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L’heideggérien misosophe, qui se présente souvent comme philosophe, est un lecteur de Heidegger qui, au lieu d’être inquiété – étonné! – par la dimension nazie de son auteur s’efforce d’en limiter l’étendue et la signification.
La situation est particulièrement étrange en philo-sophie. Certains ont beau protesté du fait que le dépassement heideggérien de la philosophie n’est nullement une liquidation de celle-ci, ils semblent y trouver la justification du refus de faire du nazisme heideggérien un objet de recherche. Ils partent le plus souvent du principe que le nazisme étant une monstruosité, Heidegger n’a pu que s’égarer – on parle de période noire, de période nazie – et qu’en conséquence, une fois supposé bien circonscrit cet égarement, on se doit de transmettre le Heidegger « désenchanté ». Quelques heideggériens vont même jusqu’à prêter à Heidegger, dans le moment même d’égarement, une attitude de résistance spirituelle. D’autres encore jurent que Heidegger, en démissionnant du rectorat en 1934, aurait rompu avec le nazisme et en serait devenu un « critique ».
Très difficile à justifier, et même ridicule, la thèse du résistant spirituel a pour elle de tenir Heidegger entièrement « hors d’affaire »; de le maintenir dans la catégorie plus présentable des conservateurs.
Mais il suffit qu’on puisse parler d’une « période nazie » pour qu’il soit absolument et légitime et nécessaire de se demander si un auteur de la solidité de Heidegger n’a pas étendu cette « période nazie » sous des formes moins évidentes.
C’est pourquoi l’hypothèse philo-sophique – et anti-misosophique – est que Heidegger ne se serait dégagé d’une « période nazie » – rectorat, appel en faveur d’Hitler, textes favorables au régime… – que pour oeuvrer à une introduction du nazisme dans la philosophie.
Et le fait même qu’on puisse parler de Heidegger comme d’un auteur honorable prouve au moins la possibilité de cette introduction.
C’est donc aussi pourquoi la recherche sur les modalités heideggériennes d’un nazisme invisilible, mais non moins présent, est indispensable et nécessaire.
Il serait particulièrement naïf de croire qu’un virtuose en logos comme Heidegger, et qui aurait eu une « période nazie », n’aurait pas au moins tenté de faire du nazisme autre chose qu’une sorte d’aventure sans lendemain.
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à lire sur le sujet, le texte de Jean-Pierre Faye mis en ligne sur le site du dit « Parlement des philosophes » :
Cliquer pour accéder à pactefaustienApologiedeSocrate.pdf
JV.
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