D’ailleurs, l’interprétation sur « l’extermination totalt »qui laissait entendre un appel à l’extermination des Juifs en 1933-34 est une aberration historique.

    C’est l’époque où Hitler se faisait passer pour un saint, tentant de faire oublier son livre haineux « Mein Kampf » en faisant une grande campagne de paix. En préparant aussi les jeux olympiques… Le petit dictateur moustachu (qui cachait biens on jeu) était encore acclamé par la plupart des pays Européens, qui y voyaient un gage d’ordre intérieur et de paix européenne (étant donnée que cela se passait après 14-18, et qu’on craignait l’expansion de la révolution bolchevique). Après la révolution russe, la montée du communisme était la principale terreur européenne. De sorte que lorsque les communistes. Ce n’est pas seulement l’Allemagne qui est tombé dans le piège Nazi, c’était l’Europe toute entière.

    « Avant toute chose, le souci de Hitler paraît être d’apaiser, à l’intérieur et à l’extérieur, les craintes que son accession au pouvoir pouvaient susciter. Il semble avoir d’emblée abandonné les revendications sociales de son parti. (…) La Bourse de Berlin a, aujourd’hui, été ferme, parce qu’elle a confiance dans Hitler assagi. Les israélites allemands, de leur côté, ont des raisons d’espérer que le tribun devenu chancelier les ménagera dans ses actes plus qu’il ne les a ménagés dans ses discours. Il ne les expulsera pas, ne les mettra plus hors la loi, mais se bornera sans doute à un certain antisémitisme fiscal consistant à surtaxer les grands magasins.
    Envers le Reichstag, c’est sans doute aussi une politique de calme qu’il voudra pratiquer. Certes, de nouvelles élections survenant aussitôt après l’avènement d’hier, seraient, selon toutes vraisemblance, favorables à Hitler. Son prestige personnel est, pour le moment, accru. J’ai moi-même entendu un certain nombre de gens, qui ne sont pas nationaux-socialistes, dire aujourd’hui : «Après tout, pourquoi pas ? Pourquoi ne pas tenter cette expérience ?» »
    (Le Petit Journal, 1er février 1933)

    Tou cela pour dire sur Heidegger il serait dans un souci de rigueur, non seulement il faut prendre en compte le contexte du cours en lui même, mais en plus qu’il y a un contexte Historique dans lequel cela prend place. Car jouer sur les sentiments, la fabrication de « monstres moraux », n’a jamais permis de comprendre…

    En tout cas bonne continuation.

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    1. Heidegger reprend à son compte et pour le peuple allemand qui parle la « langue de l’Être » (seul après les grecs) le conflit du peuple grec contre l’asiatique qui à son époque était une désignation courante pour les « nomades sémites » soit le Juif. De plus Héraclite ne parle pas « d’extermination totale »… Le recommencement originel qu’appel Heidegger pour le peuple allemand est celui de l’aube de la pensée grecque, celle oraculaire des pré-socratiques, les « maîtres de vérité ». Et pour ça il faut commencer par détruire (Destruktion et non uniquement déconstruire…) tout ce qui a eu lieu entre temps : judaïsme, christianisme, humanisme, rationalité, sciences « calculantes », libéralisme et démocratie, socialisme etc. Le Juif étant, dans son esprit malade, associé à tout ça, je vous laisse deviner la suite… C’est si difficile à comprendre ?
      (réponse tardive mais qui servira à ceux qui découvre ce blog).

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  6. Faye est, contrairement aux heideggeriens, un universitaire honnête qui n’extrait pas un passage pour lui faire dire ce qu’il veut. D’autant moins que Guest et Cie peuvent aller vérifier à la source. Cette « réponse » de Guest à Faye est parfaitement ridicule et d’une malhonnêteté habituelle chez les heideggeriens.

    Ainsi Heidegger ne ferait que « commenter » le fragment d’Héraclite sur le «polémos»… voici ce fragment :

    – La guerre est le père de toutes choses et le roi de toutes choses : de
    quelques-uns il a fait des dieux, de quelques-uns des hommes ; de
    quelques-uns des esclaves, de quelques-uns des libres.

    Peut-on savoir où Heidegger voit-il qu’Héraclite nous parlerait d’un « ennemi intérieur…enté sur la racine la plus intérieure de l’existence d’un peuple » qu’il faudrait combattre « avec pour but l’extermination totale » ?

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